E. Dentu (p. 251-263).

XII

MASTER WILLIAM DICKSON


Ce fut seulement quinze jours plus tard, jours passés entre la vie et la mort, que Mourel, en recouvrant un peu de force, en même temps que la mémoire, put se rendre compte de ce que lui coûtait la liberté et savoir qui l’avait recueilli.

En roulant sur le sable avec sa pirogue, il s’était cassé la jambe droite, avait eu deux côtes enfoncées et s’était fait à la tête une blessure profonde qui avait doane les plus sérieuses inquiétudes au docteur qu’on était allé chercher à la New-Amsterdam, la ville voisine.

Mais tout danger était écarté ; à moins de complications toujours à craindre à la suite des fractures et des contusions graves, le rétablissement du naufragé n’était plus qu’une question de temps.

Quant aux braves gens qui l’avaient transporté dans leur maison, étendu sur leur lit et soigné, c’étaient de braves pécheurs, les frères Charly et Joé Welter, dont l’ainé s’empressa de dire à Mourol, dès que celui-ci, qui avait appris un peu d’anglais depuis son arrivée à Cayenne, fut en état de le comprendre :

— Ne craignez rien pour ce que vous aviez sur vous. C’est là, dans un coffre, bien à l’abri.

Charly voulait parler de la ceinture de cuir que son frère et lui avaient trouvée sous les vêtements de Jean, ceinture contenant plus de sept mille francs en or et en billets de banque.

Cette somme était composée des économies que le faussaire avait faites au bagne et au pénitencier et de ce qu’il avait reçu de France à plusieurs reprises, de sources inconnues, des éditeurs pour lesquels il avait travaillé jadis, pensait-il.

— Merci, répondit le malade, en serrant avec reconnaissance la main de son hôte. Il faut prendre de mon argent tout ce dont vous aurez besoin, non seulement pour moi, mais aussi pour vous-mêmes.

— Nous compterons plus tard, quand vous serez guéri.

Cette guérison demeura incertaine plus de trois mois, après lesquels l’ex-pensionnaire de Saint-Laurent, encore bien faible, put sortir un peu, se traîner, à l’aide de béquilles, jusqu’au bord de la mer, où il aurait dû mourir cent fois et où il avait, au contraire, retrouvé la liberté.

Quelques semaines après, quand il fut tout à fait entré en convalescence, comprenant qu’il ne pouvait garder plus longtemps le silence sans éveiller de fâcheux soupçons dans l’esprit de ses généreux sauveurs, qui ne l’avaient jamais questionné, il se disposa à leur raconter l’histoire qu’il avait imaginée à leur profit, lorsqu’il s’était demandé comment il pourrait bien expliquer un jour son arrivée à la Guyane anglaise.

Tout d’abord, lorsqu’ils comprirent que leur cher malade allait leur faire des confidences qu’ils ne songeaient pas à lui demander, les frères Welter voulurent l’empêcher de parler, mais Mourel insista et leur dit :

— Si je vous cachais plus longtemps d’où je viens, ce dont vous vous doutez bien un peu, je serais indigne de la pitié que vous avez eue pour moi. Oui, je suis un évadé de Cayenne, où j’ai été transporté pour y subir la peine à laquelle, à la suite de la Révolution de 1848, on m’a condamné, en cherchant même à m’enlever l’honneur. Je me suis enfui sans commettre aucun crime, ni même aucun délit, car la pirogue sur laquelle j’ai pu arriver jusqu’ici, je l’avais achetée. Les autorités françaises ne songeront donc jamais à demander mon extradition, qu’on ne leur accorderait pas. Si pareille sommation avait été adressée au gouverneur, vous en auriez déjà entendu parler, puisque, dans ce cas, une enquête est faite sur la côte. Soyez assez généreux pour ne pas dire mon véritable nom, si vous l’avez lu dans les papiers que renfermait ma ceinture.

— Nous ne les avons pas même ouverts, interrompit vivement l’honnête Charly.

