La Pucelle d’Orléans
Œuvres complètes de VoltaireGarniertome 9 (p. 310-319).

CHANT XX


Argument.- Comment Jeanne tomba dans une étrange tentation ; tendre témérité de son âne ; belle résistance de la Pucelle.


L’homme et la femme est chose bien fragile ;
Sur la vertu gardez-vous de compter :
Ce vase est beau, mais il est fait d’argile,
Un rien le casse : on peut le rajuster,
Mais ce n’est pas entreprise facile.
Garder ce vase avec précaution,
Sans le ternir, croyez-moi, c’est un rêve :
Nul n’y parvient ; témoin le mari d’Ève,
Et le vieux Loth, et l’ aveugle Samson,
David le saint, le sage Salomon,
Et vous surtout, sexe doux, sexe aimable,
Tant du nouveau que du vieux Testament,
Et de l’histoire, et même de la fable.
Sexe dévot, je pardonne aisément
Vos petits tours et vos petits caprices,
Vos doux refus, vos charmants artifices ;
Mais j’avouerai qu’il est de certains cas,
De certains goûts que je n’excuse pas.
J’ai vu parfois une bamboche, un singe,
Gros, court, tanné, tout velu sous le linge,
Comme un blondin caressé dans vos bras :
J’en suis fâché pour vos tendres appas.
Un âne ailé vaut cent fois mieux peut-être
Qu’un fat en robe et qu’un lourd petit-maître.
Sexe adorable, à qui j’ai consacré
Le don des vers dont je fus honoré,
Pour vous instruire il est temps de connaître

L’erreur de Jeanne, et comme un beau grison
Pour un moment égara sa raison :
Ce n’est pas moi, c’est le sage Trithème,
Ce digne abbé, qui vous parle lui-même.



Le gros damné de père Grisbourdon,
Terrible encor au fond de sa chaudière,
En blasphémant cherchait l’occasion
De se venger de la Pucelle altière,
Par qui là-haut d’un coup d’estramaçon
Son chef tondu fut privé de son tronc.
Il s’écriait : " O Belzébuth ! mon père,
Ne pourrais-tu dans quelque gros péché
Faire tomber cette Jeanne sévère ?
J’y crois, pour moi, ton honneur attaché. "
Comme il parlait, arriva plein de rage
Hermaphrodix au ténébreux rivage,
Son eau bénite encor sur le visage.
Pour se venger, l’amphibie animal
Vint s’adresser à l’auteur de tout mal.
Les voilà donc tous les trois qui conspirent
Contre une femme. Hélas ! le plus souvent,
Pour les séduire il n’en fallut pas tant.
Depuis longtemps tous les trois ils apprirent
Que Jeanne d’Arc dessous son cotillon
Gardait les clefs de la ville assiégée,
Et que le sort de la France affligée
Ne dépendait que de sa mission.
L’esprit du diable a de l’invention :
Il courut vite observer sur la terre
Ce que faisaient ses amis d’Angleterre ;
En quel état et de corps et d’esprit
Se trouvait Jeanne après le grand conflit.
Le roi, Dunois, Agnès alors fidèle,
L’âne, Bonneau, Bonifoux, la Pucelle,
Étaient entrés vers la nuit dans le fort,
En attendant quelque nouveau renfort.
Des assiégés la brèche réparée
Aux assaillants ne permet plus l’entrée.
Des ennemis la troupe est retirée.
Les citoyens, le roi Charle, et Bedfort,
Chacun chez soi soupe en hâte et s’endort.
Muses, tremblez de l’étrange aventure

Qu’il faut apprendre à la race future ;
Et vous, lecteur, en qui le ciel a mis
Les sages goûts d’une tendresse pure,
Remerciez et Dunois et Denys,
Qu’un grand péché n’ait pas été commis.



