La Lanterne magique/Camées parisiens/12

Petites Études : La Lanterne magique
G. Charpentier, éditeur (p. 199-200).
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Première douzaine

12. — DÉJAZET

Une joie, une gaieté, un délire, une raillerie, une chanson, vingt ans éternels, la fatuité de Lauzun, l’esprit de Richelieu, la curiosité de don Juan ! Ces regards savent tout ; si elles le voulaient, ces lèvres minces et longues pourraient tout dire. L’œil est petit, charmant, effronté, le front pensif, le menton malin, la femme légère comme une plume, l’imagination rapide comme une flamme. Si nous n’étions pas devenus des croque-morts, Déjazet s’appellerait chez nous : Gaudriole ! Elle peut encore s’appeler : Gaieté et Bon Sens. Son esprit est le gamin qui se moque d’un temps abêti ; son corps ! elle en a le moins possible. Elle n’en a pas besoin, elle n’en a jamais eu besoin, elle voltige comme un couplet et comme une strophe ailée. On peut la loger et la coucher dans le gant d’un cavalier. D’ailleurs, Déjazet est fée et passe, quand elle le veut, par le trou d’une aiguille.


Mesdames, ici finit la première Douzaine des Camées Parisiens. — L’humble lapidaire a de son mieux entremêlé les figures d’hommes et de femmes dans l’intérêt de la variété, et il continue patiemment son travail, qui est de ciseler des babioles au son de la flûte légère, comme Amphion, au son du luth, bâtissait des villes !