LA ROSE ROUGE.


(Suite[1].)

Il n’y avait pas un instant à perdre ; ce fut donc vers la maison même qu’habitait Carrier, place du Cours, que les deux amis dirigèrent leur course. Lorsqu’ils y furent arrivés, Marceau se jeta à bas de son cheval, prit machinalement ses pistolets, qui se trouvaient dans ses fontes, les cacha sous son habit, et s’élança vers l’appartement de celui qui tenait entre ses mains le destin de Blanche. Son ami le suivit plus froidement, quoique prêt cependant à le défendre s’il avait besoin de son secours, et à risquer sa vie avec autant d’insouciance que sur le champ de bataille. Mais le député de la Montagne savait trop combien il était exécré pour n’être pas défiant, et ni instances ni menaces ne purent obtenir aux généraux une entrevue.

Marceau descendit plus tranquillement que ne l’aurait pensé son ami ; depuis un instant, il paraissait avoir adopté un nouveau projet qu’il mûrissait à la hâte, et il n’y eut plus de doute qu’il s’y était arrêté lorsqu’il pria le général Dumas de se rendre à l’instant à la poste, et de revenir l’attendre à la porte du Bouffays avec des chevaux et une voiture.

Le grade et le nom de Marceau lui ouvrirent l’entrée de cette prison ; il ordonna au geôlier de le conduire au cachot où Blanche était enfermée. Celui-ci hésita un instant : Marceau réitéra son ordre d’un ton plus impératif, et le concierge obéit en lui faisant signe de le suivre. — Elle n’est pas seule, dit son conducteur en ouvrant la porte-basse et cintrée d’un cachot dont l’obscurité fit tressaillir Marceau ; mais elle ne tardera pas à être débarrassée de son compagnon, on le guillotine aujourd’hui. — À ces mots, il referma la porte sur Marceau, et l’engagea à abréger autant que possible une entrevue qui pouvait le compromettre.

Encore ébloui de son passage subit du jour à la nuit, Marceau étendait ses bras comme un homme qui rêve, cherchant à prononcer le mot de Blanche, qu’il ne pouvait articuler ; et ne pouvant percer de ses regards les ténèbres qui l’environnaient, il entendit un cri : la jeune fille se jeta dans ses bras ; elle l’avait reconnu aussitôt : sa vue, à elle, était déjà habituée à la nuit.

Elle se jeta dans ses bras, car il y eut un instant où la terreur lui fit tout oublier, âge et sexe ; il ne s’agissait plus que de la vie ou de la mort : elle se cramponna à lui comme un naufragé à une roche, avec des sanglots inarticulés et des étreintes convulsives.

— Ah ! ah ! vous ne m’avez donc pas abandonnée, s’écria-t-elle enfin. Ils m’ont arrêtée, traînée ici ; dans la foule qui me suivait j’ai aperçu Tinguy : j’ai crié : Marceau ! Marceau ! et il a disparu. Oh ! j’étais loin d’espérer de vous revoir… même ici… Mais vous voilà… vous voilà… vous ne me quitterez plus… Vous m’emmènerez, n’est-ce pas ?… vous ne me laisserez point ici.

— Je voudrais au prix de mon sang vous en arracher à l’instant même ; mais…

— Oh ! voyez donc ; tâtez ces murs ruisselans, cette paille infecte ; vous, qui êtes général, ne pouvez-vous…

— Blanche, voilà ce que je puis : Frapper à cette porte, brûler la cervelle au guichetier qui l’ouvrira ; vous traîner jusque dans la cour, vous faire respirer l’air, voir le ciel, et me faire tuer en vous défendant : mais, moi mort, Blanche, on vous ramènera dans ce cachot, et il n’existera plus sur la terre un seul homme qui puisse vous sauver.

— Mais le pouvez-vous, vous ?

— Peut-être.

— Bientôt ?

— Deux jours, Blanche ; je vous demande deux jours. Mais répondez à votre tour, répondez à une question de laquelle dépendent votre vie et la mienne… Répondez comme vous répondriez à Dieu… Blanche, m’aimez-vous ?

— Est-ce le moment et le lieu où une telle question doive être faite, et où l’on puisse y répondre ? Croyez-vous que ces murailles soient habituées à entendre des aveux d’amour ?

— Oui, c’est le moment, car nous sommes entre la vie et la tombe, entre l’existence et l’éternité. Blanche, hâte-toi de me répondre : chaque instant nous vole un jour, chaque heure une année… Blanche, m’aimes-tu ?

— Oh ! oui, oui… — Ces mots s’échappèrent du cœur de la jeune fille, qui, oubliant qu’on ne pouvait voir sa rougeur, cacha sa tête dans les bras de Marceau.

— Eh bien ! Blanche, il faut à l’instant même que tu m’acceptes pour époux. — Tout le corps de la jeune fille tressaillit.

— Quel peut être votre dessein ?

