La Fille d’alliance de Montaigne, Marie de Gournay/Appendice D


APPENDICE
D

ÉLOGES ITALIENS
À
MARIE DE GOURNAY

Mademoiselle de Gournay cite César Capaccio[1] et Charles Pinto[2] parmi ses admirateurs étrangers. En effet, dans son Apologie, elle se vante d’avoir été louée « en diverses Provinces, Flandre, Hollande : et dernierement encores d’Italie, par la faveur des Seigneurs César Capacio et Carolo Pinto : qui font cognoistre en leurs Ouvrages, qu’ils ne veulent point laisser flestrir l’ancienne gloire de servir avec honneur les Muses, acquise à ceste grande Region leur mere. » Ces éloges n’ont cependant rien de bien troublant. Ils reposent, à mon sens, uniquement sur les compliments que Juste Lipse adresse à la fille d’alliance de Montaigne, et rien, dans la prose de Capaccio ni dans les vers de Pinto, n’indique que ces deux personnages aient connu l’œuvre de la docte française.

L’ouvrage auquel Marie de Gournay fait allusion est une sorte de dictionnaire des hommes et des femmes illustres classé dans l’ordre alphabétique des prénoms. Chaque biographie ou plutôt chaque éloge est accompagné des vers d’un poète. Pinto a fait la plupart de ces vers qui n’ont d’ailleurs qu’un intérêt de pure curiosité. L’ouvrage de Capaccio porte le titre suivant : Illustrium mulierum, et illustrium virorum elogia, a Julio Cæsare Capacio Neapolitanæ urbi à secretis conscripta. Neapoli, 1608-1609.

Les hommes sont loués dans la première partie de ce livre et les femmes dans la seconde. Mademoiselle de Gournay figure avec honneur dans la liste des Marie, avec Marie sœur de Moïse, Marie-Madeleine, Marie de Médicis et quelques autres femmes célèbres par leur naissance, leur vertu, leur beauté ou leur savoir.

Voici la notice que le secrétaire de la ville de Naples consacre à Marie de Gournay (p. 210-211) :


Maria Gornacensis

Novum monstrum, et nostri sæculi veră Theăno, Lipsius appellat admirabilis ingenii, cultissimæ lectionis, singularis prudentiæ nobilem Virginem in hoc theatro propositam. Maria Gornacensis hæc est, omnibus iis ornata, quæ vix cadere in muliebrem sexum crédit judiciorum ille Princeps ; et quæ dubia incredulitate exploderet, certa fide, variis argumentis in ea est admiratus ; tùm præsertim, quod singulare judicium de magno quodam viro adolescens protulerat. Multa ediscere, innumera posse scribere, delicatæ indolis mulieri dabitur. Sed ϰϱινειν, sed δ............................, obscuras mentis ambages enudare, malè ne, an benè factum sit liberé eloqui, in summo intellectionis fastigio positum est, quod cùm quis attigerit Herculeo labore Antheum vicisse non dubitabit. De Græco hæc idiomate hujusmodi decernit, ut ex ea doctissimi viri judicium quærant ; et Latino tantum excellit, ut paucos ad ejus candorem accedere posse affirment. Quod si cùm Lugdunum esset ventura, concepto voto his verbis ab eodem Lipsio excepta est, O mihi lucem, quà te propius norim ? non enim dicam probius ; adeò satis te nosse videor è pauculis scriptis, atque adeò vel sine scriptis ; cur voti causa, quo me tot virtutibus obstrictum puto ; non datur in eas regiones peregrinatio ?


PINTI



Si nomen Mariæ : quid tibi dulcius ?
Si sermo latius : quid tihi cultius ?
Si quis scripta legat : quid sibi doctius ?
Si quis te videat : quid sibi pulcrius ?
Si quis te audierit : quid sibi gratius ?
Dilesti (sic) superos virgo ? quid altius ?
Si sors parca fuit : quid tibi tutius ?
Duxisti hanc nihili ? quid generosius ?
Te Lypsus celebrat ? quid tibi clarius ?
Laudant Oenotrii ? quid sibi dignius ?

  1. Poète et prosateur, né en Campanie, secrétaire de la ville de Naples, mort en 1631.
  2. Poète et prosateur, né à Héraclée, contemporain du précédent.