La Fleur d’Or/La Chanson de l’Ermite

La Fleur d’OrAlphonse Lemerre, éditeurvol. 3 (p. 188-189).


La Chanson de l’Ermite


En Cornouailles.


La chaumière où seul j’habite
Est petite,
Mais elle est près d’un étang
Et d’un bois jeune et flottant
Qui l’abrite.

Dés le matin sous mon chaume
Tout embaume.
Mes deux volets sont ouverts :
Du chanvre et des genêts verts
Quel arôme !
 
Lorsque la chaleur arrive,
Quand le givre
Se cache au fond du blé noir,
Je puise à mon réservoir.
Une eau vive.

 
Enfin la fraîcheur retombe,
La colombe
Roucoule sur ma maison ;
Moi, j’entonne une oraison :
Le jour tombe.

Ainsi je vis en ermite.
Dans mon gîte,
D’eau, de parfum, de chanson ;
Et la nuit je dis ton nom,
Marguerite !

Marguerite, ô pèlerine
Blanche et fine.
En regagnant ton manoir.
Dans mon clos viens donc t’asseoir
En voisine.