— Mon dessein est de t’arracher à la mort ; nous verrons s’ils osent envoyer à l’échafaud la femme d’un général républicain.

Blanche comprit alors toute sa pensée, elle frémit du danger auquel il s’exposait pour la sauver. Son amour en prit une nouvelle force, mais rappelant son courage : c’est impossible, dit-elle avec fermeté.

— Impossible ! interrompit Marceau, impossible ! Mais c’est folie ; et quel obstacle peut s’élever entre nous et le bonheur, puisque tu viens de m’avouer que tu m’aimes ? Crois-tu donc que tout ceci soit un jeu ? Mais écoute donc, écoute : c’est la mort ! vois ! la mort de l’échafaud, le bourreau, la hache, la charrette !

— Oh ! pitié, pitié ! c’est affreux ! Mais toi, toi, une fois ta femme, si ce titre ne me sauve pas, il te perd avec moi !…

— Voilà donc le motif qui te fait rejeter la seule voie de salut qui te reste ! Eh bien ! écoute-moi, Blanche ; car à mon tour j’ai des aveux à te faire : en te voyant je t’ai aimée, l’amour est devenu passion, j’en vis comme de ma vie, mon existence est la tienne, mon sort sera le tien ; bonheur ou échafaud, je partagerai tout avec toi. Je ne te quitte plus, nulle puissance humaine ne pourra nous séparer ; ou, si je te quitte, je n’ai qu’à crier vive le roi, ce mot me rouvre ta prison, et nous n’en sortons plus qu’ensemble. Eh bien ! soit ; ce sera quelque chose qu’une nuit dans le même cachot, le trajet dans la même charrette, la mort sur le même échafaud.

— Oh ! non, non, va-t’en ; laisse-moi, au nom du ciel, laisse-moi.

— Que je m’en aille ! Prends garde à ce que tu dis, et à ce que tu veux, car si je sors d’ici sans que tu sois à moi, sans que tu m’aies donné le droit de te défendre, j’irai trouver ton père, ton père auquel tu ne songes pas, et qui pleure, et je lui dirai : « Vieillard, elle pouvait se sauver, ta fille, et elle ne l’a point voulu ; elle a voulu que tes derniers jours passassent dans le deuil, et que son sang rejaillît jusque sur tes cheveux blancs. Pleure, pleure, vieillard, non de ce que ta fille est morte, mais de ce qu’elle ne t’aimait pas assez pour vivre. »

Marceau avait repoussé Blanche ; elle était allée tomber à genoux à quelques pas de lui, et lui se promenait les dents serrées, les bras sur la poitrine, avec le rire d’un fou ou d’un damné. Il entendit les sanglots de Blanche ; les larmes lui sautèrent des yeux, ses bras retombèrent sans force, et il alla rouler à ses pieds.

— Oh ! par pitié, par ce qu’il y a de plus sacré en ce monde, par la tombe de ta mère, Blanche, Blanche, consens à devenir ma femme : il le faut, tu le dois.

— « Oui, tu le dois, jeune fille, interrompit une voix étrangère qui les fit tressaillir et se relever tous deux ; tu le dois, car c’est le seul moyen de conserver une vie qui commence à peine ; la religion te l’ordonne, et moi je suis prêt à bénir votre union. »

Marceau, étonné, se retourna, et il reconnut le curé de Sainte-Marie-de-Rhé, qui faisait partie du rassemblement qu’il avait attaqué la nuit où Blanche devint sa prisonnière. — Oh ! mon père, s’écria-t-il en lui saisissant la main et en l’entraînant ; oh ! mon père, obtenez d’elle qu’elle consente à vivre.

— Blanche de Beaulieu, reprit le prêtre avec un accent solennel, au nom de ton père, que mon âge et l’amitié qui nous unissaient me donnent le droit de représenter, je t’adjure de céder aux instances de ce jeune homme ; car ton père lui-même, s’il était ici, ferait ce que je fais.

Blanche semblait agitée de mille sentimens contraires ; enfin elle se jeta dans les bras de Marceau : — Ô mon ami ! lui dit-elle, je n’ai point la force de te résister plus long-temps. Marceau, je t’aime ; je t’aime et je suis ta femme.

Leurs lèvres se joignirent ; Marceau était au comble de la joie ; il semblait avoir tout oublié. La voix du prêtre l’arracha bientôt à son extase. — Hâtez-vous, enfans, disait-il, car mes instans sont comptés ici-bas ; et si vous tardez encore, je ne pourrai plus vous bénir que des cieux.

Les deux amans tressaillirent : cette voix les rappelait sur la terre !

Blanche promena autour d’elle des regards effrayés. — Ô mon ami, dit-elle, quel moment pour unir nos destinées ! quel temple pour un hymen ! Penses-tu qu’une union consacrée sous des voûtes sombres et lugubres puisse être une union durable et fortunée ?…

Marceau tressaillit, car lui-même était atteint d’une terreur superstitieuse. Il entraîna Blanche vers un endroit du cachot où le jour, glissant à travers les barreaux croisés d’un étroit soupirail, rendait les ténèbres moins épaisses ; et là, tombant tous deux à genoux, ils attendirent la bénédiction du prêtre.

