La Fleur d’Or/Le Rêve

La Fleur d’OrAlphonse Lemerre, éditeurvol. 3 (p. 59).
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Le Rêve


 
Cette nuit je révais. Sous une forteresse
Mon corps était couché (le rêve sait pourquoi),
Et bombes et boulets, lancés avec adresse,
Tombaient incessamment, tombaient autour de moi ;
Tant que je m’écriai : « Si le ciel ne m’assiste,
Mon heure va sonner ; à mon âge c’est triste ! »
Résigné, j’attendais un des terribles coups :
« Qu’il vienne enfin, qu’il vienne et creuse aussi ma tombe. »
Mais rien ne m’atteignait, car ma mère, à genoux,
Écartait en priant le boulet et la bombe.