La Mystification fatale/Deuxième Partie/XI


Texte établi par Léandre d’André, Imprimerie André Coromilas (p. 159-162).
§ XI. — Gélasius et les Actes du concile de Nicée.


On lit dans les Actes du concile de Nicée, rédigés par Gélasius, que Léontius, évêque de Césarée, disait à son interlocuteur : « Ευρηται το πνευμα εκπορευομενον εκ του Πατρος, ιδιον δε του Υιου και εξ αυτου αναϐλυζον ημιν ». Je traduis strictement mot à mot : Il y a aussi l’Esprit qui procède du Père, qui est propre au Fils et qui jaillit de Lui vers nous ». Acta Concilii Nicaeni, cap. XX et XXII.) Ce nous, ἡμῖν que nous avons souligné, montre qu’il s’agit ici de l’envoi ou mission temporaire du Saint-Esprit en ce monde, et non de son émission ou procession prééternelle dans la constitution intime de la Divinité triadique. Que fait Beccus de ce texte ? Dans sa compilation des témoignages sur la procession dyadique du Saint-Esprit, en citant ce passage, il retranche le mot ἡμῖν, pour faire accroire qu’il s’agit de l’émanation prééternelle. Il a été suivi dans cette voie délictueuse par tous les déserteurs de l’Orthodoxie ; par les Calekas, les Isidore de Kiew, les Arcadius, les Allatius, dans leurs divers écrits. M. Laemmer avoue indirectement cette falsification[1] ; parlant du mot ἡμῖν : « qu’il s’y trouve, dit-il, ou non, peu importe à la question ; car une fois que le Saint-Esprit est envoyé par le Fils, il doit aussi procéder de Lui ». Tel est le sens de son objection. S’il en était ainsi, quel besoin Beccus avait-il de mutiler le texte authentique en retranchant le mot en question ? Aucun. Pourquoi l’a-t-il donc fait, sinon pour tromper son lecteur ? Le mot ιδιον proprium, auquel M. Laemmer se réfugie, ne lui sert de rien, car Léontius lui-même, établit très-bien la distinction entre les mots : ιδιον proprium et εϰπορευομενον procedens. Mais admirez la pénétration du savant Allemand : L’un des deux frères est envoyé par l’autre en mission, comme il est envoyé aussi par le père commun, cela d’après M. Laemmer, démontre que ce second frère doit sa naissance, non seulement au Père, mais aussi à son frère.


  1. II. In Ioannis Vecci Collectione sententiarum ex Sanctorum scriptis (Συναγωγη ρησεων γραφιϰων), quibus Latinorum dogma stabilitur, pag. 104 verba exstant sequentia : Εν τοις πραϰτιϰοις της εν Νιϰαια πρωτης Συνοδου, εν οις ειπον οι πατερες δια του Επισϰοπου Λεοντιου προς τον Φιλοσοφον, ευρηται το πνευμα εϰπορευομενον εϰ του πατρος, ιδιον δε του υιου, ϰαι εξ αυτου αναϐλυζον (In actis primae Nicaenae Synodi, in quibus dixerunt Patres per Episcopum Leontium ad Philosophum, reperitur Spiritus procedens a Patre, sed proprius esse Filii, et ab ipso emanans). Textus Arcudianus congruit cum Codice Vaticano Graeco 677 p. 63 sq. Leontii autem Caesariensis dicta, ad quae Veccus respicit, Celasius Cyzicenus Lib. II Actorum primae Synod cap. XXII iuxta Codicem Vaticanum 830 (Συνταγμα των ϰατα την εν Νιϰαια αγιαν συνοδον πραχθεντων, ad marg. Γελασιου του Κυζιϰηνου) fol. 36 sic exhibet : Αποϰρισις των αυιων ημων πατερων δια του επισϰοπου Λεοντιου προς τον φιλοσιφον. Δεχου μιαν θεοτητα πατρος… ϰαι του υιου… ϰαι του αγιου πνευματος, του εϰπορευομενου εξ αυτου του πατρος, ιδιου δε οντος του υιου, ϰαθα φησιν ο θειος αποστολος Παυλος ει πνευμα Χριστου ουϰ εχει, ουτος ουϰ εστιν αυτου… ϰαι το πνευμα δε το αυιον… εϰπομευομενον μεν εϰ του πατρος, ιδιον δε ον του υιου, ϰαθαπερ ανωτερω απεδειξαμεν, οτι δε εξ αυτου αναϐλυζον ημιν εστι, σαφεστατα εν ευαγγελιοις εδιδαζεν αθτος ο ϰυριος, ειπων εαν τις διφα, ερχεσθω προς με ϰτλ. Me non monente, Veccum unusquisque videt haud voluisse Leontii integram orationem reddere, sed ex ea dumtaxat illud excerpere, quod processionem Spiritus Sancti concernit. Ast monachus Baturinensis patriarcham Constantinopolitanum arguit mutilati codicis Actorum Synodi Nicaenae ; nec aliam propter rationem, nisi quod hic voculam ἡμῖν omiserit. Sernikavius autem non argumentatur, sed audacter calumniatur, odio plenus in Veccum sanctae unionis defensorem strenuum. Qui absque partium studio Acta Nicaeni integra perpendit, non potest quin confiteatur patriarcham Constantinopolitanum Leontii sensum quam maxime fideliter expressisse ; omissio vel additio voculae ἡμῖν nihil ad rem facit, quum aperte dicatur το πνευμα ιδιον του υιου quumque ex Filio emanans nobis communicetur.