Celui-ci étendit les bras, et prononça les paroles sacrées. Au même instant, un bruit d’armes et de soldats se fit entendre dans le corridor. Blanche, effrayée, se jeta dans les bras de Marceau : — Serait-ce déjà moi qu’ils viennent chercher ! s’écria-t-elle. Oh ! mon ami, mon ami, combien en ce moment la mort serait affreuse !

Le jeune général s’était jeté au-devant de la porte, un pistolet de chaque main. Les soldats, étonnés, reculèrent. — Rassurez-vous, leur dit le prêtre en se présentant, c’est moi que l’on vient chercher, c’est moi qui vais mourir.

Les soldats l’entourèrent. — Enfans, s’écria-t-il d’une voix forte, en s’adressant aux jeunes époux ; enfans, à genoux ; car un pied dans la tombe je vous envoie ma dernière bénédiction, et la bénédiction d’un mourant est sacrée.

Les soldats étonnés gardaient le silence ; le prêtre avait tiré de sa poitrine un crucifix qu’il était parvenu à dérober à toutes les recherches ; il l’étendait vers eux ; prêt à mourir, c’était pour eux qu’il priait. Il y eut un instant de silence et de solennité où tout le monde crut à Dieu : — Marchons, dit le prêtre.

Les soldats l’entourèrent, la porte se referma, et tout disparut comme une vision nocturne.

Blanche se jeta dans les bras de Marceau : — Oh ! si tu me quittes, et qu’on vienne me chercher ainsi ; si je ne t’ai pas là pour m’aider à passer cette porte, oh ! Marceau, te figures-tu, à l’échafaud, moi ! moi à l’échafaud, loin de toi, pleurant et t’appelant, sans que tu me répondes ! Oh ! ne t’en va pas, ne t’en va pas ! Je me jetterai à leurs pieds, je leur dirai que je ne suis pas coupable, qu’ils me laissent en prison avec toi toute ma vie, et que je les bénirai. Mais si tu me quittes… Oh ! ne me quitte donc pas.

— Blanche, je suis sûr de te sauver, je réponds de ta vie ; en moins de deux jours je serai ici avec ta grâce, et alors ce ne sera pas toute une vie de prison et de cachot, mais d’air et de bonheur, une vie de liberté et d’amour.

La porte s’ouvrit, le geôlier parut. Blanche serra plus fortement Marceau dans ses bras ; elle ne voulait pas le quitter, et cependant chaque instant était précieux ; il détacha doucement ces mains dont la chaîne le retenait, lui promit qu’il serait de retour avant la fin de la deuxième journée : — Aime-moi toujours, lui dit-il en s’élançant hors du cachot. — Toujours, dit Blanche en retombant et en lui montrant dans ses cheveux la rose rouge qu’il lui avait donnée ; et la porte se referma comme celle de l’enfer.

Marceau trouva le général Dumas qui l’attendait chez le concierge ; il demanda de l’encre et du papier. — Que vas-tu faire, lui dit celui-ci, effrayé de son agitation ? — Écrire à Carrier, lui demander deux jours, lui dire que sa vie me répond de la vie de Blanche. — Malheureux ! reprit son ami en lui arrachant la lettre commencée : tu menaces, et c’est toi qui es en sa puissance ; n’as-tu pas désobéi à l’ordre que tu as reçu de rejoindre l’armée ? Crois-tu que, te redoutant une fois, ses craintes s’arrêteront même à chercher un prétexte plausible ? Avant une heure, tu serais arrêté ; et que pourrais-tu alors et pour elle et pour toi ? Crois-moi, que ton silence provoque son oubli, car son oubli seul peut la sauver.

La tête de Marceau était retombée entre ses mains ; il paraissait réfléchir profondément : — Tu as raison, s’écria-t-il en se relevant tout à coup ; et il entraîna son ami dans la rue.

Quelques personnes étaient rassemblées autour d’une chaise de poste. — S’il faisait du brouillard ce soir, dit une voix, je ne sais pas ce qui empêcherait une vingtaine de bons gars d’entrer dans la ville et d’enlever les prisonniers : c’est une pitié comme Nantes est gardée. Marceau tressaillit, se retourna, reconnut Tinguy, échangea avec lui un regard d’intelligence, et s’élança dans la voiture : Paris, dit-il au postillon en lui donnant de l’or ; et les chevaux partirent avec la rapidité de l’éclair. Partout même diligence, partout, à force d’or, Marceau obtint la promesse que des chevaux seraient préparés pour le lendemain, et que nul obstacle n’entraverait son retour.

