La Forêt de Rennes/30. Quatre contre un

La Forêt de Rennes
Legrand et Crouzet (Tome IIIp. 152-158).
XXX
QUATRE CONTRE UN.


Jude avait été introduit, comme nous l’avons dit, par la vieille femme de charge et avait attendu son maître sur le lit de camp qui se trouvait dans un coin de la chambre.

Il s’était fort étonné lorsqu’il avait vu Didier, endormi, apporté par deux valets, et son inquiétude avait redoublé ; mais il était resté coi, afin de n’être point aperçu.

À plusieurs reprises, quand les valets furent partis, il appela son maître à voix basse. Celui-ci, plongé dans un sommeil de plomb, n’eut garde de lui répondre. Le breuvage que lui avait versé maître Alain durant le souper était un narcotique puissant, mélangé à forte dose au vin de Guyenne, si bien apprécié par M. de Béchameil.

Ce silence obstiné mit une lugubre appréhension dans l’esprit de Jude.

— C’est étrange ! pensa-t-il. Serait-ce un cadavre que ces hommes viennent d’apporter ?

— Il se leva doucement et posa la main sur le cœur du jeune homme qui battait fort tranquillement.

— Il dort, se dit Jude avec un soupir de soulagement. Que Dieu lui donne un long et tranquille sommeil !

Ce souhait devait être rempli outre mesure.

Au moment où Jude regagnait sa couche, le fracas de l’attaque éclata de toutes parts. Le vieil écuyer prit son épée, et se tint prêt à tout événement.

Au bout de quelques minutes, il entendit un bruit de pas dans le corridor et saisit quelques mots de la conversation des quatre assassins.

Il faut pourtant l’éveiller, dit-il. — Capitaine ! capitaine !

Ce disant, il secoua rudement Didier, qui demeura inerte et comme mort. Le brave écuyer, de guerre las, prit son parti et se plaça devant le lit.

— Si c’est Pelo Rouan, pensa-t-il, je l’adjurerai au nom de Treml, — et d’ailleurs, Pelo Rouan ne frappera pas un homme endormi… mais si ce n’est pas Pelo Rouan ?

En guise de réponse à cette embarrassante question, Jude tira son épée et se mit en garde. Au même instant, la porte fut ouverte et donna passage aux estafiers de Vaunoy.

Pour être plus vieux de vingt ans, Jude Leker n’avait point perdu cette robuste et martiale apparence qui avait jadis donné à réfléchir aux roués de la suite du régent. Dans la position qu’il avait prise devant le lit du capitaine, sa grande taille se développait dans toute sa hauteur et montrait, à la vacillante clarté de la lanterne, le vigoureux dessin de ses formes athlétiques. Sur son visage régnait ce calme profond qui, lorsqu’un homme est en face du péril, annonce une détermination indomptable. Son regard restait lourd, presque apathique, et chacun de ses muscles gardait une immobilité profonde.

Au seul nom de Jude, Lapierre crut deviner une alarmante complication. La présence de l’ancien écuyer de Treml auprès du capitaine rendait plus irrévocable, s’il est possible, l’arrêt de mort qui pesait sur ce dernier, car cette réunion avait quelque chose de providentiel, et donnait une force nouvelle aux motifs que Vaunoy avait de redouter Didier.

Le premier mouvement de Lapierre fut donc d’ordonner l’attaque ; mais un coup d’œil sur la ferme et menaçante attitude du vieil écuyer retint cet ordre sur sa lèvre. Il connaissait de réputation Jude, qui avait passé autrefois pour le plus vaillant homme d’armes du pays rennais, et ce qu’il voyait de lui n’était point fait pour démentir sa renommée. Jude était seul, mais des quatre estafiers deux étaient des valets pris pour faire nombre ; le troisième, maître Alain, vieillard débile et usé par une ivrognerie de chaque jour, chancelait déjà sous le poids d’une ivresse fort avancée, le quatrième enfin, qui était Lapierre en personne, pouvait, poussé à bout, ne pas être un adversaire à dédaigner ; mais la guerre n’était point son fait en définitive, il ne combattait jamais qu’au pis-aller.

