La date de la naissance de Jean d’Orléans, comte d’Angoulême

LA DATE DE LA NAISSANCE
de
JEAN D’ORLÉANS COMTE D’ANGOULÊME


Issu de l’illustre et malheureux Louis de France, duc d’Orléans[1], et de Valentine Visconti, Jean d’Orléans, comte d’Angoulême, était le petit-fils de Charles V, et il fut l’aïeul de François Ier. C’était le frère de ce duc-poète à la grâce délicate et un peu mièvre, Charles d’Orléans.

Deux biographies du prince parurent en 1588 et en 1589. L’une d’elles, très brève et très vague, est de Papire Masson[2]. L’auteur de la seconde, en apparence plus sérieuse, J. du Port, sieur des Rosiers[3], fait naître le comte[4] le 26 juin 1404, à Orléans[5]. La fortune de cette date, donnée cependant sans preuves[6], a été singulière : pendant trois siècles, les historiens, sans songer à en faire la critique, l’ont communément adoptée[7].

La valeur générale de l’œuvre de du Port justifiait-elle donc tant de confiance ? Il est permis d’en douter, rien qu’à voir la dédicace et la fin du volume. Nous y trouvons que le livre a été composé « pour exciter un chacun à conformer sa vie et mœurs à l’exemple de ce vertueux prince[8] ; » c’est aussi afin de sauver Henri III. Dans la détresse de la France, « Sa Majesté avoit faict en personne divers voyages et pèlerinages pour invoquer les saints qui sont vénérés en diverses églises du Royaume, qui sembloient avoir faict la sourde oreille… » « Il ne restoit plus qu’à avoir recours au sainct tutélaire de la maison d’Angoulesme[9], » le comte Jean. Enfin, ce qui décida vraiment du Port à retracer les hauts faits de son héros, ce fut la lecture de l’enquête de canonisation du prince[10], faite de 1518 à 1519[11]. L’ouvrage du sieur des Rosiers est donc une hagiographie.

La qualité des sources où a puisé l’auteur ne nous autorise pas à accorder beaucoup plus d’estime à son livre. Il a recours presque exclusivement[12] à des sources narratives[13] ou à des livres de seconde main[14] et n’a pas pu contrôler ni rectifier leurs dates à l’aide de documents d’archives. Il n’y a donc pas lieu d’être surpris de ses nombreuses fautes chronologiques[15] : il fait venir au monde après 1404[16] Philippe, comte de Vertus, né cependant dès 1396[17], et il prétend[18] que Jean d’Angoulême, livré aux Anglais en 1412[19], ne leur fut abandonné qu’en 1413.

Avant de se servir de du Port, il était prudent, on le voit, surtout quand il s’agit d’une date, de vérifier avec grand soin son témoignage. Aussi bien nous paraît-il indispensable de rechercher s’il concorde avec les renseignements certains que nous possédons d’autre part.

Or, du Port est justement, quand il affirme que Jean d’Angoulême naquit en 1404, en contradiction formelle avec le testament de Louis de France[20]. Le duc y parle de Jean, son fils, en des termes qui démontrent que celui-ci était vivant à la date du testament, soit le 19 octobre 1403 :

« Item, des biens temporels de ce mortel monde que mon benoist créateur m’a prestez, je ordonne le partage de mesdits enfants Charles, Phelippe et Jehan, par forme et manière que ensuit :

« C’est à scavoir audit Charles, mon aisné fils, la duché d’Orléans…

« Item, je vueil et ordonne que Phelippe, mon second fils, ait la comté de Vertus…

« Item, je vueil et ordonne que Jehan, mon tiers fils, ait les comtez d’Angoulesme et de Pierregort… »

On pourrait objecter que Louis de France eut d’autres fils du nom de Jean et qu’il est fait ici allusion à l’un d’eux.

