Albert Méricant (p. 116-125).
Deuxième partie


IV

UN INSTRUMENT


Vautrin ne tarda pas à être prévenu par la Saint-Estève que tout était prêt suivant son désir.

Aussitôt cet avis reçu, après avoir fait parvenir à sa tante quelques instructions par écrit, il se présentait bourgeoisement et comme un visiteur ordinaire, rue de Verneuil, à l’hôtel du Cantal, et frappait vainement à la porte du jeune Allemand qui lui avait signalé ce rapport de police dont nous avons donné le texte.

S’étant attendu à cette réception négative, Vautrin avait pris ses mesures, et, à la suite d’une assez longue station pendant laquelle, mais toujours avec discrétion, il renouvela ses tentatives pour être introduit, il glissa par-dessous la porte un papier sur lequel était écrit au crayon : « On a à parler à M. Raymond de la part de mademoiselle Beauvisage. »

Le piège pour un amoureux était à peu près inévitable ; un peu de remuement se fit à l’intérieur de la chambre, puis Vautrin vit la porte s’entr’ouvrir, et, au moyen d’une forte poussée, qui acheva de lui donner passage, il eut accès chez le soupçonneux étranger.

— Monsieur, lui dit-il, je n’ignore rien de ce qui vous rend si peu accueillant pour les gens qui peuvent avoir affaire à vous ; vous vous livrez à une industrie occulte et dangereuse, et vous allez, si vous le voulez bien, me remettre les preuves de votre coupable fabrication ; inutilement, vous avez pris la peine de les soustraire à mon arrivée.

Le Prussien devint pâle, et balbutia une dénégation.

— Ce n’est pas d’aujourd’hui que je vous guette, continua M. Saint-Estève ; l’an dernier, à Saint-Sulpice, vous m’avez glissé dans les mains. Il fallait profiter de cette faveur de votre étoile et ne pas revenir tenter le diable. La police, depuis votre retour, est sur vos traces, et la preuve qu’elle s’est utilement mise en quête, c’est qu’elle vous sait, non seulement occupé à la confection de faux billets des banques étrangères, mais encore filant le parfait amour avec la charmante personne sur le nom de laquelle vous avez tiré pour moi vos verrous.

Pendant que Vautrin parlait, il remarqua que les yeux du jeune homme se tournaient du côté d’une commode dont le tiroir était entr’ouvert ; quelque apprenti dans les œuvres de police se serait figuré que dans ce meuble étaient déposées les pièces de conviction demandées ; mais un homme expérimenté comme Vautrin ne s’y trompa pas. Allant à ce tiroir qu’il ferma violemment :

— Mon petit monsieur, dit-il, l’idée d’une résistance est tout à fait inutile. Si vous avez des armes, j’en ai aussi.

Et, en parlant ainsi, il tirait de sa poche deux pistolets, dits coups-de-poing, et en prit un de chaque main.

Pendant qu’il faisait ce mouvement, le jeune blondin en avait fait un autre. Il s’était élancé vers la porte, l’avait brusquement ouverte, et était presqu’aux trois quarts dehors, quand la main de fer de Vautrin, le retenant par la basque d’une veste de chasse qu’il portait, le força à se réintégrer dans la chambre.

— Voyons, jeune homme, dit Vautrin ; mon intention était que les choses se passassent en douceur ; vous allez me forcer à faire un esclandre. La maison est cernée, et vous ne sauriez pas faire un pas dans la rue sans tomber aux mains de mes agents qui ne vous traiteraient pas, eux, avec les égards que j’entends y mettre. Votre tentative d’évasion en dit plus sur votre culpabilité que toutes les pièces de conviction du monde. Finissons-en. Remettez-moi tous les objets en question, ou je fais monter mon monde. Vous sera-t-il agréable qu’après vous avoir mis les menottes, on fouille en votre présence tous les recoins de votre chambre !

Le prisonnier ne répondant rien et continuant de jeter autour de lui des regards désespérés :

— Jeune comme vous l’êtes, reprit Vautrin, vous devez encore avoir une mère ?