De sorte que les forces ennemies, sans se balancer exactement, n’étaient pas non plus trop inégales.

Maître Alain était au flanc de Jude, à bonne distance, il est vrai ; Lapierre faisait face, et les deux valets se trouvaient entre ce dernier et le majordome.

Lapierre baissa son épée et remit son poignard à sa ceinture après avoir hésité quelques instants. Tandis qu’il hésitait, ses sourcils s’étaient légèrement froncés ; mais il reprit bientôt son insouciance.

— Mon compagnon, dit-il à Jude d’un ton délibéré, le vénérable maître d’hôtel de la Tremlays prétend vous reconnaître pour un ancien serviteur de la maison. À ce titre, je me déclare fort joyeux de faire votre connaissance… Voulez-vous, s’il vous plaît, nous livrer passage, afin que nous puissions accomplir notre tâche ?

Jude ne répondit point et demeura immobile.

— Mon compagnon, reprit Lapierre, nous sommes quatre et vous êtes seul… En outre, si vous voulez prendre la peine d’ouvrir vos oreilles, vous ne douterez point que nous n’ayons dans le château de nombreux auxiliaires.

Le fracas redoublait en effet ; les Loups avaient fait irruption à l’intérieur. C’était un vacarme assourdissant, qui eût éveillé un homme. — Pourtant le capitaine dormait toujours.

— Mon compagnon, dit pour la troisième fois Lapierre, qui prit un ton caressant et envoya un rapide coup d’œil à ses gens, — je serais fâché d’agir envers vous de violence, mais…

Il n’acheva pas.

Les cinq épées lancèrent à la fois cinq gerbes d’étincelles. Il y eut un court cliquetis. Maître Alain tomba sur ses genoux en poussant un gémissement sourd, et l’un des valets mesura le sol au milieu d’une mare de sang.

Jude, qui s’était fendu deux fois coup sur coup, se remit en garde.

Lapierre recula ainsi que le second valet. Le mauvais succès de la traîtreuse attaque qu’il avait tentée, au moment même où il semblait vouloir parlementer, le déconcerta quelque peu, et il jeta un piteux regard sur ses compagnons.

— Vertudieux ! grommela-t-il, ce n’est pas trop de quatre, en effet… Lève la lanterne, Jacques.

La lumière tomba d’aplomb sur le justaucorps de Jude, et Lapierre poussa un cri de joie. Le vieil écuyer restait droit et ferme, mais son sang coulait abondamment par trois blessures. L’assaut n’était pas aussi mauvais que Lapierre l’avait cru d’abord.

— Il ne s’agit que d’attendre, reprit celui-ci, qui recouvra aussitôt sa froide insouciance, — du diable s’il reste un quart d’heure debout avec ces trois saignées… Attention, Jacques ! il est à nous… Fais comme moi ; accule-toi au mur et reste en garde… Quand ce brave garçon tombera, nous achèverons notre besogne.

Jacques obéit. Lapierre et lui s’acculèrent au mur. Maître Alain et l’autre valet gisaient sans mouvement et morts, suivant toute apparence.

Jude envisagea sa situation avec tout le calme de son stoïque courage : sa situation était désespérée ; il se sentait faiblir de minute en minute ; ses forces s’en allaient avec son sang. Une fois, le bruit que faisaient les Loups s’approcha dans la direction de la chambre ; Jude eut une lueur d’espoir.

— Pelo Rouan ! cria-t-il, — au secours !

Il aimait mieux un ennemi loyal que ces misérables, soudoyés pour assassiner.

Mais le bruit s’éloigna, et Pelo Rouan ne vint pas.

