POÉSIES


POÉSIES



LA PREMIÈRE AUBÉPINE


Il faisait frais encor, je ne m’attendais pas,
Aubépine adorable,
A voir se balancer à l’entour de mes pas
Ton ombre sur le sable,

Mais j’ai levé la tête, et ta sublime odeur
Sur mon front s’abandonne.
Juliette n’a pas plus d’amour dans le cœur
Au verger de Vérone.

Je tremble, je m’arrête et je te tends les bras,
Vanille sur la branche !
Est-ce donc cette fois que ta langueur fera
Mourir mon corps qui penche ?

Hélas ! on n’est jamais averti contre vous,
On ne peut se défendre,
Quelles armes prend-on contre un parfum si doux
Dont le cœur va se fendre ?

Et vous avez l’air bon, simple, calme, ingénu,
Attirant les abeilles ;
On ne peut soupçonner qu’un calice ténu
Ait des forces pareilles.

Se peut-il, chère fleur, que vous vous complaisiez
A ce jeu qui transperce ?
Que n’ai-je sur mon cœur un bouclier d’osier,
Comme un soldat de Perse !

Inépuisable odeur, qui nous lie et nous tient
Jusqu’à ce qu’on se pâme,
Il n’est pas de plus doux et de pire entretien
Que d’écouter votre âme.

Ah ! les dieux soient loués ! Vous allez défleurir,
Car les jours se dépêchent…
Mais l’Amour a déjà, de vos mortels soupirs,
Enduit ses dures floches !


MATIN DANS L’ILE-DE-FRANCE


Ah ! c’est un si petit matin terne et charmant,
Un matin de ciel bas, couleur d’eau, de platine,
Les nuages sont comme un attendrissement
Posé sur la douceur de la terre latine.

L’eau d’arrosage, avec sa vapeur de cristal,
Baigne dans le jardin la pelouse jaunie,
Et fait, sous le ciel gris, le bruit oriental
Des jets d’eau dans la cour d’un palais d’Albanie.

Les vifs hortensias avancent mollement
Leurs lourds paquets de fleurs en rose porcelaine,
Ah ! c’est un jour si bon ! c’est un si doux moment !
C’est tant d’espoir dans l’air, sur les eaux, sur la plaine,

Et l’on est tout à coup heureux comme à neuf ans,
On rit près d’un massif de fleurs tièdes et lisses,
On est soi-même abeille, aurore, brise, vent,
On est un cœur qui va jusqu’au fond des calices,

On est un corps avec des antennes de miel,
Une âme avec des feux, des ailes, des pétales,
On est tout l’Univers enivré sous le ciel…
Mais un jour, ce sommeil dans la terre natale !


ENFANCE ORIENTALE


J’ai vu Constantinople étant petite fille,
Je m’en souviens un peu.
Je me souviens d’un vase où la myrrhe grésille,
Et d’un minaret bleu.

Je me souviens d’un soir aux Eaux-Douces d’Asie ;
Soir si traînant, si mou,
Que déjà, comme un chaud serpent, la Poésie
S’enroulait à mon cou.

Une barque passa, pleine de friandises,
O parfums balancés !
Des marchands nous tendaient des pâtes de cerises
Et des cédrats glacés.

Une vieille faisait cuire des aubergines
Sur l’herbe, sous un toit,
Le ciel du soir était plus beau qu’on n’imagine,
J’avais pitié de moi.

Et puis j’ai vu, cerné d’arbres et de fontaines,
Un palais rond et frais,
Des salons où luisaient une étoile d’ébène
Au milieu des parquets.

Un lustre clair tintait au plafond de la salle
Quand ou marchait trop fort ;
J’étais ivre d’ardeur, de pourpre orientale,
Mais j’attendais encor.

J’attendais le bonheur que les petites filles
Rêvent si fortement,
Quand l’odeur du benjoin et des vertes vanilles
Evoque un jeune amant ;

Je cherchais quelle aimable et soudaine aventure,
Quel enfantin vizir
Dans ce palais plus tendre et frais que la Nature
Allait me retenir.