Les yeux de l’étranger se remplirent de larmes.

— À cause d’elle, continua M. Saint-Estève, je veux vous sauver… oui vous sauver quoique vous me regardiez avec un air d’ébahissement ; mais une franchise absolue peut seule vous assurer mon intérêt. Avouez d’abord, et donnez-moi, de bonne volonté, les preuves que je vous demande ; vous ne savez pas ensuite quels desseins on peut avoir sur vous.

— Vous êtes monsieur Saint-Estève ; je vous connais dit le graveur se décidant à parler.

— Parbleu ! tout le monde me connaît.

— C’est vous qui, dans le temps, avez été sur le point de faire la fortune du jeune Lucien de Rubempré ?

— Oui, jeune homme, et je l’avais ramassé dans une situation pire que la vôtre : au moment où je le rencontrai il était sur le point de piquer une tête dans la Charente, à un endroit où les plus fins nageurs étaient sûrs de rester.

— Ce n’est pas étonnant, remarqua le graveur, que vous ayez été bienveillant pour lui, il était, dit-on, si beau, que tout le monde s’intéressait à lui.

— Mais, mon garçon, répondit Vautrin, vous n’êtes déjà pas trop mal, et il paraît que mademoiselle Beauvisage vous trouve assez de son goût.

— Pouh ! fit le jeune blondin, mademoiselle Beauvisage, une amusette qui ne mène à rien.

— Qui ne mène à rien ? répéta Vautrin, peste ! soixante mille livres de rente en dot : on ne trouve pas tous les jours sur son chemin de pareilles impasses.

— Oui, mais elle est la promise (l’expression allemande) d’un homme en crédit.

— Joli ! son crédit, répliqua Jacques Collin en haussant les épaules, un intrigant, qui s’est fait des ennemis mortels, et qui n’a pas un ami ! Vous, au contraire, vous avez un protecteur puissant.

— Moi ! quelqu’un me protège ?

— Mais, sans cela, pensez-vous que je prendrais avec vous les mitaines que, depuis un quart d’heure, vous me voyez aux mains ?

— Mais qui donc me veut du bien ? demanda le graveur.

— Une parente respectable, qui vous attend avec impatience pour vous embrasser.

— J’ai à Paris une parente ?

— Une femme immensément riche, chez laquelle vous allez vous rendre de ma part, après toutefois que vous aurez eu soin de couper votre barbe, qui vous donne l’air d’un insurgé. Maintenant, livrez-moi tous vos ustensiles et allez retrouver madame votre tante, la comtesse douairière de Werchauffen, rue de la Bienfaisance, no 33. Je vais, moi, rester ici à instrumenter, dressant procès-verbal, comme si je n’avais pas trouvé le sieur Raymond. Ce soir, baron de Werchauffen, je vous verrai au domicile que je viens de vous indiquer, et nous nous expliquerons mieux.

Le Prussien commença à prendre confiance : il pensa que sans doute on voulait lui donner un rôle dans une intrigue plus ou moins honnête ; mais, avec le métier que nous lui connaissons, et dans la situation désespérée où il se trouvait alors, la perspective de quelque ténébreuse combinaison n’était pas faite pour l’inquiéter beaucoup. Vautrin lui paraissait d’ailleurs devoir être de bonne foi, lorsqu’il lui donnait l’ordre de faire disparaître sa barbe, qui, dans son signalement de prévenu, était le signe le plus caractéristique.

— Je suis soupçonneux, dit-il néanmoins, laissez-moi d’abord me raser et faire un peu de toilette ; après, peut-être, nous pourrons causer.