— Holà ! dit Lapierre ; le charbonnier se mêle-t-il aussi de protéger l’orphelin ?… heureusement il est à trop bonne distance pour entendre… et, puisque ce brave garçon appelle ainsi les absents, c’est signe que sa cervelle déloge… Il a chancelé, sur ma foi !

Jude se redressa vivement, mais Lapierre ne s’était point trompé. Il avait chancelé.

— Ah ça ! murmura l’ancien saltimbanque, c’est un taureau que cet écuyer. Il a déjà perdu plus de sang qu’il n’y en a dans mes veines, et il est encore debout. Si l’autre allait finir son somme, nous serions ici à terrible fête !

Jude pâlissait et haletait.

— Éveillez-vous, monsieur le capitaine ! cria-t-il d’une voix affaiblie déjà. — Éveillez-vous !

— Pourquoi ne pas lui donner le nom de son père, mon compagnon ? demanda Lapierre avec ironie. — Allons ! ne te gêne pas… Ce nom, prononcé en ce lieu, aurait peut-être une vertu magique !

Jude ne comprenait point. Il mit la main sur l’une de ses blessures afin d’arrêter le sang ; mais Lapierre, impitoyable et pressé d’en finir, simula une attaque qui le força de se remettre en garde. Le sang coula de nouveau.

— Éveillez-vous monsieur, éveillez-vous ! cria encore Jude, qui s’appuya, épuisé, aux colonnes du lit.

Didier dormait toujours.

Jude, à bout de forces, lâcha son épée, glissa le long du lit et tomba dans son sang.

— Dieu n’a pas voulu que je mourusse pour Treml ! murmura-t-il avec un douloureux regret.

— Et pour qui donc, mon brave garçon ? s’écria Lapierre en éclatant de rire. Est-ce que, par hasard, tu ne saurais pas ?… Ce serait une excellente plaisanterie.

Un méchant sourire crispa la lèvre du saltimbanque, tandis qu’il parlait ainsi. Il s’approcha de Jude, qui respirait avec effort et ne bougeait plus.

— Mon compagnon, dit-il en lui tâtant le pouls, tu as encore trois minutes à vivre pour le moins. Veux-tu que je te conte une histoire ?… Bien, bien ! qui ne dit mot consent, et je suis sûr que tu as très-grand désir d’entendre mon histoire… retiens-toi de mourir, cela va t’amuser. Un soir, figure-toi, je passais par la forêt de Rennes, j’étais charlatan de mon métier et j’avais besoin d’un enfant… Ton pouls a l’air de vouloir s’éteindre : un peu de patience, que diable ! Sur le revers d’un fossé, j’aperçus une jolie petite créature emmaillotée de peaux de lapins. Je laissai les peaux de lapins, mais j’emportai l’enfant, qui faisait justement mon affaire… Une fois à Paris… Aurais-tu dessein de me fausser compagnie ? J’abrège… Cet enfant grandit ; le hasard le fit échappera ma tutelle ; il devint page de M. le comte de Toulouse, puis gentilhomme de sa chambre, puis… À la bonne heure, voici ton pouls qui recommence à battre comme il faut… Puis capitaine de la maréchaussée… Devines-tu ?

Une légère et furtive couleur monta au visage de Jude, qui néanmoins demeura immobile et garda ses yeux fermés.

— Tu ne devines pas ? reprit Liipierre. Eh bien ! je vais te mettre les points sur les i afin que tu t’en ailles content dans l’autre monde. Cela t’expliquera en même temps pourquoi nous sommes ici de la part d’Hervé de Vaunoy… L’enfant que je trouvai dans la forêt avait nom Georges Treml.

À peine Lapierre avait-il prononcé ce nom qu’il poussa un cri de rage et de douleur.

Un mouvement d’incommensurable joie venait d’emplir le cœur de Jude et galvanisait son agonie. Le bon écuyer, retrouvant vie pour un instant au nom adoré du fils de son maître, avait étreint, par un suprême effort, la gorge du saltimbanque qu’il tenait renversé sous lui.

