Librairie Nouvelle (2p. 287-297).
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LVII


… juin. — Mondragone.

. . . . . . . . . . . . . . .

Mais ne pensez pas que, depuis ces quinze jours, nous nous soyons tenus tranquilles, renonçant à retrouver la victime de cette terrible vengeance conjugale.

Dans la nuit qui suivit l’événement, Daniella, ne pouvant dormir et en proie à un état fébrile qui m’inquiétait, me dit tout à coup :

— Lève-toi, ami ! Il faut pénétrer dans cette befana maudite. Qui sait s’il a eu le courage de tuer sa femme ? Elle n’est peut-être en punition que pour un temps…

— Je n’espère plus rien ; mais, pour te calmer, me voilà prêt à essayer l’impossible. Que crois-tu que je doive faire ? Lorsque j’ai cherché, avec Benvenuto, le chemin de cette befana, j’en ai approché beaucoup, puisque le docteur m’a dit avoir entendu notre travail et en avoir été inquiet.

— Ce travail était dangereux, je ne veux pas que tu le reprennes ; mais, moi, je crois, je dis qu’il y a une autre entrée à la befana que celle que nous connaissons, une entrée que Felipone a découverte depuis le temps que le prince et le docteur y étaient, et dont il se réserve le secret pour lui seul.

— Qui te donne cette pensée-là ?

— Une espèce de vision que je viens d’avoir. Oh ! ne me regarde pas d’un air inquiet, ne me crois pas en délire. Je dis une vision, ce n’est pas autre chose qu’un souvenir ; mais un souvenir qui s’était effacé tout à fait et qui vient de me revenir, comme j’étais là, moitié pensant, moitié rêvant. Écoute ! Le jour où Felipone nous donna l’idée de nous marier en dépit du curé, je l’avais rencontré dans la partie tout abandonnée du parc qui est entre l’allée des cyprès et le mur de clôture. Il creusait une espèce de fossé, et, comme ce n’est pas là son ouvrage, je m’en étonnai. Il ne me donna pas une bonne raison ; mais je n’y fis que peu d’attention, et tant de choses intéressantes m’ont occupée ce jour-là et le lendemain, que je n’ai pas gardé souvenir d’une chose si indifférente. Voilà qu’elle me revient et c’est peut-être Dieu qui veut que je m’en souvienne. Allons-y.

— Reste tranquille, j’irai seul. Dis-moi où cela est.

— Non, tu ne trouverais pas. Prends tous tes outils ; je porterai la lanterne sourde.

Nous nous glissâmes parmi les lauriers et les oliviers jusqu’aux fourrés épais que Daniella n’avait jamais explorés attentivement, mais où, avec un instinct remarquable, elle retrouva l’emplacement où elle avait vu fouiller. Au lien d’un fossé il y avait une butte de terre qui ne paraissait pas de fraîche date. Un épais tapis de mousse témoignait, au contraire, d’un long abandon.

Daniella, qui tenait la lanterne, se baissa et toucha cette croûte de mousse qui se détacha et vint presque tout entière à la main. Elle avait été placée là, elle n’y avait pas poussé ; et elle était si verte et si fraîche, qu’elle n’y avait été placée que peu d’heures auparavant.

À la suite de ces observations je n’hésitai pas à me servir de la pioche et de la bêche. La terre, légère et toute fraîchement remuée, fut écartée en moins de dix minutes. Je trouvai quelques dalles disposées en forme de double escalier formant le toit d’une ouverture carrée à fleur de terre.

Je me penchai sur le bord de cette ouverture, et je sentis le vide.

J’eus encore recours aux papiers enflammés jetés dans ce vide, et je vis l’intérieur d’un vaste puits qui s’évasait dans le fond. C’était une glacière. Je pus fixer la corde à nœuds dont je m’étais muni, à la base d’un petit arbre qui masquait en partie l’ouverture. Daniella m’éclaira en faisant lentement descendre la lanterne au moyen d’une ficelle. Nous n’avions plus d’hésitation, plus de doutes ; cet atterrissement artificiel nous mettait trop sûrement sur la voie.

