La Légende dorée/Saint Gorgon et saint Dorothée

La Légende dorée (1261-1266)
Traduction par T. de Wyzewa.
Perrin et Cie (p. 508).
CXXXI


SAINT GORGON ET SAINT DOROTHÉE, MARTYRS
(9 septembre)


Gorgon et Dorothée étaient, à Nicomédie, les chefs de la troupe qui gardait le palais de Dioclétien. Mais, pour pouvoir suivre plus librement leur maître divin, ils se démirent de leur fonction et se proclamèrent chrétiens. Ce qu’entendant, l’empereur fut désolé à la pensée de perdre d’aussi nobles et dévoués serviteurs. Mais comme ni les menaces, ni les flatteries ne parvenaient à les émouvoir, il les fit étendre sur le chevalet, fit déchirer leurs corps avec des fouets et des griffes de fer, fit jeter du vinaigre et du sel dans leurs intestins perforés ; puis comme ils n’en éprouvaient aucun mal, il les fit mettre sur un gril ; et ils avaient l’impression d’être couchés sur un lit de fleurs. Alors Dioclétien les fit pendre, et laissa leurs corps en pâture aux chiens et aux loups. Mais les corps demeurèrent intacts jusqu’au moment où les fidèles purent les recueillir. Ce martyre eut lieu en l’an du Seigneur 280.

Longtemps après, le corps de saint Gorgon fut transporté à Rome. Plus tard encore, en l’an 763, l’évêque de Metz, neveu du roi Pépin, fit transporter ce corps en Gaule et l’ensevelit au monastère de Gorgocie.