— Cela ne m’étonne pas de votre part. Je prendrai ici un nom étranger, un nom anglais, n’importe lequel, Dickson, William Dickson par exemple, et comme j’ai un métier qui me permet de gagner honorablement ma vie partout, je m’en irai à Georges-Town jusqu’à ce qu’une amnistie ou le renversement de l’Empire me permettent de revoir ma patrie, ainsi que les êtres aimés dont je suis séparé depuis tant d’années.

Le mari de Rose avait débité tout cela avec un tel accent de vérité que si le pauvre Rabot eût été encore de ce monde et l’eût entendu, il aurait tressailli d’admiration.

Les deux pêcheurs, gens simples, se contentèrent de répondre au faussaire, pseudo-condamné politique, en lui tendant leurs mains loyales.

Quatre mois plus tard, sans que les autorités anglaises se fussent inquiétées de lui un seul instant, aucun évadé n’ayant été réclamé par la Guyane française, William Dickson s’installait à Georges-Town, après avoir généreusement récompensé les frères Welter, et, libre alors de revenir au passé, il écrivit à Reims, poste restante, à Durest.

La réponse de l’ex-clerc d’huissier se fit attendre près d’un an, mais quand elle lui arriva enfin, Mourel n’en put vouloir de ce retard à son ami, qui lui écrivait :

« Mon brave Jean, quelle bonne nouvelle tu m’apprends, et comme je regrette qu’elle ne me soit pas parvenue plus tôt ! Ce n’est certes pas de ma faute !

« En sortant de Clairvaux, en 1888, je suis bien allé à Reims, par autorisation spéciale, mais je n’y ai trouvé qu’une condition si misérable — le souvenir de notre affaire était encore trop vivace — que j’ai demandé mon changement de résidence. On me l’a accordé et je suis au Havre chez MM. Oulmann et Cie, agents maritimes allemands, où je me perfectionne dans le charabia d’outre-Rhin, que j’avais commencé à apprendre à Reims, avec nos camarades des maisons de Champagne, presque tous têtes rondes, tu t’en souviens !

« C’est toujours ça ! On ne sait jamais ce qui peut arriver. Je puis être forcé un jour de vivre, comme toi, loin de mon ingrate patrie !

« Aussitôt ici j’ai écrit à Cayenne, et c’est parce que je ne recevais pas ta réponse, — ce que je m’explique maintenant, tu avais filé, — que j’ai eu l’idée de réclamer au bureau restant, à Reims, ta correspondance.

« C’est comme ça que j’ai fini par avoir ta bonne lettre de Georges-Town.

« Alors te voilà libre ; tu l’as été en même temps que moi. Que vas-tu faire, puisque tu ne peux revenir en France que dans dix ans ?

« Et Mme Mourel, s’est-elle décidée à t’écrire ou à te rejoindre ? Non, car tu m’en parlerais. Quel malheur que je ne puisse aller à Paris ; comme je saurais bien l’y découvrir, si elle y est toujours !

« Quant à la tante d’Asnières, elle est morte, mais elle m’a déshérité à cause de ma condamnation. Je n’ai jamais eu de chance !

« Allons, mon brave Jean, master William Dickson, à bientôt, et une bonne poignée de main de ton » toujours dévoué,

« Charles Durest. »

« P. S. — La tante Ronsart a disparu de Reims, elle aussi. Est-ce qu’elle ne serait pas allée retrouver ta femme à Paris ?

« Voilà peut-être la vraie piste à suivre, si toutefois tu n’oublies pas Rose, ce qui serait encore le mieux pour ton repos, car les femmes, ça ne fait jamais faire que des bêtises ! »

L’ancien clerc de M. Tellier se trompait ; Mourel n’oubliait pas sa femme. S’il ne lui en avait pas parlé, c’est parce que, craignant que sa lettre ne parvînt pas à son destinataire, il n’avait pas jugé utile de prendre pour confidents ceux entre les mains de qui elle pourrait tomber.