Ce fut pendant ce voyage qu’il apprit que le général Dumas avait donné sa démission, demandant la seule faveur d’être employé comme soldat à une autre armée ; il avait en conséquence été mis à la disposition du comité de salut public, et se rendait à Nantes au moment où Marceau le rencontra sur la route de Clisson.

À huit heures du soir, la voiture qui renfermait les deux généraux entrait à Paris.

Marceau et son ami se quittèrent sur la place du Palais-Égalité. Marceau prit à pied la rue Saint-Honoré, la descendant du côté de Saint-Roch, s’arrêta au no 366, et demanda le citoyen Robespierre.

— Il est au Théâtre de la Nation, répondit une jeune fille de seize ou dix-huit ans ; mais si tu veux revenir dans deux heures, citoyen général, il sera rentré.

— Robespierre au Théâtre de la Nation ! Ne te trompes-tu pas ?…

— Non, citoyen.

— Eh bien ! je vais l’y joindre, et si je ne l’y trouve pas, je reviendrai l’attendre ici. Voici mon nom, le citoyen général Marceau.

Le Théâtre-Français venait de se séparer en deux troupes : Talma, accompagné des comédiens patriotes, avait émigré à l’Odéon. C’est donc à ce théâtre que Marceau se rendit, tout étonné qu’il était d’avoir à chercher dans une salle de spectacle l’austère membre du comité de salut public. On jouait la Mort de César. Il entra au balcon ; un jeune homme lui offrit sur le premier banc une place auprès de lui. Marceau l’accepta, espérant de là apercevoir celui qu’il cherchait.

Le spectacle n’était point commencé ; une étrange fermentation régnait dans le public ; des rires et des signes s’échangeaient et partaient comme d’un quartier-général d’un groupe placé à l’orchestre ; ce groupe dominait la salle, un homme dominait ce groupe : c’était Danton.

À ses côtés parlaient quand il se taisait, et se taisaient quand il parlait, Camille Desmoulins son séide, Philippeaux, Hérault de Séchelles et Lacroix ses apôtres.

C’était la première fois que Marceau se trouvait en face de ce Mirabeau du peuple, il l’eût reconnu à sa voix forte, à ses gestes impérieux, à son front dominateur, quand même plusieurs fois son nom n’eût pas été prononcé par ses amis.

Qu’on nous permette quelques mots sur l’état des différentes factions qui se partageaient la Convention, ils sont nécessaires à l’intelligence de la scène qui va suivre.

La commune et la Montagne s’étaient réunies pour opérer la révolution du 31 mai. Les Girondins, après avoir vainement tenté de fédéraliser les provinces, étaient tombés presque sans défense au milieu même de ceux qui les avaient élus, et qui n’osèrent pas seulement leur donner asile aux jours de leur proscription. Avant le 31 mai, le pouvoir n’était nulle part ; après le 31 mai, l’on sentit le besoin de l’unité des forces pour arriver à la promptitude de l’action ; l’assemblée était l’autorité la plus étendue ; une faction s’était emparée de l’assemblée, quelques hommes commandaient à cette faction ; le pouvoir se trouva naturellement entre les mains de ces hommes. Le comité de salut public jusqu’au 31 mai avait été composé de conventionnels neutres ; l’époque de son renouvellement arriva, et les montagnards extrêmes s’y firent place. Barrère y resta comme une représentation de l’ancien comité, mais Robespierre en fut élu membre ; Saint-Just, Collot d’Herbois, Billaud Varennes, soutenus par lui, comprimèrent leurs collègues Hérault de Séchelles et Robert Lindet : Saint-Just se chargea de la surveillance, Couthou d’adoucir dans leurs formes les propositions trop violentes dans le fond, Billaud Varennes et Collot d’Herbois dirigèrent le proconsulat des départemens, Carnot s’occupa de la guerre, Cambon des finances, Prieur (de la Côte-d’Or), et Prieur (de la Marne) des travaux intérieurs et administratifs ; et Barrère, bientôt rallié à eux, devint l’orateur journalier du parti. Quant à Robespierre, sans avoir de fonction précise, il veillait à tout, commandant à ce corps politique, comme la tête commande au corps matériel, et en fait agir chaque membre à sa volonté.

C’était dans ce parti que la révolution s’était incarnée, il la voulait avec toutes ses conséquences, pour que le peuple pût un jour jouir de tous ses résultats.

Ce parti avait à lutter contre deux autres, l’un voulait le dépasser, l’autre le retenir. Ces deux partis étaient :

Celui de la commune, représenté par Hébert ;

Celui de la Montagne, représenté par Danton.