Il vous souvient que je vous ai promis
De vous conter les galantes merveilles
De ce Pégase aux deux longues oreilles,
Qui combattit, sous Jeanne et sous Dunois,
Les ennemis des filles et des rois.
Vous l’avez vu sur ses ailes dorées
Porter Dunois aux lombardes contrées :
Il en revint ; mais il revint jaloux.
Vous savez bien qu’en portant la Pucelle,
Au fond du cœur il sentit l’étincelle
De ce beau feu, plus vif encor que doux,
Ame, ressort, et principe des mondes,
Qui dans les airs, dans les bois, dans les ondes,
Produit les corps et les anime tous.
Ce feu sacré, dont il nous reste encore
Quelques rayons dans ce monde épuisé,
Fut pris aux ciel pour animer Pandore.
Depuis ce temps le flambeau s’est usé :
Tout est flétri ; la force languissante
De la nature, en nos malheureux jours,
Ne produit plus que d’imparfaits amours.
S’il est encor une flamme agissante,
Un germe heureux des principes divins,
Ne cherchez pas chez Vénus Uranie,
Ne cherchez pas chez les faibles humains ;
Adressez-vous aux héros d’Arcadie.



Beaux Céladons, que des objets vainqueurs
Ont enchaînés par des liens de fleurs ;
Tendres amants en cuirasse, en soutane,
Prélats, abbés, colonels, conseillers,
Gens du bel air, et même cordeliers,
En fait d’amour, défiez-vous d’un âne.
Chez les Latins le fameux âne d’or,
Si renommé par sa métamorphose,
De celui-ci n’approchait pas encor :
Il n’était qu’homme, et c’est bien peu de chose.



L’abbé Trithème, esprit sage et discret,

Et plus savant que le pédant Larchet[1],
Modeste auteur de cette noble histoire,
Fut effrayé plus qu’on ne saurait croire,
Quand il fallut, aux siècles à venir,
De ces excès transmettre la mémoire.
De ses trois doigts il eut peine à tenir
Sur son papier sa plume épouvantée ;
Elle tomba : mais son âme agitée
Se rassura, faisant réflexion
Sur la malice et le pouvoir du diable.



Du genre humain cet ennemi coupable
Est tentateur de sa profession ;
Il prend les gens en sa possession ;
De tout péché ce père formidable,
Rival de Dieu, séduisit autrefois
Ma chère mère, un soir au coin d’un bois[2],
Dans son jardin. Ce serpent hypocrite
Lui fit manger une pomme maudite :
Même on prétend qu’il fit encore pis.
On la chassa de son beau paradis.
Depuis ce jour Satan dans nos familles
A gouverné nos femmes et nos filles.
Le bon Trithème en avait dans son temps
Vu de ses yeux des exemples touchants.
Voici comment ce grand homme raconte
Du saint baudet l’insolence et la honte.



La grosse Jeanne, au visage vermeil,
Qu’ont rafraîchi les pavots du sommeil,
Entre ses draps doucement recueillie,

Se rappelait les destins de sa vie.
De tant d’exploits son jeune cœur flatté
A saint Denys n’en donna pas la gloire ;
Elle conçut un grain de vanité.
Denys, fâché, comme on peut bien le croire,
Pour la punir, laissa quelques moments
Sa protégée au pouvoir de ses sens.
Denys voulut que sa Jeanne qu’il aime
Connût enfin ce qu’on est par soi-même,
Et qu’une femme, en toute occasion,
Pour se conduire à besoin d’un patron.
Elle fut prête à devenir la proie[3]
D’un piège affreux que tendit le démon :
On va bien loin sitôt qu’on se fourvoie.



Le tentateur, qui ne néglige rien,
Prenait son temps ; il le prend toujours bien.
Il est partout : il entra par adresse
Au corps de l’âne, il forma son esprit,
Valeur des sons à sa langue il apprit,
De sa voix rauque adoucit la rudesse,
Et l’instruisit aux finesses de l’art
Approfondi par Ovide et Bernard[4].



L’âne éclairé surmonta toute honte ;
De l’écurie adroitement il monte
Au pied du lit où, dans un doux repos,
Jeanne en son cœur repassait ses travaux ;
Puis doucement s’accroupissant près d’elle,
Il la loua d’effacer les héros,
D’être invincible, et surtout d’être belle.
Ainsi jadis le serpent séducteur,
Quand il voulut subjuguer notre mère,

Lui fit d’abord un compliment flatteur :
L’art de louer commença l’art de plaire.