Ah ! si, tiède d’azur, la terre occidentale
Est paisible en été,
Les langoureux trésors que l’Orient étale
Brûlent de volupté.

O colliers de coraux, ô nacres en losanges,
O senteurs des bazars ;
Vergers sur le Bosphore, où des raisins étranges
Sont roses comme un fard !

Vie indolente et chaude, amoureuse et farouche,
Où tout le jour l’on dort,
Où la nuit les désirs sont des chiens, dont la bouche
Se provoque et se mord.

Figuiers d’Arnaout-keuï, azur qui luit et tremble,
Monotone langueur
De contempler sans trêve un horizon qui semble
Consacré au bonheur.

Hélas ! pourquoi faut-il que les beaux paysages
De rayons embrasés,
Penchent si fortement les mains et les visages
Vers les mortels baisers ?

Tombes où des turbans coiffent les blanches pierres,
O Morts qui sommeillez,
Ce n’est pas le repos, la douceur, les prières
Que vous nous conseillez !

Vous nous dites : « Vivez, ce que contient le monde
De sucs délicieux,
On le boit à la coupe émouvante et profonde
Des lèvres et des yeux.

« La beauté du ciel turc, des cyprès, des murailles,
Nul ne peut l’enfermer,
Mais le bel univers se répand et tressaille
Dans des regards pâmés.

« L’immense odeur du musc, du cèdre et de la rose..
Glisse comme le vent ;
Mais l’Amour, de ses doigts divins, la recompose
Au creux d’un chaud divan.

« Sainte-Sophie avec ses forêts de lumière
Et ses bosquets d’encens
Se laisse contempler et toucher tout entière
Sur un corps languissant. »

Hélas ! je vous entends, morts de la terre chaude,
Vous me brûlez les os !
Depuis mes premiers ans, toute mon âme rôde
Auprès de vos tombeaux ;

J’étais faite pour vivre au bord de l’eau profane,
Sous le soleil pressant,
Consacrant chaque soir à la jeune Diane
La Ville du Croissant.

J’étais faite pour vivre en mangeant des pignolles,
Sous le frêle prunier
Où Xanthé préparait, enfant joueuse et molle,
Le cœur d’André Chénier.

J’étais faite pour vivre en ces voiles de soie
Et sous ces colliers verts
Qui serrent faiblement, qui couvrent et qui noient
Des bras toujours ouverts.

La douce perfidie et la ruse subtile
Auraient conduit mes jeux
Dans les jardins secrets où l’ardeur juvénile
Jette un soupir joyeux.

On n’aurait jamais su ma peine ou mon délire,
Je n’aurais pas chanté,
J’aurais tenu sur moi comme une grande lyre
Les soleils de l’été ;

Peut-être que ma longue et profonde tristesse
Qui va priant, criant,
N’est que ce dur besoin, qui m’afflige et m’oppresse,
De vivre en Orient !…


UN JARDIN


Petit jardin avec un poivrier
Assis en France auprès de l’Italie,
Je pense aux jours où vous m’enivriez
D’azur, de rêve et de mélancolie !

Comme le soir vous jetiez sur mon cœur
L’amer parfum des lis, des bigarades,
Quand je marchais en repoussant l’odeur,
Qui revenait comme un flot dans la rade.

Au cercle étroit d’un bassin rond et gris
L’eau s’endormait, petite eau qui se rouille ;
Et j’entendais monter jusqu’à mon lit
Le chant profond et triste des grenouilles.