Hébert popularisait dans le père Duchesne l’obscénité du langage, l’insulte y suivait les victimes, le rire les exécutions. En peu de temps, ses progrès furent redoutables ; l’évêque de Paris et ses vicaires abjurèrent le christianisme. Le culte catholique fut remplacé par celui de la Raison, les églises furent fermées ; Anacharsis Cloots devint l’apôtre de la nouvelle déesse. Le comité de salut public s’effraya de la puissance de cette faction ultra-révolutionnaire qu’on avait cru tombée avec Marat, et qui s’appuyait sur l’immoralité et l’athéisme ; Robespierre se chargea seul de l’attaquer. Le 5 décembre 93, il l’affronta à la tribune, et la Convention, qui avait forcément applaudi aux abjurations sur la demande de la commune, décréta, sur la demande de Robespierre, qui avait aussi sa religion à établir, que toutes violences et mesures contraires à la liberté des cultes étaient défendues.

Danton, au nom du parti modéré de la Montagne, demandait la cessation du gouvernement révolutionnaire ; le vieux Cordelier, rédigé par Camille Desmoulins, était l’organe du parti. Le comité de salut public, c’est-à-dire la dictature, n’avait été, selon lui, créé que pour comprimer au dedans, et vaincre au dehors ; et comme il croyait avoir comprimé à l’intérieur et vaincu à la frontière, il demandait qu’on brisât un pouvoir, à son avis devenu inutile, afin que plus tard il ne devînt pas dangereux ; la révolution avait abattu, et il voulait rebâtir sur un terrain qui n’était pas encore déblayé.

C’étaient ces trois factions qui, au mois de mars 94, époque à laquelle se passe notre histoire, se partageaient l’intérieur de la Convention. Robespierre accusait Hébert d’athéisme et Danton de vénalité ; puis à son tour il était accusé par eux d’ambition, et le mot dictateur commençait à circuler.

Voilà donc quel était l’état des choses, lorsque Marceau, comme nous l’avons dit, vit pour la première fois Danton, se faisant de l’orchestre une tribune, et jetant à ceux qui l’entouraient de puissantes paroles. On jouait la Mort de César ; une espèce de mot d’ordre avait été donné aux Dantonistes, ils se trouvaient tous à cette représentation, et sur un signal donné par leur chef en se levant, ils devaient faire à Robespierre une application des vers suivans :

Oui, que César soit grand, mais que Rome soit libre.
Dieu ! maîtresse de l’Inde, esclave au bord du Tibre,
Qu’importe que son nom commande à l’univers,
Et qu’on l’appelle reine alors qu’elle est aux fers ?
Qu’importe à ma patrie, aux Romains que tu braves,
D’apprendre que César a de nouveaux esclaves ?
Les Persans ne sont pas nos plus fiers ennemis ;
Il en est de plus grands : je n’ai pas d’autre avis.

Et voilà pourquoi Robespierre, qui avait été prévenu par Saint-Just, était ce soir au Théâtre de la Nation, car il comprenait quelle arme serait entre les mains de ses ennemis, s’ils parvenaient à populariser l’accusation qu’ils portaient contre lui.

Cependant Marceau le cherchait vainement dans cette salle ardemment éclairée, où la ligne seule des baignoires restait dans une demi-obscurité à cause de la saillie que les galeries faisaient au-dessus d’elles, et ses yeux, fatigués de cette investigation inutile, retombaient à tout moment sur le groupe de l’orchestre, dont la conversation bruyante attirait l’attention de toute la salle.

— J’ai vu notre dictateur aujourd’hui, disait Danton. On a voulu nous réconcilier.

— Où vous êtes-vous rencontrés ?

— Chez lui ; il m’a fallu monter les trois étages de l’incorruptible.

— Et que vous êtes-vous dit ?

— Que je savais toute la haine que me portait le comité, mais que je ne le redoutais pas. Il me répondit que j’avais tort, qu’il n’y avait pas de mauvaises intentions contre moi, mais qu’il fallait s’expliquer.

— S’expliquer, s’expliquer ! c’est bien avec des gens de bonne foi.

— C’est justement ce que je lui ai répondu, alors ses lèvres se sont pincées, son front s’est plissé, j’ai continué : Certes il faut comprimer les royalistes, mais il faut ne frapper que des coups utiles, et ne pas confondre l’innocent avec le coupable. — Eh ! qui vous a dit, a repris Robespierre avec aigreur, qu’on ait fait périr un innocent ? — Qu’en dis-tu ? pas un innocent n’a péri ! me suis-je écrié en m’adressant à Hérault de Séchelles qui était avec moi, et je suis sorti.

— Et Saint-Just était-il là ?

— Oui.

— Que disait-il ?

— Il passait sa main dans ses beaux cheveux noirs, et de temps en temps arrangeait le nœud de sa cravate sur celui de Robespierre.

Le voisin de Marceau, dont la tête était appuyée sur ses deux mains, tressaillit, et fit entendre cette espèce de sifflement qui passe entre les dents serrées d’un homme qui se contient ; Marceau n’y prit pas autrement garde, et reporta son attention sur Danton et ses amis.

— Le muscadin, disait Camille Desmoulins en parlant de Saint-Just, il s’estime tant, qu’il porte sa tête avec respect sur ses épaules comme un Saint-Sacrement.

