La franc-maçonnerie et la révolution française/D3

ÉPISODE DE LA VIE DE WEISHAUPT


«… Qu’on lise donc d’abord cette lettre de Weishaupt à son adepte Hertel, la troisième dans le second volume des Écrits originaux des Illuminés de Bavière. « À présent, dit Weishaupt à cet adepte, que je vous dise, dans la plus intime confidence, la situation de mon cœur… Me voilà en danger de perdre mon honneur, et cette réputation qui me donnait tant d’autorité sur notre monde. Ma belle-sœur est enceinte. Je l’ai envoyée à Munich pour obtenir dispense et l’épouser. Mais si la dispense n’arrive pas, que ferai-je ? Comment rétablirai-je l’honneur d’une personne dont j’ai fait tout le crime ? Nous avons déjà tenté bien des choses pour arracher l’enfant ; elle était elle-même résolue à tout ; mais Euriphon (?) est trop timide, et je ne vois guère d’autre expédient. Si j’étais sûr du silence de Celse (de Buder, professeur à Munich), celui-là pourrait bien m’aider ; il me l’avait déjà promis il y a trois ans. Je ne sais quel démon… » Ici, l’honnêteté ne nous permet pas de traduire les expressions qui montrent dans Weishaupt la plus détestable habitude. Il continue sa confidence, en disant : « Jusques à ce moment, personne n’en sait rien, si ce n’est Euriphon… » Malgré sa répugnance à faire à Caton (Swack, conseiller aulique) les mêmes confidences, Weishaupt se voit réduit à lui en écrire, et, après l’expression qui dénote encore l’infâme habitude, voici les termes exprès de ce monstrueux hypocrite : « Ce qui me fâche le plus, dans tout ceci, c’est que je perds en grande partie mon autorité sur nos gens ; c’est de leur avoir montré un côté faible, à l’abri duquel ils ne manqueront pas de se mettre, quand je leur prêcherai morale, et les exhorterai à la vertu et à l’honnêteté… » (Mémoires pour servir à l’histoire du Jacobinisme, t. III, chap. Ier.)