Je me levais, je voyais le jardin ;
Les beaux cailloux avec leur cœur de pierre
Gisaient en paix sous le ciel argentin,
L’arbre indolent semblait être en prière ;

Les frais parfums s’amoncelaient sur moi,
Tout me disait : « Tu vois, la vie est calme,
Sois comme l’eau, comme le puits étroit,
Comme le lis qui luit, comme la palme… »

Mais rien ne peut nous consoler, les nuits
Où le cœur veut tout ce qu’il imagine.
Vous m’avez fait bien des divins ennuis,
Petit jardin avec des mandarines…


LA MAISON DE SYLVIE A CHANTILLY


Après la longue allée où l’Été vert s’élance,
Voici, frappés des flots du rêve et du silence,
La maison, la terrasse et les étangs voisins…
— O Sylvie aux yeux noirs, Félice des Ursins,
C’est ici que sur l’herbe ou dans la salle ronde
Vous avez vu passer aussi les jours du monde !
C’est ici que, songeuse ou triste comme nous,
Vous laissiez s’alanguir vos mains sur vos genoux ;
C’est ici que parfois sensible et pathétique
Pour un peu de parfum, de vent ou de musique,
Vous éprouviez ce mal, ce bien, ce chaud, ce froid,
Ce besoin d’échapper à votre corps étroit,
Qu’ont sur toute la terre, au soir, les jeunes femmes…
L’air charmant fut sur vous comme il est sur nos âmes.
Vous eûtes quelquefois, dans ces chemins dolens,
L’ennui divin des jours trop chauds, des soirs trop lents,
Vous alliez, vous veniez, vous repoussiez la porte.
Vous êtes comme moi, quoique vous soyez morte ;
Si vous vouliez venir je vous reconnaîtrais.
Venez, je vous tendrais les bras, je vous dirais,
Rassurant de ma voix vos surprises extrêmes,
Des mots par qui les cœurs, en tout temps, sont les mêmes ;
Je parlerais du soir, des fleurs et de l’étang,
Du bonheur qui n’est plus, de celui qu’on attend,
Des poètes qui font, par leur désir divin,
Notre passage ardent sur la terre, moins vain.

vous sourirez alors, songeant à Théophile…

Mais déjà, vers l’ouest, le soir vient sur la ville
Vous êtes morte, hélas ! je n’ai pas ce repos.
Un sang de rose pourpre erre autour de mes os,
Le plaisir, plus semblable aux larmes qu’à la joie,
M’isole de langueur, me recouvre et me noie.
Ce qui n’est plus n’est plus, pour moi comme pour vous
Tout mon jeune passé fait trembler mes genoux.
Et sous le vert arceau chargé de clématites,
Je songe au temps, Sylvie, où nous étions petites
— Pourquoi voulais-je voir ta rêveuse maison
Qui m’emplit de soupirs, de peur, de pâmoison
De cette déchirante et perfide espérance
De retrouver enfin les bonheurs de l’enfance ;
— Comme vous agissez sur notre cœur, soudain,
Humble terrasse. avec des chaises de jardin.


LE VALLON DE LAMARTINE


C’est de la joie et de la joie.
L’arbre s’étend, le ciel se noie
Dans son calice bienheureux.
Ce bonheur vert ! Ce bonheur bleu !
Soupirs de la terre enivrée.
Toute la plaine est affairée ;
Des essaims de guêpes en feu
Viennent et vont, vives, légères,
C’est une ivresse ménagère ;
Que de combats pressés, stridens,
Il semble que de fines dents
Mordent tout le luisant herbage ;
Quelle ardeur, quel feu, quelle rage !
C’est un chant si vibrant, si long,
C’est comme un brûlant violon
Où le soleil appuie et ploie
Son bel archet de jaune soie.
L’Univers se double dans l’eau,
Que tout est clair ! Que tout est beau !
— Douce touffe d’herbe amoureuse
Qu’un papillon écarte et creuse,