On connaît, en effet, au duc, trois enfants qui portèrent ce nom[21]. Le premier était mort le 19 octobre 1393[22], au plus tard. Il était, du reste, l’aîné de Charles[23], non son puîné, comme le voudrait le testament. Pour cette double raison, il n’est pas ici question de lui. Le second est le célèbre bâtard d’Orléans. Ce n’est pas la date de sa naissance qui nous permet de l’écarter ; cette date, nous l’ignorons[24]. C’est son nom même. Le duc son père, en parlant de lui, aurait dit, dans le langage du temps, Jehan le bastard, et non pas « Jehan, » tout court. Les enfants illégitimes avaient beau être tolérés par la mode[25], le bâtard d’Orléans, en particulier, eut beau être accueilli dans sa famille paternelle et traité comme un fils par Valentine[26], l’usage n’était pas moins constant : ils avaient, dans leur nom, comme dans leur écu que rayait une barre, un signe certain qui rappelait toujours la qualité de leur origine.

Des trois fils de Louis de France qui reçurent le nom de Jean, les deux premiers étant exclus, reste le troisième, l’aïeul de François Ier. Il était le puîné de Charles et de Philippe[27], comme l’exige notre texte. Il reçut les comtés d’Angoulême et de Périgord que lui assigne le duc. À moins de supposer, ce que les chroniques ni les documents ne disent nulle part, l’existence d’un quatrième fils du nom de Jean qui serait mort avant le 24 juin 1404, force est bien de croire que la clause testamentaire citée plus haut se réfère au comte d’Angoulême. Et, comme nous devons préférer au texte suspect de J. du Port le testament dont l’exactitude et l’authenticité ne sont pas douteuses, il ressort clairement que Jean d’Angoulême vivait déjà le 19 octobre 1403.

Nous pouvons préciser davantage. Durant les quatre années qui précèdent ce jour, nous retrouvons le jeune prince dans les comptes ou dans d’autres documents bien datés : le 7 avril 1403 (n. st.), son père fait payer pour lui le prix d’une houppelande[28] ; le 10 décembre 1402, on nous mentionne les femmes de chambre qui le soignent[29] ; il chausse alors une paire de hautes bottes et revêt un manteau d’écarlate[30] ; le 30 octobre 1402, on lui fait porter le deuil de son aïeul, le duc de Milan[31]. Le 11 mars 1401 (n. st.), Valentine donne quittance de 1,200 livres tournois reçues pour les dépenses de « la dernière gésine » qu’elle fit de Jehan, son fils[32]. Le 29 janvier de la même année, elle parle de la nourrice et de « la berceresse » de l’enfant[33]. Jean est encore nommé le 20 janvier 1401[34] (n. st.). Enfin Louis de France, qui, chaque année, pour lui et chacun de ses fils, avait sa part dans les livrées du roi, reçoit trois houppelandes pour ses trois fils, le 1er  mai 1400[35]. Il n’en avait eu que deux, pour ses deux fils, le 1er  mai 1399[36].

Jean d’Angoulême naquit donc entre ces deux dates. C’est là un second résultat.

En voici un troisième. M. Ed. Jarry a, le premier, publié les trois fragments qui nous restent d’un testament authentique rédigé par Louis de France le 7 août 1399[37]. Le duc écrit :

« Item, des biens temporelz de ce monde mortel que mon benoist Créateur m’a prestez, je ordonne le partage de mesditz enfants Charles et Philippe et Jehan… »

