La Mélancolie (Guaita)

Rosa MysticaAlphonse Lemerre, éditeur (p. 215-216).


La Mélancolie


À Jean Moréas.


Sur le parvis de mosaïque, où des opales
S’animent, par instants, d’un vague et doux regard,
Éparses dans l’azur des turquoises très pâles, —
La Fée est descendue en robe de brocart.

Ses blonds cheveux, cendrés d’argent, sont avec art
Réfrénés par un peigne où des perles royales
Fleurissent ; — et, là-haut, les étoiles rivales
Scintillent, et la Lune est à son premier quart.


C’est ici que, foulant des gemmes constellées,
Sur un trône — parmi ses âmes-sœurs voilées,
Pour rêver, chaque nuit, Elle se vient asseoir.

Sans causes, jusqu’à l’aube, en silence Elle pleure.
Si belle, qu’on se sent languir, rien qu’à la voir,
D’un poison savoureux — et dont il faut qu’on meure !


Août 1884.