La vérité, c’est que l’évadé de Cayenne était sous l’empire d’un phénomène psychologique fréquent ; il pensait d’autant plus à Rose qu’il ne savait pas même où elle était, et cette femme, qu’il aurait probablement repoussée si elle était venue à lui, il en était véritablement jaloux et s’imaginait l’aimer depuis qu’il avait appris sa fugue avec Albert Rommier.

Il répondit donc à Durest qu’il lui serait reconnaissant de rechercher Mme Mourel et de lui envoyer tous les renseignements qu’il se procurerait. Il approuva son plan de se mettre à la piste de Mme Ronsart, car ce serait peut-être là le moyen de retrouver sa nièce ; et comme il supposait que son ami n’était pas riche, il lui envoya cinq cents francs, en lui disant qu’il l’aiderait ainsi de temps en temps.

En effet, Jean se créa bientôt une position lucrative.

Moins de deux ans après son arrivée à Georges-Town, il ouvrit dans Water-Street, la principale rue de la ville, un magasin de papeterie et de gravure, qui ne tarda pas à avoir une excellente clientèle, et il était là en fort bons termes avec ses voisins, qui estimaient beaucoup M. William Dickson.

Il s’en allait passer tous les dimanches chez ses amis Welter à Berbice, et correspondait fréquemment avec Durest, dont les recherches demeuraient infructueuses, lorsqu’un matin, une rencontre inattendue lui causa la plus pénible émotion.

Il était en train de servir un acheteur, quand tout à coup il entendit un officier de marine, qui venait d’entrer dans sa boutique, s’écrier, en le regardant avec stupeur :

— Mourel, Jean Mourel !

C’était un lieutenant de vaisseau, commandant l’un des avisos de la station de Cayenne, pour qui il avait travaillé maintes fois aux îles du Salut et à Saint-Laurent.

Nier eût été stupide : l’évadé ne songea pas un instant à le faire et répondit :

— Eh oui, commandant, c’est moi-même.

— On vous croit mort, là-bas, ainsi que votre ami Rabot.

— Hélas ! c’est vrai pour lui ! Il a glissé du train de bois sur lequel nous descendions le Maroni je suis arrivé seul ici.

— Où on ne vous a pas inquiété ?

— Non, pas un instant. Il est vrai que je suis resté près d’une année chez des pêcheurs de la côte de Berbice, où la tempête m’avait jeté si violemment que j’ai failli mourir de mes blessures. Quand je suis venu m’installer en ville, je n’ai dit ni d’où je venais, ni mon nom.

— En effet, vous êtes maintenant William Dickson.

— Et je ne serai jamais que William Dickson, si vous ne me dénoncez pas.

— Je manquerais à mon devoir si je gardais le silence à votre sujet, puisque je suis précisément à Georges-Town pour traiter de certaines extraditions avec le gouverneur ; mais la révélation de votre nom ne vous fera courir aucun danger. Vous vous êtes évadé dans des conditions qui vous permettent de vivre en toute liberté sur le territoire anglais. Et la preuve, c’est que je vais charger Jean Mourel du travail que j’étais venu commander à William Dickson.

— Je n’ai pas besoin de vous affirmer, monsieur, que ce travail sera bien exécuté !

Et, tout rassuré, le mari de Rose prit avec soin les instructions de l’officier de marine, afin de le satisfaire complètement.

Quelques jours après, la ville entière savait que l’adroit graveur de Water-Street était un échappé de Cayenne ; mais ce n’était là pour personne un cas rédhibitoire ; il y avait longtemps que la colonie était hospitalière à tous ceux qui s’y réfugiaient légalement et s’y conduisaient bien. De plus, grâce à l’énergie avec laquelle les Welter défendirent leur naufragé, on accepta volontiers que la haine politique n’avait pas été étrangère à sa condamnation.

Quant aux autorités de Georges-Town, elles prirent note que William Dickson et Jean Mourel ne faisaient qu’un, et ce fut tout.

En sorte que grâce à cet incident même, l’état civil du faussaire se trouva régularisé. Il n’eut plus même à craindre les indiscrétions.

