La Fleur d’Or/À un Sage

La Fleur d’OrAlphonse Lemerre, éditeurvol. 3 (p. 60).


À un Sage


À Terenzio Mamiani
I


Sur les bords de l’Acqua-Sola,
Sage, vous méditiez plus d’une fraîchc idylle,
À ces riantes fleurs mêlant d’un doigt facile
Celles qu’aux purs sentiers Platon vous révéla :
Un jour le Quirinal vous salua ministre :
(Temps d’espoir et de crainte, aube douce et sinistre !)
Le poète se tut et l’orateur parla.

II


Sur les bords de l’Acqua-Sola,
Quand votre noble voix mourut dans la tempête,
Vous êtes revenu philosophe et poète,
Et l’idylle a souri vous disant : « Me voilà ! »
Ô sainte fleur de l’art que le vulgaire outrage,
Qui, lorsque tout périt, survit seule à l’orage,
Fleur que respirait Dante et qui le consola !