— Au secours, Jacques ! râla celui-ci.

Jacques s’avança, mais pas assez vite. Jude avait ramassé son épée et la plongea de toute sa force dans la poitrine de Lapierre — Puis, s’appuyant d’une main aux colonnes du lit, il reçut le choc du dernier valet.

C’était encore un champion redoutable que Jude Leker à sa dernière heure. Le valet, grièvement blessé dès les premières passes, jeta son arme et s’enfuit.

Jude se traîna jusqu’à la lanterne qui, éteinte à demi et oubliée par terre, éclairait d’une lueur faible et intermittente les résultats de cette scène de carnage. Il la prit, ranima sa flamme, et, s’aidant de ses mains, il regagna le lit où Didier, subissant toujours l’effet du narcotique, dormait son léthargique sommeil.

Ce fut avec une peine infinie que le bon écuyer, rassemblant tout ce qui lui restait de force, parvint à se relever. Il s’appuya d’une main sur les matelas, de l’autre dirigea l’âme de la lanterne sur le visage de Didier.

Le capitaine était couché sur le dos, dans la position où l’avaient placé les valets de Vaunoy. Il n’avait point bougé depuis lors. La lumière de la lanterne tomba d’aplomb sur ses traits hardis et réguliers.

Jude se mourait, mais sa joie atteignait au délire. Il contempla un instant Didier endormi. Une extatique allégresse illumina sa simple et honnête physionomie, tandis que deux larmes brûlantes sillonnaient lentement le hâle de ses joues.

— C’est lui, murmura-t-il enfin ; que Dieu le sauve et le bénisse !… Voilà bien le beau front de Treml ! et ces yeux fermés, — je m’en souviens maintenant, — sont bien ceux d’un Breton… hardis et hautains !… Oh ! c’est un beau soldat, que le dernier fils de Treml ! C’est un digne rejeton du vieil arbre… Si je l’avais reconnu plutôt !…

Il prit la main de Didier et se pencha sur elle, ne pouvant la soulever jusqu’à sa lèvre.

— Monseigneur !… mon fils ! poursuivit-il avec une passion si ardente que les dernières gouttes de son sang loyal remontèrent à sa joue, — éveillez-vous afin que je vous salue du vaillant nom de vos pères ! éveillez-vous, enfant de Treml… votre vie sera belle et glorieuse désormais, monsieur Georges…

Il s’arrêta ; son regard exprima une profonde terreur.

— Mon Dieu ! mon Dieu ! cria-t-il d’une voix sourde ; il dort et je vais mourir, emportant son secret, son bonheur… tout ce que Dieu vient de lui rendre !

Un amer désespoir avait remplacé l’allégresse de Jude. Il regardait son jeune maître avec des yeux découragés. La vie l’abandonnait : il le sentait, et c’était pour lui une accablante angoisse que de faire défaut pour ainsi dire au dernier Treml, que de l’abandonner en ce moment suprême, où un seul mot, prononcé et entendu, lui rendait fortune et noblesse.

— Je ne veux pas mourir, reprit-il avec effort ; — ce serait trahison ! Il faut que je vive pour le servir et pour l’aimer… Arrête-toi donc, mon sang : tu es à lui, tout à lui… Je deviens fou ! Notre-Dame de Mi-Forêt, sainte mère du Christ, ayez pitié ! Qu’il s’éveille ! ou que je vive un jour encore ! Sainte-Vierge ! la mort est sur moi… j’ai peur !

Le malheureux vieillard tremblait dans son agonie et avait besoin de ses deux mains pour se retenir aux couvertures du lit. Une minute se passa durant laquelle il souffrit un martyre que nous n’essayerons pas de dépeindre. Puis ses mains glissèrent lentement le long des couvertures.