Pendant ce temps-là, il recevait tous les trois ou quatre mois des nouvelles de Durest, à qui il envoyait souvent quelque argent, bien que celui-ci continuât à ne rien dire de nouveau ; et, gagnant bien sa vie, ayant peut-être quelque liaison féminine qui lui faisait oublier le passé, il commençait à accepter son rôle de veuf marié, quand soudain il reçut la lettre suivante, datée de Mantes :

« Mon vieux Jean, eurêka ! comme s’est écrié Archimède en découvrant je ne sais plus quoi.

« Oui, eurêka ! j’ai trouvé enfin la tante Ronsart et, avec la tante Ronsart, Mme Mourel, puis encore une autre personne, une adorable jeune fille.

« Car tu es père ! Hein ! tu ne t’en doutais pas ? Ah ! c’est que, vois-tu, ainsi que le dit le refrain d’une chanson de bord que j’entends souvent au Havre :

Et vous allez voir comment
Le bien vient en naviguant !

« Or tu as navigué au long, très long cours, sur les navires de l’État encore !

« Mais soyons sérieux. Voici l’histoire :

« Un beau jour, furieux de perdre mon temps et mon argent, ou plutôt le tien, que je donnais inutilement à un tas d’agents de renseignements, j’ai eu une idée.

« La tante Ronsart, me suis-je dit, qui est retraitée comme veuve d’un employé des postes, doit toucher sa pension quelque part.

« Je me suis adressé au ministère des finances, ou j’ai fini par apprendre que ton excellente parente émargeait à la recette de Mantes. Donc elle habitait là ou dans l’arrondissement, et comme Mantes-la-Jolie n’est pas rigoureusement interdite aux victimes, telles que toi et moi, du maudit article 47, je m’y suis rendu en me contentant de m’orner le visage des lunettes bleues que j’ai l’habitude de porter, lorsque je fais quelque excursion au cours de laquelle je ne veux pas être reconnu, grâce à cette petite irrégularité de la vue dont la nature aurait bien pu se dispenser de me faire cadeau à ma naissance.

« Je suis donc allé à Mantes, où l’un des employés du percepteur m’a tout de suite fixé.

« Mme Ronsart se présentait à son bureau avec un certificat de vie légalisé par le maire de Verneuil, une petite localité voisine. J’y ai couru bien vite. Une route charmante, le long de la Seine. J’espère que tu ne tarderas pas à faire avec moi cette promenade-là.

« À Verneuil, le premier boutiquier que j’ai interrogé, d’un air indifférent, m’a dit où demeurait celle que je cherchais ; et tu vas comprendre ma stupéfaction quand, arrivé à l’adresse indiquée, je me suis trouvé en face d’une grande villa, la « Villa Claude », ainsi que la désignaient ces mots en lettres d’or sur un cartouche encastré dans la grille qui fermait le jardin, jardin ravissant, plein de massifs de fleurs, au delà desquels je voyais un vrai petit château.

« La mère Ronsart devait être là dame de compagnie, gouvernante, lingère. Pas le moins du monde !

« Veuve fort riche d’un industriel du centre de la France, Mme Ronsart est bel et bien propriétaire de la villa Claude et, de plus, grand’tante d’une fillette en pension chez les Visitandines de Mantes, Mlle Claude, fillette ayant pour marraine une belle dame de Paris, Mme Frémerol, qui vient à Verneuil tous les dimanches et les jours de fêtes.

« Cette belle dame-là, qui ça pouvait-il être ?

« J’avais bien aperçu et reconnu la tante un jour à travers la grille de son jardin ; il ne s’agissait plus que de rencontrer la marraine !

« Ah ! ce ne fut pas difficile. Mêlé à la foule, je guettai son arrivée par le train du matin à Mantes, un dimanche, et avant même, qu’elle eût rejoint sa voiture, j’étais édifié.

« La dame de Paris était tout simplement Mme Mourel ; non plus la petite Rose, jolie à ravir, vrai bouton de rose, comme nous disions autrefois, mais une femme dont je ne saurais te peindre le grand air et la beauté.