— Faisons mieux, dit Vautrin, vous m’avez l’air d’un gaillard à beaucoup exposer pour vivre dans le luxe et l’abondance. Si vous êtes docile et pas curieux, votre fortune est assurée, et cela sans courir l’ombre d’un danger. On ne vous demande que de vous faire bien venir d’une jolie femme, et déjà vous avez mis les fers au feu. Habillez-vous ; moi je vous laisse. Dès que vous serez pomponné, rendez-vous à l’adresse que je viens de vous donner. Un quart d’heure après votre départ, je reviendrai avec un grand appareil de justice saisir tout votre matériel de faux monnayeur, que vous aurez soin de laisser à ma disposition. Le baron de Werchauffen sera d’autant plus en repos sur le pavé de Paris, que le prussien Schirmer, dit Raymond, se trouvera plus gravement compromis.

Voyant que cette proposition pleine de longanimité laissait encore à son interlocuteur quelque défiance :

— Il me semble cependant, reprit Vautrin, que je suis d’assez bonne composition, car provisoirement je vous donne la clé des champs. Je sais bien si vous n’y alliez pas bon jeu bon argent, que je finirais toujours par vous repincer, mais enfin j’expose plus que vous dans cet arrangement, et ne comprends pas votre hésitation.

— Eh bien ! monsieur, dit le Prussien, j’accepte ; dans une demi-heure, prenez la peine de revenir ; vous êtes sûr, ajouta-t-il naïvement, de ne pas me trouver, mais j’aurai laissé tout mon outillage et tous mes travaux commencés.

— À ce soir, jeune homme, dit M. de Saint-Estève en sortant ; vous vous rappelez, 33, rue de la Bienfaisance. Vous verrez qu’un bel avenir va s’ouvrir devant vous.

Resté seul, le faux monnayeur, après avoir un moment réfléchi, trouva plus sûr de suivre la voie tracée devant lui, que de se constituer en hostilité avec la police qui déjà avait la main sur lui. Il fit donc une toilette élégante, et intrigué, comme on peut le croire, se rendit à l’adresse que Vautrin lui avait donnée.

— Madame la comtesse de Werchauffen ? dit-il à un valet de chambre d’excellente tenue qui vint lui ouvrir la porte d’une petite maison de bonne apparence, un peu après qu’il eut sonné.

— C’est ici, répondit le valet de chambre, en le conduisant à travers une petite cour sablée, dont un massif d’arbres verts surmonté d’un jet d’eau occupait le milieu.

Après avoir traversé un vestibule pavé en mosaïque, le jeune Allemand monta un escalier garni de tapis, traversa un salon, et arriva à la porte d’une chambre à coucher où le valet de chambre lui demanda qui il aurait l’honneur d’annoncer.

— Le baron de Werchauffen.

À ce nom, jeté avec solennité par le domestique :

— Faites entrer, dit la voix d’une vieille femme que le Prussien trouva en quelque sorte incrustée dans un vaste fauteuil tout matelassé d’oreillers, à la façon de celui du Malade imaginaire.

— Mon neveu, dit la collaboratrice de Vautrin, nous ne nous connaissons pas ; mais M. Saint-Estève, qui m’avait promis de vous retrouver, m’avait annoncé un garçon élégant et de bonnes manières ; je vois qu’il ne m’a pas trompée.

— Madame, dit le jeune Allemand, je ne savais pas avoir à Paris une parente, et j’ai été tout à l’heure bien surpris…

— Quand on vous a parlé de moi, interrompit la prétendue comtesse ; mais bien d’autres surprises vous sont réservées, si vous voulez vous montrer docile à mes conseils et seconder les vues que j’ai depuis longtemps sur vous.

Pour témoigner qu’il entrait bien dans la comédie, et en même temps pour savoir si la respectable tante était la dupe ou la complice de Vautrin, le Prussien, qui était un aventurier de taille à faire sa partie avec les deux grands exécutants auxquels il allait avoir affaire, risqua une question imprudente ; mais il y avait cependant pour lui moyen d’en revenir s’il eût senti la glace lui manquer sous les pieds.

— Comment, demanda-t-il, se porte mon grand-oncle, le commandeur ?

— Nous l’avons perdu l’an passé, répondit sans sourciller la Saint-Estève.