M. Ed. Jarry pense que le nom de Jehan est mis là par suite d’« une erreur du scribe[38]. » Il allègue surtout deux raisons. L’une, c’est que les biens de Louis d’Orléans sont partagés entre Charles et Philippe et que Jean n’a rien[39]. Un tel argument ne vaudrait que si, au lieu de trois paragraphes seulement, nous avions le testament complet et si nous pouvions nous assurer qu’en effet le duc n’avait rien donné à Jean dans les paragraphes aujourd’hui perdus. L’autre raison, c’est que, dans un mandement du 30 octobre 1399, rendu deux mois après la date du testament, il est question des femmes qui gardent Charles et Philippe et non pas de celles qui devaient garder Jean[40]. Cet argument nous paraît, comme le précédent, sans grande force. Les documents ne manquent pas, même postérieurement au 1er  mai 1400, où il est question de Charles et de Philippe sans qu’il soit rien dit de Jean. En la seule année 1402, nous en pouvons citer deux au moins[41]. Et cependant d’autres textes, de la même année, prouvent, nous l’avons vu, l’existence de Jean[42]. Pour avoir le droit de se prononcer dans le même sens que M. Jarry, il faudrait avoir tous les mandements, quittances, etc., relatifs aux femmes de la duchesse et de ses fils. Si même nous possédions le compte général de toutes les dépenses de 1399 où tous les actes particuliers de l’année financière étaient reportés[43], nous ne pourrions décider en toute certitude, car il arrivait souvent, par suite de négligences ou de retards de tous ordres, que ces actes ne figuraient dans l’état général des dépenses que deux, trois ou quatre années postérieurement à leur date propre[44]. Nous n’estimons donc pas avec M. Ed. Jarry[45] que le scribe, en écrivant le nom de Jean sur le testament de 1399, avait « probablement sous les yeux une copie du testament de 1403, » et qu’il s’est trompé. « La répétition de la conjonction et[46] » ne suffit pas non plus à prouver cette erreur. Dans le testament du duc de 1403, cette répétition est si fréquente[47] qu’elle semble une forme de style.

De tout ce qui précède, nous concluons que Jean d’Orléans, comte d’Angoulême, naquit en 1399, entre le 1er  mai et le 7 août.

En revanche, nous ne saurions nous prononcer sur l’endroit où la duchesse mit son fils au monde. Est-ce Orléans, comme le prétend J. du Port[48] ? Est-ce Asnières-sur-Oise[49], dans le comté de Beaumont ? Valentine avait à Asnières, où elle donna le jour à Philippe de Vertus[50], une résidence princière qu’elle semble n’avoir pas quittée de mai à septembre 1399[51]. Néanmoins, tant que nous n’aurons pas son itinéraire complet, nous ne serons pas en mesure d’affirmer quoi que ce soit.

Il est donc sage, en l’état des documents, de nous en tenir, sans rien tenter encore pour la date de lieu, à la rectification de la date de temps jusqu’ici donnée pour la naissance du comte d’Angoulême.


