La Fleur d’Or/Camées

La Fleur d’OrAlphonse Lemerre, éditeurvol. 3 (p. 167-168).


Camées



I


alice


Lorsque arriva le jour de sa vingtième année,
Elle pleura ! Longtemps vers son passé tournée,
Où de sa vie en fleur le parfum nous troubla,
Blanches illusions, colombes matinales,
Rire et pleurs enfantins, jeux, grâces virginales,
Longtemps elle vous appela !
Mais, 6 consolateur. Amour, vous étiez là.

II


élia


Élia conduisit l’Amour dans ma maison,
Enfant qui d’un regard vous trouble la raison :
Voix de cristal vibrante en ma mémoire.
Et longs cheveux sur un long col d’ivoire.
Ainsi, par Élia ramené chaque jour.
Entre elle et moi jouait l’enfant qu’on nomme Amour,

Amollissant au miel de sa parole
Notre âme, hélas ! déjà bien faible et molle.
Mais, sitôt qu’il se crut de nous deux triomphant,
Nous vîmes s’assombrir les traits du bel enfant ;
Sa douce voix devint aigre, des rides
Creusaient les bords de ses tempes arides,
Il se traînait vers nous lent, froid, découragé :
En Haine avec le temps l’Amour s’était changé.

III


lucy


Lucy, je te revois plus grande, et dans ton cœur
Pour le troubler encor se glisse la Pudeur.
Oh ! suis bien ses conseils si tu veux être belle !
D’une marche décente apprends l’art auprès d’elle.
Tous les secrets charmants de la virginité :
Comme un voile qui tombe ajoute à la beauté,
Et les mots qu’on peut dire et ceux qu’on peut entendre,
Et lorsque le regard doit être grave ou tendre,
Puis les plaisirs naïfs, la bonté, la candeur ;
Si tu veux être belle, écoute la Pudeur.