" Où suis-je ? ô ciel ! s’écria Jeanne d’Arc :
Qu’ai-je entendu ? par Saint Luc ! par saint Marc !
Est-ce mon âne ? ô merveille ! ô prodige !
Mon âne parle, et même il parle bien ! "



L’âne à genoux, composant son maintien,
Lui dit : " O d’Arc ! ce n’est point un prestige ;
Voyez en moi l’âne de Canaan :
Je fus nourri chez le vieux Balaam ;
Chez les païens Balaam était prêtre,
Moi j’étais Juif ; et sans moi mon cher maître
Aurait maudit tout ce bon peuple élu,
Dont un grand mal fût sans doute advenu.
Adonaï récompensa mon zèle ;
Au vieil Énoc bientôt on me donna :
Énoc avait une vie immortelle ;
J’en eus autant ; et le maître ordonna
Que le ciseau de la Parque cruelle
Respecterait le fil de mes beaux ans.
Je jouis donc d’un éternel printemps.
De notre pré le maître débonnaire
Me permit tout, hors un cas seulement :
Il m’ordonna de vivre chastement.
C’est pour un âne une terrible affaire.
Jeune et sans frein dans ce charmant séjour,
Maître de tout, j’avais droit de tout faire,
Le jour, la nuit, tout, excepté l’amour.
J’obéis mieux que ce premier sot homme,
Qui perdit tout pour manger une pomme.
Je fus vainqueur de mon tempérament ;
La chair se tut ; je n’eus point de faiblesses ;
Je vécus vierge : or savez-vous comment ?
Dans le pays il n’était point d’ânesses.
Je vis couler, content de mon état,
Plus de mille ans dans ce doux célibat.



" Lorsque Bacchus vint du fond de la Grèce
Porter le thyrse, et la gloire, et l’ivresse,
Dans les pays par le Gange arrosés,
A ce héros je servis de trompette :
Les Indiens par nous civilisés
Chantent encor ma gloire et leur défaite.

Silène[5] et moi nous sommes plus connus
Que tous les grands qui suivirent Bacchus.
C’est mon nom seul, ma vertu signalée,
Qui fit depuis tout l’honneur d’Apulée[6].



" Enfin là-haut, dans ces plaines d’azur,
Lorsque saint George, à vos Français si dur,
Ce fier saint George, aimant toujours la guerre,
Voulut avoir un coursier d’Angleterre ;
Quand saint Martin, fameux par son manteau[7],
Obtint encore un cheval assez beau ;
Monsieur Denys, qui fait comme eux figure,
Voulut, comme eux, avoir une monture :
Il me choisit, près de lui m’appela ;
Il me fit don de deux brillantes ailes ;
Je pris mon vol aux voûtes éternelles ;
Du grand saint Roch[8] le chien me festoya ;
J’eus pour ami le porc de saint Antoine,
Céleste porc, emblème de tout moine ;
D’étrilles d’or mon maître m’étrilla ;
Je fus nourri de nectar, d’ambroisie :
Mais, ô ma Jeanne ! une si belle, vie
N’approche pas du plaisir que je sens
Au doux aspect de vos charmes puissants.
Le chien, le porc, et George, et Denys même,
Ne valent pas votre beauté suprême.
Croyez surtout que de tous les emplois
Où m’éleva mon étoile bénigne,
Le plus heureux, le plus selon mon choix,
Et dont je suis peut-être le plus digne,

Est de servir sous vos augustes lois.
Quand j’ai quitté le ciel et l’empyrée,
J’ai vu par vous ma fortune honorée.
Non, je n’ai pas abandonné les cieux,
J’y suis encor ; le ciel est dans vos yeux. "
A ce discours, peut-être téméraire,
Jeanne sentit une juste colère.
Aimer un âne, et lui donner sa fleur !
Souffrirait-elle un pareil déshonneur,
Après avoir sauvé son innocence
Des muletiers et des héros de France,
Après avoir, par la grâce d’en haut,
Dans le combat mis Chandos en défaut ?
Mais que cet âne, ô ciel ! a de mérite !