G. Dupont-Ferrier.
  1. Voir le livre très documenté de M. E. Jarry : la Vie politique de Louis de France, duc d’Orléans, 1372-1407. Paris, Picard, et Orléans, Herluison, 1889, in-8o, xx-486 pages.
  2. Vita inclyti principis D. Joannis Engolismæ… Papirii Massonis stylo et opera. Parisiis, 1588, petit in-12. — La même, « mise de latin en français. » Paris, 1613, petit in-8o.
  3. La Vie de tres illustre et vertueux prince Jean, comte d’Angoulesme, aïeul du grand roy François… Dédié à monseigneur le duc d’Espernon par Jean du Port, sieur des Rosiers, conseiller du roy en la seneschaucée et siège presidial d’Angoulmois. A Angoulesme, par Olivier de Minières, 1589, [vi-]151 pages, petit in-4o, avec tableau généalogique. Nouvelle édit. Angoulême, 1602. — Réédition aux frais de la Société archéologique et historique de la Charente, par J.-F.-Eusèbe Castaigne, bibliothécaire de la ville d’Angoulême, in-8o, xxxii-111 pages, avec 2 planches et un tableau généalogique. Tirage à part. — C’est à cette réédition que nous renvoyons. — La dédicace est datée du 21 décembre 1588.
  4. Jean d’Orléans ne prit le titre de comte d’Angoulême que lorsque Charles son frère le lui céda, après l’assassinat de Louis de France, le 23 novembre 1407. Charles l’échangea alors contre celui de duc d’Orléans, sous lequel il est connu dans l’histoire (Arch. nat., K 55, nos 271, 272 et 28 ; K 56, no  18 [vidimus]). — Bibl. nat., Pièces originales, 2155, 5 (251), 355. — Monstrelet (Enguerrand de), Chroniques…, publ. par Douët d’Arcq pour la Société de l’histoire de France. Paris, 1856-62, 6 vol. in-8o, t. I, p. 394 et 167. — Vallet de Viriville, Geste des nobles, dans le vol. de la Chronique de la Pucelle, ou Chronique de Cousinot. Paris, Delahays, 1859, in-16 (Bibl. gauloise), p. 118. — C’est donc pour plus de commodité seulement que nous appellerons, avant 1407, Jean d’Orléans comte d’Angoulême.
  5. Édit. Castaigne, citée, p. 4 : « Jean d’Orléans et de Valois, duquel nous proposons d’escrire la vie, nasquit, régnant Charles VI, le xxvi juin 1404, en la ville d’Orléans. » — Pap. Masson faisait lui aussi naître Jean en 1404, puisqu’il lui donnait neuf ans accomplis en 1413, quand les Anglais l’emmenèrent prisonnier dans leur île : « Abductusque in insulam iliam [Britanniam] anno 1413, cum nonum ætatis suæ vix implevisset, » p. 6-7. Édit. de 1588, citée. — Avant du Port, la date de 1404 avait été assignée à la naissance de Jean : 1o  par Corlieu (voy. note 4, infra, p. 522), p. 132, qui écrivait en 1566-76 ; 2o  par Pap. Masson (De episcopis urbis, 1586, p. 344 ro, cf. infra, et dans sa vie du comte de 1588). Du Port le premier parla du 26 juin.
  6. J. du Port indique généralement ses preuves dans la marge de son texte. Or il ne nous renseigne pas sur le document qui lui aurait fourni la date en question.
  7. Le Père Louys Beurrier (Histoire du monastère… des… Célestins de Paris contenant ses antiquités…, avec le testament de Louys, duc d’Orléans. Paris, 1634, in-4o [xxii-]428 pages, portr.), p. 339. — François Vigier de la Pile (Histoire de l’Angoumois… publ. avec des documents inédits… par Michon. Paris, 1846, in-4o), p. xliij. — Sénemaud (Bulletin de la Soc. archéologique et historique de la Charente, 1859), p. 227. — P. de Lacroix (le Château de Bouteville, bull. cité, 1875), p. 126. — Vallet de Viriville (Bibl. de l’École des chartes, 2e  série, III), p. 137, n. 3, etc. — Enfin, plus récemment, en 1889, M. de Maulde La Clavière (Histoire de Louis XII, 1re  partie, t. I. Paris, Leroux, 1889, in-8o), p. 34, n. 1.

    Dès l’année précédente, 1888, la réaction contre le témoignage de J. du Port avait commencé (cf. École nationale des chartes. Positions des thèses soutenues par les élèves de la promotion de 1888. Épinal, 1888, in-8o, 144 p. ; Jean d’Orléans, comte d’Angoulême, chap. I, p. 33 ; M. du Fresne de Beaucourt, Hist. de Charles VII. Paris, 1881 et suiv., t. IV [1888], p. 18, n. 6). — Notre confrère M. E. Jarry est arrivé sur ce point et la même année à des conclusions en partie analogues à celles que nous présentons ici (cf. infra). Nous devons à son aimable obligeance la communication de plusieurs documents, d’un intérêt capital pour la présente étude, émanés de sa collection particulière. Nous lui en exprimons notre bien vive gratitude.