— Et ma cousine, la chanoinesse ? dit encore le Prussien, car enfin, si le diable avait fait qu’il y eût justement un commandeur dans la famille, il ne devait pas s’y trouver, de surcroît et à point, une chanoinesse pour donner raison à toutes ses hasardeuses curiosités.

— Elle se porte à merveille, dit Jacqueline Collin du même ton indifférent : mais toujours ses manies ; elle a maintenant onze chats qui sont tout à fait les maîtres de son appartement. C’est une odeur à n’y pas tenir, et, quand ils sont malades, elle a exprès pour eux un médecin auquel elle fait une rente de trois cents florins.

— Et vous, madame et chère tante, vous êtes toujours tourmentée par votre sciatique ?

— Non, elle me laisse en ce moment un peu de répit ; seulement, je me tiens chaudement, parce que mon docteur me recommande de grands ménagements ; mais vous allez voir, mon neveu, que je marche assez crânement.

Pendant qu’à un coup de sonnette le valet de chambre était entré et avait donné à la prétendue goutteuse, un bec-à-corbin, le Prussien méditait ce mot, peu parlementaire, de crânement, et se demandait quelle pouvait être cette femme dont le langage était si mal en rapport avec les apparences de sa situation sociale.

— Donnez-moi votre bras, mon neveu, dit la Saint-Estève, que je vous fasse voir votre petit établissement.

Après avoir traversé le salon par lequel il était entré, le jeune Allemand fut conduit de l’autre côté du palier dans un appartement où le confortable le plus recherché se montrait marié à l’élégance du meilleur goût.

— Voilà où vous percherez, mon enfant, dit la tante, mais quoique nous soyons porte à porte, vous ne serez pas gêné par le souci des devoirs que vous aurez à me rendre. Vous ne viendrez chez moi que quand je vous ferai appeler ; j’aime à être seule et à ne pas être interrompue dans mes méditations : c’est une manie de vieille femme. Pour vos entrées et sorties de jour et de nuit, vous n’aurez pas à vous occuper de moi : je sais que la jeunesse aime la liberté, et je veux que vous en usiez absolument comme si je n’étais pas dans la maison.

Ces conditions d’existence ne pouvaient être que très agréables à celui auquel on les expliquait.

— Maintenant, continua la Saint-Estève, allons voir vos écuries.

Après qu’en faisant beaucoup de contorsions et de grimaces, la Saint-Estève fut arrivée au bas de l’escalier, elle présenta à son neveu un cocher de tournure anglaise, qui les conduisit à une écurie, où deux chevaux se prélassaient ayant de la litière jusqu’au ventre.

Le Prussien vit ensuite un charmant coupé de la facture la plus moderne :

— Tout cela, lui dit la Saint-Estève, est à vous, et vous n’aurez pas à vous occuper d’en payer l’entretien ; votre valet de chambre et votre cocher seront également à mon compte ; pour vos habits, vos menus plaisirs et votre nourriture, car je mange comme un oiseau et vous feriez avec moi un mauvais régime, vous pouvez compter tous les mois sur cent louis, qui, je pense, vous paraîtront une pension raisonnable. Maintenant, je vous rends votre liberté ; soyez seulement exact ce soir à neuf heures pour avoir une conférence avec M. Saint-Estève ; et, tout en ne vous refusant aucun plaisir, tâchez de vous conduire sagement.

Cette recommandation faite, madame Saint-Estève rentra dans son appartement et le Prussien alla prendre possession du sien.

Le premier objet qui frappa ses yeux en ouvrant le secrétaire de la chambre à coucher, fut un riche porte-monnaie contenant en or et en billets de banque, le premier quartier de la pension mensuelle qui lui avait été annoncée.

Il donna ensuite son attention à une toilette en bois de rose où tous les ustensiles étaient en argent et en ivoire sculpté.

Quand il eut fait la revue de l’appartement, l’apprenti dandy qui, par l’étrange transition tout à coup opérée dans sa vie, pouvait se croire la dupe d’un songe, voulut voir jusqu’à quel point il était obéi par ses domestiques. Il sonna, et aussitôt parut le valet de chambre.

— Faites atteler ! lui dit-il.