Ne vaut-il pas la chèvre favorite
D’un Calabrois, qui la pare de fleurs ?
" Non, disait-elle, écartons ces horreurs.
Tous ces pensers formaient une tempête
Au cœur de Jeanne, et confondaient sa tête,
Ainsi qu’on voit sur les profondes mers
Les fiers tyrans des ondes et des airs,
L’un accourant des cavernes australes,
L’autre sifflant des glaces boréales,
Battre un vaisseau cinglant sur l’Océan
Vers Sumatra, Bengale, ou Ceïlan :
Tantôt la nef aux cieux semble portée,
Près des rochers tantôt elle est jetée,
Tantôt l’abîme est prêt à l’engloutir,
Et des enfers elle paraît sortir.



L’enfant malin qui tient sous son empire
Le genre humain, les ânes, et les dieux,
Son arc en main, planait au haut des cieux,
Et voyait Jeanne avec un doux sourire.
De Jeanne d’Arc le grand cœur en secret
Était flatté de l’étonnant effet
Que produisait sa beauté singulière
Sur le sens lourd d’une âme si grossière.
Vers son amant elle avança la main,
Sans y songer ; puis la tira soudain.
Elle rougit, s’effraye, et se condamne ;
Puis se rassure, et puis lui dit : " Bel âne,
Vous concevez un chimérique espoir ;

Respectez plus ma gloire et mon devoir ;
Trop de distance est entre nos espèces ;
Non, je ne puis approuver vos tendresses ;
Gardez-vous bien de me pousser à bout. "



L’âne reprit : " L’amour égale tout.
Songez au cygne à qui Léda fit fête[9],
Sans cesser d’être une personne honnête.
Connaissez-vous la fille de Minos[10],
Pour un taureau négligeant des héros,
Et soupirant pour son beau quadrupède ?
Sachez qu’un aigle enleva Ganymède,
Et que Philyre avait favorisé
Le dieu des mers en cheval déguisé. "



Il poursuivait son discours ; et le diable,
Premier auteur des écrits de la fable,
Lui fournissait ces exemples frappants,
Et mettait l’âne au rang de nos savants.



Tandis qu’il parle avec tant d’élégance,
Le grand Dunois, qui près de là couchait,
Prêtait l’oreille, était tout stupéfait
Des traits hardis d’une telle éloquence.
Il voulut voir le héros qui parlait,
Et quel rival l’Amour lui suscitait.
Il entre, il voit (ô prodige ! ô merveille !)
Le possédé porteur de longue oreille,
Et ne crut pas encor ce qu’il voyait.



Jadis Vénus fut ainsi confondue,
Lorsqu’en un rets formé de fils d’airain,
Aux yeux des dieux le malheureux Vulcain
Sous le dieu Mars la montra toute nue.
Jeanne, après tout, n’a point été vaincue ;
Le bon Denys ne l’abandonnait pas ;
Près de l’abîme il affermit ses pas ;
Il la soutint dans ce péril extrême.
Jeanne s’indigne et rentre en elle-même :
Comme un soldat dans son poste endormi,

Qui se réveille aux premières alarmes,
Frotte ses yeux, saute en pied, prend les armes,
S’habille en hâte, et fond sur l’ennemi.



De Débora la lance redoutable
Était chez Jeanne auprès de son chevet,
Et de malheur souvent la préservait.
Elle la prend ; la puissance du diable
Ne tint jamais contre ce fer divin.
Jeanne et Dunois fondent sur le malin.
Le malin court, et sa voix effrayante
Fait retentir Blois, Orléans, et Nante ;
Et les baudets dans le Poitou nourris
Du même ton répondaient à ses cris.
Satan fuyait ; mais dans sa course prompte
Il veut venger les Anglais et sa honte ;
Dans Orléans il vole comme lui trait
Droit au logis du président Louvet.
Il s’y tapit dans le corps de madame :
Il était sûr de gouverner cette âme ;
C’était son bien ; le perfide est instruit
Du mal secret qui tient la présidente,
Il sait qu’elle aime, et que Talbot l’enchante.
Le vieux serpent en secret la conduit
Il la dirige, il l’enflamme, il espère
Qu’elle pourra prêter son ministère
Pour introduire aux remparts d’Orléans
Le beau Talbot et ses fiers combattants :
En travaillant pour les Anglais qu’il aime,
Il sait assez qu’il combat pour lui-même.

