La France socialiste/Définitions préliminaires

F. Fetscherin et Chuit (p. v--).


DÉFINITIONS PRÉLIMINAIRES


Les socialistes ont donné à certains mots un sens spécial et précis. Il faut les définir avant de les écrire :

1oLa nature est l’ensemble des choses qui existent par elles-mêmes sans avoir été produites par personne. C’est la terre et toutes les forces naturelles (sol, sous-sol, forêts, plantes, animaux, fleuves, océans, atmosphère, toute la matière).

2oLe travail est l’effort de l’homme pour faire servir à son usage la matière et les forces naturelles.

3oLe capital est l’ensemble des moyens de production naturels et artificiels : matières premières, outils et machines, usines, moyens de transport et de circulation. Tout ce qui peut être mis en œuvre par le travail de l’homme pour servir à ses besoins est capital. Le capital, dans la terminologie socialiste, comprend aussi l’ensemble des découvertes, des inventions, des applications à l’industrie des forces naturelles faites par l’humanité dans tous les âges.

4oLa richesse est constituée par l’accumulation des produits du travail.

Ainsi une machine à fabriquer des boîtes de sardines est un capital. Cent mille boîtes de sardines sont une richesse.

5oLe capitaliste est donc l’homme qui détient des moyens de travail : terre, outils ou machines.

6oLe travailleur, ou prolétaire ou ouvrier est celui qui met en œuvre, moyennant un salaire le capital d’autrui, celui qui emploie sa force de travail à faire produire, avec les moyens de production mis dans sa main par le capitaliste, une richesse qu’il ne gardera pas intégralement, sur laquelle il n’aura qu’une part, le capitaliste gardant l’autre.

7oEst capitaliste quiconque retire un profit du travail d’autrui.

8oBourgeois est synonyme de capitaliste, comme prolétaire est synonyme de travailleur.

9oQuiconque travaille moyennant un salaire payé par autrui est travailleur. L’ingénieur qui touche cinquante mille francs de salaire à la caisse d’une Société de mines n’est pas capitaliste. Il est un travailleur salarié, au même titre que le mineur à cinq francs par jour.

10oEst exploité quiconque est salarié, car le patron qui salarie retient pour lui une part du produit du travail du salarié.