La Nouvelle-Calédonie (F. Girard)

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La Nouvelle-Calédonie.


Plusieurs journaux ont annoncé, et la nouvelle n’est malheureusement que trop exacte, le massacre de plusieurs Français dans la Nouvelle-Calédonie. Voici quelques détails sur ce funeste événement :

À sept milles de Port-de-France, M. Bérard, ancien officier d’administration de la marine, et associé d’une maison commerciale de Melbourne, avait créé une vaste plantation de sucre dans laquelle il employait beaucoup de monde ; il y recevait un certain nombre de naturels et les traitait avec générosité. Le 19 janvier, un de ses domestiques fut rencontré par un natif et tué avec un tomahawh. À cette nouvelle, M. Bérard partit pour s’assurer du fait ; il fut tué à son tour par un chef des naturels qu’il avait presque journellement reçu à sa table. Depuis, on trouva les corps de plusieurs personnes au service de M.  Bérard ; une douzaine d’insulaires des îles Sandwich, au service de ce planteur, ont aussi été impitoyablement assassinés.

Il est à peu près certain que cet événement n’a pas été le résultat d’une conspiration générale de la part des naturels. Pour les nombreuses tribus de la Nouvelle-Calédonie, jalouses les unes des autres et la plupart ennemies, s’unir et comploter est impossible. D’ailleurs, la masse des naturels est sympathique à l’autorité française, et quatre-vingts d’entre eux sont venus camper, avec cinquante soldats français, le lendemain du massacre, sur le lieu où il s’était accompli.

« Il sera difficile, dit le Sydney Herald, de saisir et de punir les meurtriers ; la contrée est montagneuse et couverte d’épaisses forêts. La retraite et la résistance y sont faciles ; il faudra comparativement un fort grand nombre de troupes pour pénétrer dans l’intérieur, et les forces qui sont dans l’île en ce moment ne dépassent pas cent quarante soldats, auxquels peuvent se réunir les deux ou trois cent hommes embarqués à bord de la frégate en station. Cependant quelque chose doit être et sera tenté, sans doute, avec succès, grâce à l’assistance que les naturels eux-mêmes offrent à l’autorité française. Au besoin, on se procurera des forces à Taïti. »

Quant à la véritable cause de ce massacre, elle n’est pas encore connue.

D’après une opinion généralement répandue, la Nouvelle-Calédonie, où déjà la France a commencé à fonder un établissement, serait, dans un avenir peu éloigné, le pays sur lequel on dirigerait les condamnés à la déportation. Le climat de la Nouvelle-Calédonie est plus favorable à la colonisation que celui de Cayenne.

F. G.


Vue de la rade de Port-de-France (Nouvelle-Calédonie), d’après un croquis communiqué par un officier de l’établissement.