Le domestique sorti, le baron de Werchauffen essaya de se recueillir, et il s’occupa de peser le pour et le contre de son aventure jusqu’au moment où son valet de chambre vint annoncer :

— La voiture de monsieur !

Au lieu d’être conduit au dépôt de la préfecture de police, comme il en avait couru la chance, étendu sur les moelleux coussins de son coupé, ce singulier jouet de la destinée et des projets de Vautrin donna l’ordre qu’on le conduisît chez Véry, à la montre duquel il s’était plus d’une fois arrêté avec convoitise, dans le temps où il allait faire emplette d’un humble morceau de fromage chez la fruitière de la rue Servandoni. Après un dîner succulent, arrosé de vin de Champagne, il eût été certainement achever sa soirée à l’Opéra, si, à neuf heures, il n’eût pas eu rendez-vous chez M. de Saint-Estève. Il se donna au moins le plaisir de descendre de son coupé flambant neuf, à la porte de Tortoni, et là, en véritable lycéen, qui ne veut se refuser aucun des grands et petits bonheurs de la vie, il se fit servir un sorbet au marasquin.

La soirée était belle. Tout en fumant un cigare, le lion de nouvelle fabrique foula majestueusement pendant un quart d’heure l’asphalte du boulevard, et, à neuf heures précises il était rendu rue de la Bienfaisance, où déjà Vautrin l’attendait dans son appartement.

— Monsieur le baron, lui dit celui-ci sans faire aucune allusion à leur rencontre de l’après-midi, vous avez peut-être quelque curiosité de savoir par quel côté vous pourriez être agréable à madame votre tante qui a pour vous tant de bontés. Elle a un grand désir de vous voir marié, et, j’ajoute, un grand intérêt personnel qui, plus tard, vous sera expliqué. Sachant déjà ce que vous avez ébauché du côté de mademoiselle Beauvisage, elle donne son entière approbation à votre choix. Tout ce que nous demandons donc de vous, c’est de poursuivre dans la voie où vous avez déjà débuté. La petite personne est pincée, et vous tomberiez bien au-dessous de l’opinion que nous avons de votre intelligence et de votre habileté, si, malgré les engagements qui peuvent avoir été pris avec M. de Trailles, vous ne parveniez pas à le supplanter. Ce futur est en ce moment absent, circonstance pour vous très heureuse. Poussez donc votre pointe, et si vous ne pouvez mieux faire, ma foi ! rendez le mariage inévitable. Tous les moyens sont bons quand le but est avouable.

D’ici à quelques jours, on vous introduira à l’hôtel Beauséant, et avec le train que vous a donné madame la comtesse de Werchauffen, il est impossible que vous y soyez mal accueilli. D’ailleurs, nous avons tous les moyens de vous faire bien venir ; mais rien ne serait possible si vous ne donniez au désir de madame votre tante un concours actif et dévoué ; ainsi, pas de demi-parole : peut-on compter sur vous ?

— Je ferai de mon mieux, dit le jeune Allemand, seulement il y a de grandes difficultés.

— On vous les aplanira. Ne vous occupez que de réussir auprès de mademoiselle Beauvisage. Quand vous aurez achevé ce que vous avez déjà si bien commencé, le reste ira de cire. Je ne dois pas, du reste, vous laisser ignorer que vous êtes engagé à réussir, car si, de votre fait, soit par tiédeur, soit par maladresse, la chose venait à manquer, la continuation de l’état de choses actuel pourrait être difficilement espéré.

— Et alors, demanda le Prussien qu’arriverait-il ?

— Eh ! des choses peu agréables, dont vous avez eu déjà l’avant-goût et que vous pouvez bien imaginer.

— Alors, dit en riant l’Allemand, vaincre ou mourir.

— Allons, vous prenez bien la chose, dit Vautrin. Courage, donc, jeune homme, et à bientôt.

Et il mit fin à cette courte conférence en passant chez madame la comtesse de Werchauffen, qui, dit-il, en attendait avec anxiété le résultat.