— Éveille-toi ! éveille-toi ! râla-t-il… — Écoute !… Écoutez-moi, mon aimé seigneur… Oh ! vous m’entendez bien, n’est-ce pas ?… Il y a dans le creux du chêne de la Fosse-aux-Loups un parchemin et de l’or… Tout cela est à vous, Georges Treml… à vous… moi, je suis un mauvais serviteur… je meurs quand vous auriez besoin que je vive… Pardonnez-moi ! pardonnez-moi !…

Ses jambes fléchirent ; il tomba pesamment à la renverse en prononçant une dernière fois le nom idolâtré de son jeune maître.

Didier dormait toujours.

Un silence de mort régna dans la chambre durant quelques minutes. La lanterne, demeurée sur le lit, jetait encore par intervalles de tristes lueurs sur cette scène de désolation.

Tout à coup on entendit un long et retentissant bâillement. L’un des cadavres s’agita et se mit à étirer ses membres, comme on fait après un long sommeil.

Ce cadavre était celui de maître Alain, le majordome, lequel n’avait d’autre blessure qu’un large trou fait à son pourpoint. Le vieux buveur était tombé au choc de Jude, et, moitié par frayeur, moitié par ivresse, il ne s’était point relevé. Or, on sait qu’un homme ivre, si poltron qu’il puisse être, s’endormirait à dix pas de la roue d’une locomotive. Maître Alain s’était endormi.

En s’éveillant, son premier soin fut de donner une marque d’affection à sa bouteille carrée. Il ne se souvenait de rien. Après avoir avalé une ample rasade, il se leva, chancelant, et plus ivre que jamais.

— Pourquoi diable suis-je hors de mon lit ? se demanda-t-il.

Un coup d’œil jeté autour de soi lui rendit la mémoire.

— Ho ! ho ! dit-il ; la bataille est finie… Voici mon vieux compagnon Jude dans l’état où je le désirais… Et ce jeune coquin de Georges Treml ! il dort comme un bienheureux… Ma foi ! je vais achever la besogne…

Il prit son poignard et s’avança laborieusement vers le lit, non sans dire un mot en chemin à sa bouteille, afin de se donner du courage. Au milieu de la chambre il trébucha contre le corps de Lapierre.

— Tiens ! gronda-t-il, le voilà qui dort aussi !… Lapierre ! viens m’aider, mon garçon.

Lapierre n’avait garde de répondre. Maître Alain se pencha sur lui et lui mit le goulot de son flacon carré dans la bouche.

— En veux-tu ? demanda-t-il suivant sa coutume.

L’eau-de-vie se répandit à terre. Maître ALain se releva.

— Il ne boira plus ! dit-il avec solennité.

Au moment où il arrivait à portée du lit, il s’arrêta pour écouter une voix douce, mais éplorée, qui chantait dans la cour, sous la fenêtre, un couplet de la romance d’Arthur de Bretagne.

— Joli moment pour chanter ! murmura-t-il.

La voix s’interrompit et prononça tout bas avec un accent désolé :

— Didier !… mon Didier !

— Présent ! dit en riant le majordome. Allons ! un autre couplet !

La douce voix de jeune fille, comme si elle eût voulu obéir à cet ordre ironique, reprit cette partie de la complainte qui raconte les douleurs de la duchesse Constance de Bretagne, et chanta d’une voix pleine de larmes :

Elle cherchait, dans sa détresse,
La forteresse
Où l’Anglais tenait enfermé
Son bien-aimé.

Puis elle dit encore :

— Didier, mon Didier !… où es-tu ?

Le vieux majordome, réduit à l’état d’enfance par son ivresse, s’approcha curieusement de la fenêtre pour voir la chanteuse ; mais au même instant, la porte s’ouvrit, et une vive lumière inonda la chambre.

Maître Alain se retourna.

Il vit Alix de Vaunoy pâle, l’œil égaré, tenant à la main un flambeau. Elle aussi prononça d’une voix étouffée les mêmes mots que la chanteuse :

— Didier ! mon Didier !

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