Le voisin de Marceau écarta ses mains ; il reconnut la figure douce et belle de Saint-Just, pâle de colère. — Et moi, dit celui-ci en se levant de toute sa hauteur, Desmoulins, je te ferai porter la tienne comme un saint Denis. — Il se retourna, on s’écarta pour le laisser passer, et il sortit du balcon.

— Eh ! qui le savait si près, dit Danton en riant. Ma foi, le paquet est arrivé à son adresse.

— À propos, dit Philippeaux à Danton, as-tu vu le pamphlet de Laya contre toi ?

— Comment, Laya fait des pamphlets ! qu’il refasse l’Ami des Lois ; je serais curieux de le lire, le pamphlet s’entend.

— Le voici. Philippeaux lui présenta une brochure.

— Eh ! il a signé, pardieu. Mais il ne sait donc pas que s’il ne se sauve dans ma cave, on lui coupera le cou. Chut, chut, voilà la toile qui se lève.

Le mot chut se prolongea dans toute la salle, un jeune homme qui n’était point de la conjuration continuait cependant une conversation particulière, quoique les acteurs fussent en scène. Danton étendit le bras, lui toucha l’épaule du bout du doigt, et avec une courtoisie où il y avait une légère teinte d’ironie. — Citoyen Arnault, lui dit-il, laisse-moi écouter comme si on jouait Marius à Minturnes. Le jeune auteur avait trop d’esprit pour ne pas écouter une prière faite en ces termes ; il se tut, et le silence le plus parfait permit d’écouter une des plus mauvaises expositions qu’il y ait au théâtre, celle de la Mort de César.

Cependant, malgré ce silence, il était évident qu’aucun membre de la petite conjuration que nous avons signalée n’avait oublié le motif pour lequel il était venu ; des coups-d’œil s’échangeaient, des signes se croisaient et devenaient plus fréquens au fur et à mesure que l’acteur approchait du passage qui devait provoquer l’explosion. Danton disait tout bas à Camille : C’est à la scène III, et il répétait les vers en même temps que l’acteur, comme pour hâter son débit, lorsque vinrent ceux-ci, qui les précèdent :

César, nous attendions de ta clémence auguste,.
Un don plus précieux, une faveur plus juste,.
Au-dessus des états donnés par ta bonté ?
César.
Qu’oses-tu demander, Cimber ?
Cimber.
Qu’oses-tu demander, Cimber ? La liberté.

Trois salves d’applaudissemens les accueillirent. — Voilà qui va bien, dit Danton, et il se leva à demi.

Talma commença :

Oui, que César soit grand, mais que Rome soit libre.

Danton se leva tout-à-fait, jetant autour de lui un regard de général d’armée, qui veut s’assurer que chacun est à son poste, quand tout à coup ses yeux s’arrêtèrent sur un point de la salle : la grille d’une baignoire venait de se soulever ; Robespierre y passait dans l’ombre sa tête aiguë et livide. Les yeux des deux ennemis s’étaient rencontrés, et ne pouvaient se détacher les uns des autres ; il y avait dans ceux de Robespierre toute l’ironie du triomphe, toute l’insolence de la sécurité. Pour la première fois, Danton sentit une sueur froide couler par tout son corps ; il oublia le signal qu’il devait donner : les vers passèrent sans applaudissemens ni murmure ; il retomba vaincu : la grille de la baignoire se releva, et tout fut fait. Les guillotineurs l’emportaient sur les septembriseurs. 93 fascinait 92.

Marceau, dont l’esprit préoccupé s’occupait de tout autre chose que de la tragédie, fut peut-être le seul qui vit, sans la comprendre, cette scène, qui ne dura que quelques secondes ; cependant il eut le temps de reconnaître Robespierre ; il se précipita hors du balcon, il arriva à temps pour le rencontrer dans le corridor.

Il était calme et froid comme si rien ne s’était passé ; Marceau se présenta à lui et se nomma. Robespierre lui tendit la main : Marceau, cédant à un premier mouvement, retira la sienne. Un sourire amer passa sur les lèvres de Robespierre.

— Que voulez-vous donc de moi, lui dit-il ?

— Une entrevue de quelques minutes.

— Ici ou chez moi ?

— Chez toi.

— Viens alors. Et ces deux hommes, agités d’émotions si différentes, marchaient à côté l’un de l’autre : Robespierre, indifférent et calme ; Marceau, curieux et agité.