  8. Éd. Castaigne, p. 100.
  9. Ibid., p. xiii.
  10. Ibid., p. xvi, xvii, xxvi, xxvii. J. du Port eut connaissance de cette enquête par l’évêque d’Angoulême, Charles de Bony (ibid., p. xxvi : cf. Pouillé historique du diocèse d’Angoulême, par M. l’abbé J. Nanglard…, 1894. Angoulême, in-8o, vii-633 pages, t. I, p. 61-62).
  11. J. du Port, éd. Castaigne, citée, p. xvii : « l’Inquisition qui fut faicte par defunct Anthoine d’Estaing, evesque d’Angoulesme, en l’année 1518. » — Cf. Missive d’Anthoine d’Estaing… à… Madame la duchesse d’Angoulmoys…, mère du roy, ibid., p. xx. «… il y a environ 52 ans que ledict seigneur [Jean, comte d’Angoulême] est trespassé…, » écrit l’évêque à Louise de Savoie en l’informant qu’il vient d’achever l’enquête de canonisation. Comme Jean d’Angoulême mourut le 30 avril 1467 (voy. Journal de son enterrement, édit. Senemaud. Paris, Aubry, 1863, in-8o, xiij-25 p.), cinquante-deux ans plus tard nous reporte au temps écoulé du 1er  mai 1518 au 30 avril 1519. Cent vingt-huit témoins furent entendus pour cette « Inquisition » (édit. Castaigne, p. xxi, etc.).
  12. J. du Port a connu en effet : 1o le testament du comte que lui avait communiqué Charles de Bony ; il l’a publié in extenso (p. 82-91) ; 2o une confirmation de ce testament par la comtesse (p. 91) ; 3o le cartel des princes d’Orléans au duc de Bourgogne, dont le texte est fort altéré (cf. p. 18-19 et note) ; 4o une lettre du comte à l’abbé de la Couronne (p. 61-62) ; 5o une épître dédicatoire d’Odo de Fouillaco, précepteur du comte, à son élève (p. 63). — De ces cinq documents, les trois premiers seuls sont datés du jour et de l’année ; le quatrième du jour seulement, et le cinquième a été mal daté par du Port. — Quant à l’enquête de canonisation, du Port n’a pu y trouver une bien grande précision chronologique (cf. p. 63 et suiv.). — Il cite la session 39 du concile de Bâle : il a consulté en effet le Secundus tomus concilior. general. (Paris, in-fol., 1524, fol. ccxx vo et ccxxj ro).
  13. Les chroniques auxquelles recourt J. du Port sont au nombre de deux seulement : 1o Monstrelet (p. 10, 14, 16, 21 de l’édit. de Castaigne) ; 2o le prétendu Alain Chartier (p. 14, 20, 21, 37, 46, 47, 51, 52, 53, 54). Les renvois de J. du Port à ces deux sources sont exacts : nous les avons vérifiés. Il s’est sans doute servi : 1o du Volume premier des chroniques d’Enguerran de Monstrelet, gentilhomme jadis demeurant à Cambray en Cambresis… Paris, 1572, in-fol. ; cf. le texte de du Port, p. 10, 21, etc., au texte de Monstrelet, fol. 8 ro et 14 ro, fol. 147 ro et vo, etc. ; 2o des Cronicques du feu roy Charles VIIe…, par feu maître Alain Chartier… Paris, 1528, in-4o ; cf. le texte de du Port, p. 14, 20, 21, etc., au texte de Chartier, fol. v ro et vo, fol. ix ro et vo, etc. — Rappelons que la chronique attribuée à Chartier par J. du Port et ses contemporains est en réalité de Gilles de Bouvier, dit Berry. (Voy. M. J. du Fresne de Beaucourt, Hist. de Charles VII, t. I, p. liv et lv.)
  14. Parmi toutes les compilations, il n’en est pas que Jean du Port mette davantage à contribution que celle qu’il nomme les Annales de France (p. 12, 13, 15, 16, 17, 20, 21, 26, 27, 29, 33, 34, 35, 39, 42, 46, 47, 52, 53, 56, 58, 59, 60, 98), ou simplement l’Histoire de France (p. 48). Il s’en sert même sans les nommer (p. 16 ; cf. p. 1032 de Belleforest). Il a eu sous la main les Grandes Annales et histoire générale de France dès le règne de Philippe de Valois jusques à Henri III, à présent heureusement régnant…, par François de Belleforest…, t. II. Paris, 1579, in-fol. Les renvois de J. du Port (p. 12, 13, 15, 21, etc.) correspondent en effet aux pages 1022, 1016, 1032, 1039, etc., de Belleforest. — J. du Port a puisé aussi (p. 34, 37, 56) dans les Annales de Bourgongne, par Guillaume Paradin, de Cuyseaulx. Lyon, 1566, in-fol., xi-995 pages (cf. p. 768 et suiv., 791 et suiv., etc., de ces annales) ; — dans les Annales d’Aquitaine, par Jehan Bouchet. Poitiers, 1557, in-fol. (cf. du Port, p. 47, 52, et Bouchet, fol. 134 vo, etc.) ; — dans les Annales de Bretagne (p. 1, 14, 21), qui sont les Grandes Annales ou cronicque… de nostre petite Bretaigne… commançantz au roy Brutus… jusques aux ans de présent et du… roy Françoys premier de ce nom… (édit. de 1541. Bibl. nat., Réserve, Lk2 445), par Alain Bouchard. Les trois références de du Port se retrouvent dans ce volume, fol. cxxv io, col. 1 et 2 ; fol. cl vo et fol. clj io ; — dans Polydore Virgile (p. 21, 26, 29) : Polydori Vergilii Urbinatis angliæ historiæ libri XXVII. Basileae, 1556 (cf. p. 438, lignes 10-30, p. 444, 454) ; — enfin, dans ce qu’il appelle les Chroniques angloises de Georges du Liz. C’est le Chronicon sive brevis enumeratio regum et principum in quos variante fortuna Britanniæ imperium diversis temporibus translatum est, Georgio Lilio Britanio auctore. Francoforti, 1565, in-4o, [iii-]82 p. (Bibl. nat., Na8. Réserve). Le texte de du Port (p. 21 et 26) correspond au texte du Chronicon (fol. 53 vo et 54 vo).

