La Peinture en Belgique/Jan van Eeckele (aliàs van Eeck)

G. van Oest (volume 1 : les créateurs de l’art flamand et les maîtres du XVe siècle ; Écoles de Bruges, Gand, Bruxelles, Tournai.p. 163-164).

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Jan v)an Ecckek (alias v»an Eeck).

La Mater Dolorosa de la cathédrale Saint-Sauveur de Bruges (Fig. CXXV) n'est point sans quelque ressemblance avec la Vierge de la Piéta du Saint-Sang. Les deux œuvres gardent l'accent brugeois tout en révélant les traces du pathétique de plus en plus prononcé de l'école anversoise. La Mater Dolorosa est postérieure à la Piéta et serait l'interprétation d'une œuvre perdue de Quentin Metsys, peinte avant i5oo et dont il existe d'autres copies. Une ancienne tradition attribue le tableau de Saint-Sauveur à Jean van Eyck. M. Hulin ayant relevé sur cette Mater "Dolorosa les lettres / et E reliées par un V, propose d'identifier l'auteur avec Jan van Eeckcle qui vivait dans le deuxième quart du xvi' siècle et que les actes désignent parfois sous le nom de Jan van Eeck (très près de van Eyck comme on voit) et même de Van der Heke.

M. Hulin a rassemblé quelques renseignements sur cet artiste. Il fut reçu franc-maître dans la Confrérie de Saint-Luc et de Saint-Éloi à Bruges, en septem- bre j534, comme étranger sous le nom de Jan Van der Heke. Il avait déjà acquis la maîtrise ailleurs. Van Mander, qui en fait mention, nous apprend qu'on l'appelait Petit- Jean, (Klein HanskenJ, qu'il exécutait de bons portraits, qu'il excellait à peindre le paysage d'après nature et introduisait parfois dans ses sites l'image de la Vierge, mais de moyenne grandeur. Le chroniqueur du Scbilderboek signale chez son oncle. 164 LES PRIMITIFS FLAMANDS

Claude van Mander, un cabinet muni de vantaux sur lesquels van Eeckele (le Livre des Peintres dit Vereycke) avait peint son oncle avec sa femme et ses enfants.

Le monogramme J. V. E. a été retrouvé également sur une Vision de saint Bernard du Musée de Tournai qui montre la Madone couronnée par trois anges exquis et contemplée par saint Bernard. Cette œuvre, très archaïsante, est d'un style sensi- blement différent, à notre avis, de celui de la Mater Dolorosa de Saint-Sauveur. Celle-ci, frès largement traitée avec son ample manteau bleu ramené sur sa tête, apparaîtrait comme un tableau caractéristique de noire première Renaissance, n'était le fond d'or — d'ailleurs lourdement restauré — qui lui conserve un aspect de « primitif- »

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