« Cristi ! Paris transforme joliment les provinciales ! Ta femme, dans un autre sens, mon vieux, a fait encore plus de chemin que toi

« Quant à sa parenté avec Mlle Claude, il m’a été trop facile de m’en rendre compte, car au moment où elle montait dans sa voiture, la demoiselle lui a sauté au cou en l’appelant : « Maman. »

« J’ai été tout remué, parole d’honneur ! et mes yeux, sous leurs lunettes bleues, se sont remplis de larmes. Tu n’aurais pas été moins ému que moi à ce touchant tableau !

« Ce qui ne va pas être commode, par exemple, c’est de savoir comment Mme Mourel a fait fortune, car elle habite Paris. Où ? je n’en sais rien, et Paris, je ne voudrais pas m’y faire pincer par la police.

« Enfin, je vais réfléchir. Nous voilà sur la piste, et en attendant que nous arrivions au gîte, tu peux toujours envoyer de tes nouvelles à Mme Frémerol, villa Claude, à Verneuil, près Mantes, Seine-et-Oise.

« Ah par exemple, je crois bien qu’elle ne te répondra pas plus que jadis. Il n’y a vraiment que moi qui te reste fidèle.

« Charles Durest. »

Tous ces détails si précis sur sa femme arrachèrent le graveur de Georges-Town au calme relatif dans lequel il vivait.

La haine et la jalousie le mordirent au cœur de nouveau ; le souvenir du passé se réveilla an lui tout entier. William Dickson redevint aussitôt Jean Mourel.

Il répondit immédiatement à son ami pour le remercier et le prier de continuer ses recherches, mais avec une extrême prudence, sans se trahir de quelque façon que ce fût, sans tenter surtout de tirer profit pour lui-même de ce qu’il avait découvert. Plus tard, il le récompenserait généreusement. Il ne fallait pas que Mme Mourel se doutât de rien ; il fallait qu’elle restât persuadée de sa mort.

Puis il accompagna toutes ces recommandations de l’argent nécessaire, en billets de banque qui n’avaient rien de commun avec ceux qu’il fabriquait autrefois Reims.

Ainsi lesté, Durest se hasarda alors à aller à Paris, où il n’avait d’ailleurs pas grand chose à craindre, d’abord parce qu’il n’était pas un de ces libérés dangereux dont la Sûreté surveille tous les pas, ensuite parce qu’il n’existait pas encore à la Préfecture de police ce service photographique et anthropométrique, à l’aide duquel on complète aujourd’hui si bien les casiers judiciaires, que le plus habile des repris de justice ne peut dissimuler son identité.

Or, à Paris, Durest marcha rapidement de découverte en découverte, en sorte qu’il put apprendre successivement à William Dickson la liaison de sa femme avec Berquelier, sa situation de fortune lorsque le brave entrepreneur mourut en la laissant l’unique héritière de ses millions, — on disait une douzaine au moins, — le train de maison qu’elle menait dans son luxueux hôtel de la rue de Prony, le mariage de sa fille avec le duc de Blangy-Portal, et enfin la naissance de l’enfant de la duchesse, qui se trouvait être légalement sa petite fille à lui, l’ancien forçat.

On sait que c’est à Londres, à l’hôtel Panton, que Mourel avait reçu cette dernière nouvelle.

C’est en Angleterre, en effet, qu’à l’expiration de ses vingt années de travaux forcés, le mari de Rose Lasseguet avait passé, afin de n’être plus qu’à quelques heures de sa femme, lorsque le moment serait venu de lui prouver qu’il vivait encore ; et nous avons dit comment, cette heure fatale pour Geneviève ayant sonné, Jean s’était brusquement présenté à elle, sous les marronniers, à Verneuil.

Une sorte de justice divine et une logique implacable des événements avaient condamné la pauvre mère à devenir la victime de ceux qui, de faussaires, se transformaient pour elle en bourreaux.