    On sait que ces compilations générales ou provinciales sont faites sans critique. Dom Morice, dans son Histoire ecclésiastique et civile de Bretagne, t. I, p. vii (Paris, 1740, in-fol.), apprécie ainsi l’ouvrage d’Alain Bouchard : « Le titre de cet ouvrage fait assez sentir que l’auteur a admis les fables qui avoient cours de son tems. » Dom Lobineau (Hist. de Bretagne. Paris, 1707, in-fol., Préface, I) est plus dur encore : « Pour ce qui est des faits, il [Alain Bouchard] passe assez légèrement sur les véritables et s’arreste beaucoup aux faux. » D’autre part, Tiraboschi (Storia della letteratura italiana. Modène, 1772-82, 13 vol. in-4o) écrit (t. VII, p. 1027), au sujet de l’histoire de Polydore Virgile : « J’accorderai aux écrivains anglais que cette histoire est superficielle et remplie d’erreurs. » — Il suit de là que J. du Port n’était pas très difficile sur la valeur des livres dont il se servait.

    Ajoutons que J. du Port a consulté une troisième série d’ouvrages : 1o l’Histoire singulière du roy Louis XII…, par mess. Claude de Seissel (édit. de 1558, petit in-8o. Paris, G. Corrozel). J. du Port (p. 45) se sert d’un passage de Seyssel (édit. citée, fol. 39 ro et vo) ; — 2o ce qu’il appelle (p. 38) « Masson, en la vie d’Eugène IV, » c’est-à-dire : Papirii Massonis libri sex de Episcopis Urbis… Parisius, 1586, in-4o, iii-421 fol. ; la citation de du Port se retrouve au fol. 344 ro de Masson ; — 3o le Recueil en forme d’histoire de ce qui se trouve par escrit de la ville et des comtes d’Engolesme…, par François de Corlieu… Engolesme, Jean de Minières, 1566 (sic) [1576]. J. du Port y renvoie, p. 21, 42, 45 ; cf. Corlieu, p. 132, 133, 136.