  1. Le pédant Larchet mazarinier ridicule, homme de college qui, dans un livre de critique, assure, d’après Hérodote, qu’à Babylone toutes les dames se prostituaient dans le temple par dévotion, et que tous les jeunes Gaulois étaient sodomites. (Note de Voltaire, 1773.) — Larchet désigne P.-H. Larcher. (R.)
  2. Voila comment il convient de parler du diable, et de tous les diables qui ont succéda aux furies, et de toutes les impertinences qui ont succédé aux impertinences antiques. On sait assez que Satan, Belzébuth, Astaroth, n’existent pas plus que Tisiphone, Alecton, et Mégère. Le sombre et fanatique Milton, de la secte des indépendants, détestable secrétaire en langue latine du parlement nommé le Croupion, et détestable apologiste de l’assassinat de Charles 1er, peut, tant qu’il voudra, célébrer l’enfer, et peindre le diable déguisé en cormoran et en crapaud, et faire tenir tous les diables en pygmées dans une grande salle: ces imaginations dégoutantes, affreuses, absurdes, ont pu plaire à quelques fanatiques comme lui. Nous déclarons que nous avons ces facéties abominables en horreur. Nous ne voulons que nous réjouir. (Note de Voltaire, 1773.)
  3. M. Louis du Bois a remarqué avec raison qu'aujourd'hui l'on dirait près de, ce qui d'ailleurs offrirait un sons plus honnête ; mais l'usage contraire était établi du temps de Voltaire. Il dit même positivement (Commentaire sur Corneille, les Horaces, act. I, sc. i, v. 3) que « près de veut un substantif ». L'inconvcnient qu'offre le vers, objet de cette note, de laisser planer quelque doute sur la pureté des désirs de Jeanne, était moins grave sans doute à ses yeux que le rapprochement cacophonique des deux syllabes de: « près de devenir ». (R.)
  4. Bernard, auteur de l'opéra de Castor et Pollux, et de quelques pièces fugitives, a fait un Art d'aimer comme Ovide, mais cet ouvrage n’est pas encore
    imprimé. (Note de Voltaire, 1773.) — Le poëme de l’Art d'aimer, qui était encore inédit lorsque Voltaire écrivait cette note, fut publié en 1775, avcc quelques autres poésies du même auteur. (R )
  5. C'est l'âne de Silène, qui est assez connu; on tient qu'il servit le trompette. (Note de Voltaire, 1762.)
  6. L'âne d'Apulée ne parla point; il ne put jamais prononcer quee oh et non : mais il eut une bonne fortune avec une dame, comme on peut le voir dans l’Apuleius en deux volumes in-4o « cum notis, ad usum Delphini ». Au reste, on attribua de tout temps les mêmes sentiments aux bêtes qu'aux hommes. Les chevaux pleurent dans l'Iliade et dans l'Odyssée ; les bêtes parlent dans Pilpay, dans Lokman, et dans Ésope, etc. (Id., 1762.)
  7. Les hérétiques doivent savoir que le diable, demandant l'aumône à Martin, ce Martin qui donna la moitié de son manteau. [Id., 1773.)
  8. Saint Roch, qui guérit de la peste, est toujours peint avec un chien ; et saint Antoine est toujours suivi d'un cochon. (Id., 1762.) — Tous les bons chrétiens connaissent l'aigle de saint Jean, le bœuf de saint Luc et les autres bêtes du paradis. (K.)
  9. Léda, ayant donne ses faveurs à son cygne, accoucha de deux œufs. (Note de Voltaire, 1762.)
  10. Pasiphaé, amoureuse d’un taureau, en eut le Minotaure. Philyre eut d’un cheval le centaure Chiron, précepteur d’Achille : ce ne fut point Neptune, mais
    Saturne, qui prit la forme d’un cheval; notre auteur se trompe en ce point. Je ne nie pas que quelques doctes ne soient de son avis. (Id., 1702.)