Petites Études : La Lanterne magique
G. Charpentier, éditeur (p. 57-58).
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Troisième douzaine

XXXVI. — PARESSE

Louis Felter est à demi couché sur un divan de soie grise brodée de fleurs pâles. Sur ce même divan, non loin de lui, est étendue sa belle maîtresse Lydie, vêtue seulement d’un transparent peignoir de gaze et les cheveux dénoués. Tout près, sur une table de nacre couverte d’un moelleux tapis persan aux couleurs effacées, le poète voit réunis le livre de Leconte de Lisle qu’il préfère entre tous, et toutes les fumeries, et des roses coupées, et des boissons glacées préparées dans les verres avec des chalumeaux de paille. Pour se procurer la volupté qu’il choisira, il n’a qu’à étendre la main ; mais il ne l’étend pas. Il aime mieux se bercer des sonorités d’un vers de Baudelaire qui lui chante dans la tête, et qu’il va se rappeler tout à l’heure. Et même, toute réflexion faite, il aime encore mieux ne pas se rappeler le doux vers envolé et ne rien faire du tout, et ne consentir que très faiblement — à avoir lieu !