  15. J. du Port fait mourir Philippe, duc de Bourgogne (p. 12), en 1405 ; il mourut le 27 avril 1404 (voy. E. Jarry, op. cit., p. 307). — P. 42, il place en 1447 la vente du Périgord à Jean de Bretagne, comte de Penthièvre, tandis que cette vente eut lieu le 4 mars 1438 (n. st.) (cf. British Museum, Addit. chart., 3818, 4407, 4413, 4414 ; Dessalles, Histoire du Périgord. Périgueux, 1885, 3 vol. in-8o, t. III, p. 35, 428-429, etc.). — P. 52-53, il place le siège de Bordeaux en 1454 (du 1er  août au 7 octobre) ; ce siège eut lieu en 1453, du 13 août au 19 octobre (voy. G. du Fresne de Beaucourt, Hist. de Charles VII, citée, t. V [1890], p. 278-285). — P. 53, il affirme que le duc d’Alençon fut condamné en 1459 : or, la condamnation fut prononcée le 8 octobre 1458 (Ibid., t. VI [1891], p. 193-197). — P. 56, il prétend que le sacre de Louis XI eut lieu en 1462 ; ce sacre eut lieu cependant le samedi 15 août 1461 (cf. Joseph Vaësen, Lettres de Louis XI, publ. pour la Société de l’histoire de France, t. II [1885], p. 1-2). — P. 60, il fait décéder Charles d’Orléans en 1463, bien que la véritable date de la mort de Charles soit 1465, nuit du 4 au 5 janvier (M. de Maulde La Clavière, Hist. de Louis XII, t. I, p. 120. Paris, Leroux, 1889).
  16. Page 4. Voy. la note de Castaigne.
  17. Cf. E. Jarry, op. cit., p. 169, n. 1. « Philippe naquit dans les dix derniers jours du mois de juillet » 1396.
  18. Page 21.
  19. Jean d’Angoulême fut livré aux Anglais par le traité de Buzançais, du 14 novembre 1412, dont nous avons l’original aux Archives nationales, K 57, no  28 (cf. K 59, no  4, fol. 1 ro-3 vo ; J 919, 26, fol. 8 ro-10 vo). — Bibl. nat., Nouv. acq. fr., 3641, Coll. Bastard, 661 et 663. — British Museum, Addit. Chart., 244, 245, 246. Cf. Laborde, Ducs de Bourgogne, 6222.
  20. Ce testament est au British Museum, Addit. Chart., 30758. Le texte que nous citons est aux fol. 129 vo-130 ro. — Il a été publié par Beurrier (voy. note 3, p. 519), p. 292-335, et par Godefroy, Hist. de Charles VI, p. 631.
  21. Cf. Jarry, op. cit., p. 231. M.  Jarry ne compte pas le bâtard.
  22. « Loys, fils de roy de France, duc d’Orléans… Nous,… considérans les bons services que damoiselie Jehanne de Cherances, nagaires nourrice de feu Jehan nostre tres cher filz, dont Dieux ait l’âme, a faiz à nostredit filz, depuis sa naissance jusques à son trespas… » Paris, 19 octobre 1393. (Bibl. nat., Quittances, Charles VI, fr. 26026, pièce 1912.) — Ibid., Pièces originales, 2152, Orléans, 2, pièce 161, troisième paragraphe avant la fin de l’acte : « A Primeur de Bezoux, pannetier de Mad. la duchesse d’Orléans, 50 fr., lesquelz mondit seigneur [Loys d’Orléans] lui avoit donnés de sa grâce especial, pour cause des premieres nouvelles par lui apportées à ycellui sgr de la nativité de feu Jehan mgr son filz, si comme il appert par quittance dud. Primeur, donnée le 17e d’octobre ensuivant oudit an [1393]. »
  23. Né à l’hôtel Saint-Paul, le 24 novembre 1394 (cf. Jarry, op. cit., p. 129-130 et p. 75) et non le 26 mai 1391, comme on l’a cru longtemps. Dans les lettres d’émancipation qui lui sont délivrées par le roi, le 10 décembre 1408, Charles d’Orléans est dit « aagié de xiv ans » (Bibl. nat., fr. 20380, no  21). Ce nouveau texte confirme donc la rectification de M. Jarry.