C’était donc là l’homme qui tenait entre ses mains le sort de Blanche ; l’homme dont il avait tant entendu parler, dont l’incorruptibilité seule était évidente, mais dont la popularité devait paraître un problème. En effet, il n’avait, pour la conquérir, employé aucun des moyens qui avaient été mis en œuvre par ses prédécesseurs ; il n’avait ni l’éloquence entraînante de Mirabeau, ni la fermeté paternelle de Bailly, ni la fougue sublime de Danton, ni l’ordurière faconde d’Hébert ; s’il travaillait pour le peuple, c’était sourdement et sans en rendre compte au peuple. Au milieu du nivellement général du langage et du costume, il avait conservé son langage poli et son costume élégant[2] ; enfin, autant les autres prenaient de peine pour se confondre dans la foule, autant lui semblait en prendre pour se maintenir au-dessus d’elle ; et l’on comprenait, à la première vue, que cet homme singulier ne pouvait être pour la multitude qu’une idole ou une victime : il fut l’une et l’autre.

Ils arrivèrent ; un escalier étroit les conduisit à une chambre située au troisième ; Robespierre l’ouvrit : un buste de Rousseau, une table sur laquelle étaient ouverts le Contrat social et l’Émile, une commode et quelques chaises, formaient tous les meubles de cet appartement. Seulement, la propreté la plus grande régnait partout.

Robespierre vit l’effet que produisit cette vue sur Marceau. — Voici le palais de César, lui dit-il en souriant ; qu’avez-vous à demander au dictateur ?

— La grâce de ma femme, condamnée par Carrier.

— Ta femme, condamnée par Carrier ! la femme de Marceau ! le républicain des jours antiques ! le soldat de Sparte ? Que fait-il donc à Nantes ?

— Des atrocités. Marceau lui traça alors le tableau que nous avons mis sous les yeux du lecteur. Robespierre, pendant ce récit, se tourmentait sur sa chaise, sans l’interrompre ; cependant Marceau se tut.

— Voilà donc comme je serai toujours compris, dit Robespierre d’une voix enrouée, car l’émotion intérieure qu’il venait d’éprouver avait suffi pour opérer ce changement dans sa voix, partout où mes yeux ne sont pas pour voir, et ma main pour arrêter un carnage inutile… Il y a bien cependant assez du sang qu’il est indispensable de répandre, et nous ne sommes pas au bout.

— Eh bien donc ! Robespierre, la grâce de ma femme.

Robespierre prit une feuille de papier blanc : — Son nom de fille ?

— Pourquoi ?

— Il m’est nécessaire pour constater l’identité.

— Blanche de Beaulieu.

Robespierre laissa tomber la plume qu’il tenait. — La fille du marquis de Beaulieu, le chef des brigands ?

— Blanche de Beaulieu, la fille du marquis de Beaulieu.

— Et comment se fait-il qu’elle soit ta femme ? Marceau lui raconta tout.

— Jeune fou ! jeune insensé ! lui dit-il ; devais-tu… Marceau l’interrompit : — Je ne te demande ni injures ni conseils ; je te demande sa grâce, veux-tu me la donner ?

— Marceau, les liens de famille, l’influence de l’amour, ne t’entraîneront jamais à trahir la république ?

— Jamais.

— Si tu te trouvais, les armes à la main, en face du marquis de Beaulieu ?

— Je le combattrais comme je l’ai déjà fait.

— Et s’il tombait entre tes mains ?

Marceau réfléchit un instant. — Je te l’enverrais, et toi-même serais son juge.

— Tu me jures cela ?

— Sur l’honneur.

Robespierre reprit la plume. — Marceau, lui dit-il, tu as eu le bonheur de te conserver pur à tous les yeux : depuis long-temps je te connais, depuis long-temps je désirais te voir. — S’apercevant de l’impatience de Marceau, il écrivit les trois premières lettres de son nom, puis s’arrêta. — Écoute, à mon tour, dit-il, en le regardant fixement, je te demande cinq minutes : je te donne une existence tout entière pour ces cinq minutes ; c’est bien payé. — Marceau fit signe qu’il écoutait. Robespierre continua : — On m’a calomnié près de toi, Marceau, et cependant tu es un de ces hommes rares desquels je désire être connu ; car que m’importe le jugement de ceux que je n’estime pas ? Écoute donc : trois assemblées ont tour à tour agité les destins de la France, se sont résumées dans un homme, et ont accompli la mission dont le siècle les avait chargées : la Constituante, représentée par Mirabeau, a ébranlé le trône ; la Législative, incarnée en Danton, l’a abattu. L’œuvre de la Convention est immense, car il faut qu’elle achève d’abattre et qu’elle commence à rebâtir. J’ai là une haute pensée, c’est de devenir le type de cette époque, comme Mirabeau et Danton ont été les types de la leur ; il y aura dans l’histoire du peuple français trois hommes représentés par trois chiffres : 91, 92, 93. Si l’Être suprême me donne le temps d’achever mon œuvre, mon nom sera au-dessus de tous les noms ; j’aurai fait plus que Licurgue chez les Grecs, que Numa à Rome, que Washington en Amérique ; car chacun d’eux n’avait qu’un peuple naissant à pacifier, et moi j’ai une société vieillie qu’il faut que je régénère… Si je tombe, mon Dieu ! épargnez-moi un blasphème contre vous à ma dernière heure… Si je tombe avant le temps voulu, mon nom, qui n’aura accompli que la moitié de ce qu’il avait à faire, conservera la tache sanglante que l’autre partie eût effacée : la révolution tombera avec lui, et tous deux seront calomniés… Voilà ce que j’avais à te dire, Marceau, car je veux en tous cas qu’il y ait quelques hommes qui gardent vivant et pur mon nom dans leur cœur, comme la flamme de la lampe dans le tabernacle, et tu es un de ces hommes.

