La belle est au jardin d’amour

La Chanson française du XVe au XXe siècle, Texte établi par Jean GillequinLa Renaissance du livre (p. 259).


LA BELLE EST AU JARDIN D’AMOUR


La belle est au jardin d’amour,
Voilà z’un mois ou six semaines,
Son père la cherche partout
Et son amant est bien en peine.

Berger, berger, n’as-tu pas vu,
N’as-tu pas vu la beauté même ?
« Comment est-elle donc vêtue ?
Est-elle en soie, est-elle en laine ? »

Elle est vêtue en satin blanc,
Et dans ses mains blanches mitaines ;
Ses cheveux, qui flottent au vent,
Ont une odeur de marjolaine.

Elle est là-bas, dans ces vallons,
Assise au bord d’une fontaine ;
Dans ses mains tient un bel oiseau,
A qui la bell’ conte sa peine.

Petit oiseau, tu es heureux
D’être ainsi auprès de ma belle !
Et moi je suis son amoureux,
Je ne puis pas m’approcher d’elle !

Peut-on être auprès du rosier
Sans en pouvoir cueillir la rose ?
« Cueillissez-la si vous voulez,
Car c’est pour vous qu’elle est déclose. »

(Version du Poitou.)