  24. Celle du 23 novembre 1402 n’est pas sûre. On préfère généralement 1403 ou 1404 (cf. Jarry, op. cit., p. 295, n. 2).
  25. Voir à ce sujet Vallet de Viriville, Hist. de Charles VII, t. III, p. 7-8.
  26. Jarry, op. cit., p. 357.
  27. Dans tous les actes originaux où son nom se trouve, ainsi que celui de ses frères, il est énuméré le troisième, après Charles et Philippe (cf. infra).
  28. British Museum, Addit. Chart., 2384. Joursanvault, lot 617.
  29. Ibid., 2401. Joursanvault, lot 3540.
  30. Ibid.
  31. Louis, duc d’Orléans, ordonne de payer « une cotte et ung chapperon… pour nostre très chière et très amée compaigne pour le dueil du trespassement de feu nostre très chier et très amé père le duc de Millan… 13 aulnes, dont on a fait pour Charles, conte d’Engoulesme, Philippe et Jehan, noz enfans, à chascun une houppelande… » Donné à Thionville, le 30 octobre 1402. (Add. Chart., 2400. Joursanvault, lot 3540.)
  32. Collection Jarry. Communication de M. Ed. Jarry.
  33. Ibid.
  34. « Loys, duc d’Orléans,… quatre houppelandes de fin drap noir de Londres… pour le duel du trespassement de mgr le Daulphin, l’une longue pour nous et les trois autres pour Charles, Philippe et Jehan, noz enffans… Une cotte simple d’escarlate vermeille que nous avons fait faire pour Jehan, nostre filz… quatre aulnes de fine toille de Rains, dont nous avons fait faire deux doubles… pour Jehan, nostredit fils. » (British Museum, Addit. Chart., 2373. Joursanvault, lot 613.)
  35. Bibl. nat., fr. 20379, fol. 37 vo (coll. Gaignières). « Extrait d’un volume de la Chambre des comptes en parchemin. XIVe compte extraordinaire de Charles Poupart, argentier du roy. Noms des seigneurs, chevaliers et escuyers auxquels ont été délivrées houpelandes le 1er  may 1400. Escuyers : trois fils de mgr d’Orléans. » (Cf. British Museum, Add. Chart., 2367. 5 mai 1400, on fait faire des « braceroles » pour Jean.)
  36. « XIIe compte… Ce sont les noms des seigneurs, chevaliers, escuyers et autres officiers du roy, nostre sire, auxquels ont été délivrées houpelandes pour eux vestir, de la livrée que le roy a faicte le 1er  mai 1399, jusqu’au nombre de 200 houpelandes… Escuyers… deux fils de mgr d’Orléans. » (Bibl. nat., fr. 20379, cité, fol. 37 vo.)
  37. Op. cit. Louis de France…, p. 229-230, d’après une copie de la Collection Doat de la Bibl. nat., collationnée sur l’original aux archives des Basses-Pyrénées.
  38. Op. cit., p. 231.
  39. Ibid.
  40. Ibid.
  41. Laborde, Preuves des ducs de Bourgogne, t. III, 5941 (Bibl. du Louvre, F 1453), du 20 février 1402, n. st. — Bibl. nat, Pièces originales, 2154, 4 (190), 288, du 22 octobre 1402.
  42. Textes cités, notes 6 et 7, supra, p. 524.
  43. Le ms. fr. 8815 de la Bibl. nat. est un compte de ce genre.
  44. Ibid.
  45. Op. cit., p. 231.
  46. Op. cit., p. 231.
  47. « Autour de l’église, les cierges et torches et escussons de mes armes, » p. 298. Beurrier, op. cit. — Ibid., p. 305 : « à ung hostel qui sera fondé de N. D. et qui sera fait et ordonné et peint à mes armes, » p. 310, 321, etc.
  48. Cf. supra. J. du Port, n. 5.
  49. Seine-et-Oise, arr. de Pontoise, cant. de Luzarches.
  50. Cf. Jarry, op. cit., p. 169, et supra, n. 3, p. 522.
  51. Valentine est à Asnières le 20 mai 1399 (Bibl. nat., fr. 6212, no  84). — Ibid., le 11 août 1399 (Bibl. nat., fr. 6211, no  482). — Le 9 septembre elle est à Gouvieux (communication de M. Jarry).