Il acheva d’écrire son nom.

— Maintenant, voici la grâce de ta femme… Tu peux partir sans même me donner la main. — Marceau la lui prit, et la serra avec force ; il voulut parler, mais il y avait trop de larmes dans sa voix pour qu’il pût articuler une parole, et ce fut Robespierre qui lui dit le premier : Allons, il faut partir, il n’y a pas un instant à perdre, au revoir.

Marceau s’élança sur l’escalier ; le général Dumas montait comme il descendait. — J’ai sa grâce, s’écria-t-il en se jetant dans ses bras ; j’ai sa grâce, Blanche est sauvée… — Félicite-moi à mon tour, lui répondit son ami : je viens d’être nommé général en chef de l’armée des Alpes, et je viens en remercier Robespierre. — Ils s’embrassèrent. Marceau se jeta dans la rue, courut vers la place du palais Égalité, où sa voiture l’attendait, prête à repartir avec la même vitesse qui l’avait amenée.

De quel poids son cœur était soulagé ! que de bonheur l’attendait ! que de félicités après tant de douleurs ! Son imagination plongeait dans l’avenir ; il voyait le moment où du seuil du cachot il crierait à sa femme : Blanche, tu es libre par moi ; viens, Blanche, et que ton amour et tes baisers acquittent la dette de la vie.

De temps en temps cependant une inquiétude vague traverse son esprit, un tressaillement subit frappe son cœur, alors il excite les postillons, promet de l’or, le prodigue, en promet encore : les roues brûlent le pavé ; les chevaux dévorent le chemin, et cependant à peine s’il trouve qu’ils avancent ! partout des relais sont préparés, point de retard ; tout semble partager l’agitation qui le tourmente. En quelques heures il a laissé derrière lui Versailles, Chartres, le Mans, la Flèche ; il aperçoit Angers ; tout à coup il éprouve un choc terrible, épouvantable : la voiture renversée se brise ; il se relève meurtri, sanglant, sépare d’un coup de sabre les traits qui attachent l’un des chevaux ; s’élance rapidement sur lui, gagne la première poste, y prend un cheval de course, et continua sa route avec plus de rapidité encore.

Enfin, il a traversé Angers, il aperçoit Ingrande, atteint Varades, dépasse Ancenis ; son cheval ruisselle d’écume et de sang. Il découvre Saint-Donatien, puis Nantes, Nantes ! qui renferme son âme, sa vie, son avenir. Quelques instans encore, il sera dans la ville, il en atteint les portes : son cheval s’abat devant la prison du Bouffays ; il est arrivé, qu’importe ?

— Blanche ! Blanche !

— Deux charrettes viennent de sortir de la prison, répond le guichetier ; elle est sur la première…

— Malédiction ! et Marceau s’élance à pied, au milieu du peuple, qui se presse, qui court vers la grande place. Il rejoint la dernière des deux charrettes ; un des condamnés le reconnaît : — Général, sauvez-la, sauvez-la… Je ne l’ai pas pu, moi, et j’ai été pris… Vive le roi et la bonne cause ! c’était Tinguy.

— Oui, oui !… Et Marceau s’ouvre un chemin ; la foule le heurte, le presse, mais l’entraîne ; il arrive sur la grande place avec elle : il est en face de l’échafaud, il agite son papier en criant : Grâce ! grâce !

En ce moment, le bourreau, saisissant par ses longs cheveux blonds la tête d’une jeune fille, présentait au peuple ce hideux spectacle ; la foule, épouvantée, se détournait avec effroi, car elle croyait lui voir vomir des flots de sang !… Tout à coup, au milieu de cette foule muette, un cri de rage, dans lequel semblent s’être épuisées toutes les forces humaines, se fait entendre : Marceau venait de reconnaître entre les dents de cette tête, la rose rouge qu’il avait donnée à la jeune Vendéenne.


Alexandre Dumas.


  1. Voyez la première livraison de juillet
  2. La mise habituelle de Robespierre est si connue, qu’elle est presque devenue proverbiale. Le 20 prairial, jour de la fête de l’Être-Suprême, dont il était le pontife, il était vêtu d’un habit bleu barbeau, d’un gilet de mousseline brodé, posé sur un transparent rose ; une culotte de satin noir, des bas de soie blancs, et des souliers à boucle complétaient ce costume. Ce fut avec le même habit qu’on le porta à l’échafaud.