Sureaux aux parfums framboises
Par le vent du matin baisés,
Fleur frêle qu’un insecte incline,
Chaude cigale cymbaline
Qui dans la molle ardeur du pré
Fait retentir un chant cuivré ;
Les parasols de l’angélique
Protègent du soleil oblique
La scabieuse qui brûlait
Sa houppe de miel violet.
C’est une odeur partout éclose
De sucre, de poivre, de rose,
De pampre, de lin, de gruau…
— Le Vallon, entre ses coteaux
Que parfument de molles menthes,
Comme un vase aux parois charmantes
Contient la liquide douceur
De cent petites sources sœurs.
On entend bruire la course
De ces joyeuses, folles sources !
Où allez-vous vous dirigeant,
Petites sirènes d’argent,
En quittant les sommets limpides
D’où vos blanches eaux se dévident ?
De quels bonds souples, déliés,
Vous descendez l’escalier
D’herbe, de pierre, à tire-d’ailes !
O pauvres sources infidèles,
Vous ne reverrez jamais plus
Les verts coteaux qui vous ont plu,
L’aurore si rose et si proche
Au sommet de la haute roche ;
Torrent si pressé, si hâtif
Qui semblez être le pouls vif
Du temps qui fuit, irrémédiable,
Comme votre fureur m’accable,
Comme vous criez à mon corps :
Le jour se meurt, le jour est mort !…
Comme vous dites : Courons vite
Où lu beau plaisir nous invite.

Craignons de perdre sous le ciel
Un peu de temps essentiel.
Avant, hélas ! que l’on s’enfonce
Sous la terre âpre ou sous la ronce
Où l’onde, où l’homme sont jetés,
Epuisons les divins étés !
Le suc du cœur ou de l’écorce
Ne fuit pas avec moins de force
Vers le ravin universel
Que ce torrent continuel !… »
Hélas ! je le sais, et j’écoute
Ce galop du temps sur la route…
— Mais quel appel à l’horizon ?
C’est une divine chanson ;
Des cloches tendres, opalines,
Semblent s’envoler des collines ;
Beaux oiseaux immatériels
Dont le vol chante sous le ciel,
Leur force molle se dilue
Dans l’air où le soleil afflue.
Il semble que le firmament
Soit tout un clair balancement
D’argent, d’azur, de mélodies…
— Cloches aux bouches arrondies,
Colombes au brin d’olivier,
Ah ! c’est en vain que vous rêviez
De m’apporter la paix céleste
Sur votre aile dansante et preste,
Et dans la langueur d’un beau soir
D’annoncer un divin espoir.
Petites cloches insensées,
O campanules renversées,
Fleurs au pistil mélodieux,
Il n’est plus de cieux et de dieux.
Vous n’êtes qu’une blanche cendre
Qui sur la terre va descendre,
Vous n’êtes dans mon cœur d’été
Qu’un peu plus d’âpre volupté,
Qu’une plus profane antienne
Dans mon âme dionysienne,

Qu’un choc de cymbales d’argent,
Sur mon désir brusque et changeant,
Et buvant vos ondes sonores
Je m’enivre d’amour encore…

Mais un fantôme est là qui trouble mon esprit,
Je le vois qui s’assoit, qui rêve, qui sourit…
Dans ce vallon tintant de fraîcheur argentine
J’ai mis mes faibles pas dans vos pas, Lamartine,
Et je vais, le cœur grave et le regard penché,
Sur les chemins étroits où vos pieds ont marché.
Ah ! si lourdes que soient vos plaintes immortelles
Vous avez moins souffert, car vous aviez des ailes.
Vous n’avez pas connu, sur ce montant chemin,
La gloire et la douleur de n’être rien qu’humain,
De n’avoir pour secours et pour lueur divine
Que l’immense soleil qui monte et qui s’incline ;
Si tendre que soit l’or de son visage ardent
Vous ne pouvez savoir comme est soudain strident
Ce besoin que l’on a de ne pas disparaître,
D’être, d’être toujours et sans fin, d’être, d’être !
Vous, dans le matin pur et dans les soirs sereins,
Où, comme de joyeux et graves pèlerins
Alignés saintement sur la jeune verdure,
Le hêtre murmurant, l’orme vêtu de bure,
Les beaux sapins chargés de coquilles de bois
Montent, emplis d’amour, de charité, de foi
Vers le clocher qui brille au haut de la colline,
Vous étiez un archange orné de paix divine.
Mais moi, dès mon enfance abîmant ma raison
Aux luisantes parois du muet horizon,
J’ai su que tout désir, tout amour, toute flamme,
S’élançait de mon âme et rentrait dans mon âme,
Que mes dieux sont en moi, qu’ils mourront avec moi,
Qu’un jour mon chaud regard et mon divin émoi
Ne seront que poussière éparse, que poussière !
Hélas ! douleur d’aller s’effaçant tout entière !
Désir de n’être pas de la cendre au tombeau,
De voir encor le jour et le matin si beau,
D’errer dans l’étendue heureuse et sensuelle,

De boire à son calice et de s’enivrer d’elle !…
Ah ! comme tout bonheur soudain semble terni
Pour un cœur sans espoir qui conçoit l’infini…


RÊVERIE PERSANE


O Mort, s’il faut qu’un jour ta flèche me transperce,
Si je dois m’endormir entre tes bras pesans,
Laisse-moi m’éveiller dans l’empire de Perse,
Radieuse, éblouie, et n’ayant que quinze ans.

Alors je connaîtrai, moi qui rêvais tant d’elle,
Ispahan, feu d’azur, fruit d’or, charme des yeux !
Les jardins de Chiraz et la tombe immortelle
Où Saadi refleurit en pétales joyeux.

Les bras levés, le cœur divinement sensible,
Je percevrai, dans l’air si limpide, si mol,
O musique d’amour frémissante et visible,
Les soupirs de la rose et du chaud rossignol !

Au travers des pavots, des lis, de la verdure,
Je verrai s’avancer, curieux, familiers,
De beaux garçons persans en bonnet de fourrure,
Aux profils aussi ronds que des jeunes béliers.

Ils me diront avec des gestes et des poses,
Des accens étonnés et des regards d’enfans :
« C’est vous, sœur de nos cœurs, vous, l’amante des roses,
Le souffle du matin et des soirs étouffans !

« Venez, nous vous ferons reine de Trébizonde,
Princesse de l’aurore et des nuits sans sommeil,
Les royaumes détruits se lèveront de l’onde
Au milieu d’un parterre odorant et vermeil.

« Petite fille avec des âmes anciennes,
Amoureuse des dieux et du monde enflammé,
Vous direz chaque soir vos prières païennes
Dans la mosquée ardente où dort sainte Fatmé.

À l’heure du couchant quand vos forces déciment,
Nous déplierons pour vous un merveilleux tapis,
Où l’on voit s’enfoncer sous des arcs d’églantines
Des lions langoureux et des cerfs assoupis

« Vous boirez lentement d’enivrantes tisanes
Au creux d’un bol d’émail orné de bleus vergers,
Et l’énervant plaisir des musiques persanes
Fera briller votre âme et vos yeux allongés ;

Sur les portes d’argent, la lune au doux visage
Luira comme une enfant qui baise son miroir,
Et tous les rossignols éveillés dans leur cage
Aux roses de ton cœur diront leur désespoir… »

Alors, dans leur charmant palais de porcelaine
Je suivrai, confiante, heureuse, le cœur pur,
Ces beaux petits garçons dont le bonnet de laine
Est comme un noir hiver sous un immense azur.

Je verrai scintiller, dans la nuit sans égale,
Sur ce terrain d’amour aux rosiers si clément,
La rose du Calife et celle du Bengale,
Et mes tendres rosiers des soirs du Lac Léman.

Un paon bien nonchalant, bien dédaigneux, bien grave,
Passant auprès de moi son temps inoccupé
Enfoncera parfois dans les roses suaves
Son petit front étroit de beau serpent huppe.

Et, pensive, j’aurai la paix douce et narquoise
Des dames que l’on voit ouvrir un si bel œil
Sur une vieille boite en pâte de turquoise
Qui parfume et verdit comme un divin tilleul…


Ctesse MATHIEU DE NOAILLES.