Je n’eus à descendre que la hauteur d’environ trois mètres. Avant le fond de la glacière je trouvai un passage très-bas et très-étroit où je pensai que le gros Felipone ne passait pas sans peine ; et, après un court trajet, je me trouvai dans la grande galerie qui conduit à la befana. Je revins sur mes pas pour calmer les inquiétudes de ma femme et lui dire de venir me rejoindre par le Pianto. J’avais toute espérance de sortir par le tour, après avoir constaté le fait mystérieux, horrible probablement, que nous poursuivions.

Je pénétrai sans obstacle dans la befana. La faible clarté de ma bougie ne me permettait pas d’en voir l’ensemble, et, après l’avoir explorée dans tous les sens, je commençai à croire que nous avions rêvé une catastrophe. J’allai ouvrir à Daniella, qui arriva bientôt derrière la porte tournante, et que j’étais pressé de tranquilliser.

— Il n’y a rien, il n’y a personne, lui dis-je. S’il eût renfermé là sa victime il aurait cadenassé cette porte, par où elle pouvait sortir.

— Mais s’il l’a tuée ! As-tu cherché partout ! Tiens, voilà une chose nouvelle ici. La grande cheminée qui donne près du casino est murée.

— Cela n’a-t-il pas été fait pour nous empêcher d’entendre les cris de Brumières lorsqu’on l’a tenu ici toute une nuit ?

— Il nous a dit qu’on l’avait bâillonné. On n’aurait pas pris cette peine-là si la cheminée eût été murée.

Je crevai, à coups de pioche, la cloison de briques qui fermait l’orifice de la cheminée, et je vis qu’on avait entassé du foin derrière cette maçonnerie encore fraîche. Felipone avait donc pris ses précautions d’avance pour que l’on n’entendit pas, du casino, les cris de la victime.

— Puisqu’il a eu tant de préméditation, dis-je à ma femme, il n’y a pas d’espoir à conserver. S’il l’a tuée, il a eu le sang-froid de l’enterrer quelque part, soit ici, soit ailleurs, dans les souterrains, peut-être dans la glacière par où je suis descendu, et dont il a eu le soin de masquer l’entrée.

Nous examinâmes toutes choses. Le lit où Tartaglia avait couché une nuit, avant celle où il avait arrangé, à la ferme, le mariage du prince, était encore dans le fond de l’hémicycle avec les matelas et les couvertures. Nous nous rappelions que le fermier avait attiré sa femme dans la befana en lui donnant pour prétexte qu’il fallait remporter cette garniture de lit, et le lit n’était pas dégarni. Les échelles qui avaient servi à porter Brumières dans la niche et à l’en faire descendre étaient encore là. J’y montai, je ne retrouvai dans la niche qu’un bouton de manchette, que je reconnus appartenir à Brumières. Il n’y avait aucune trace d’une lutte quelconque.

— N’importe, dit Daniella, j’ai rêvé que je devais venir ici, et je n’en sortirai pas sans une certitude.

Et, toute pâle et frémissante, elle cria par trois fois, de sa vois pleine et accentuée, dans le sourd et morne édifice le nom de Vincenza.

Au troisième appel, un léger frémissement se fit entendre, et nous nous élançâmes vers les décombres d’où le son était parti.

Nous trouvâmes, dans le fond de la partie écroulée, la malheureuse femme assise et idiote. Ses vêtements déchirés, ses cheveux épars collés à son front par le sang coagulé sur son visage, la rendaient méconnaissable et si effrayante, que Daniella, superstitieuse, recula en disant :

— C’est la véritable befana !

La victime était hors d’état de nous répondre. Elle essaya de se lever et retomba. Je l’emportai dans le casino, où nos soins lui rendirent la raison, mais non la force. Elle avait perdu tant de sang, qu’elle était épuisée. Elle avait reçu à la tête un seul coup d’un assommoir quelconque. Elle n’avait rien vu. Elle avait une large blessure près de la tempe, mais elle ne la sentait pas, et demandait seulement si elle avait quelque chose au visage. Elle parut soulagée dès qu’elle sut qu’elle n’était pas défigurée.

Le sang était arrêté ; les os du crâne ne me parurent point lésés, il était évident que Felipone avait voulu tuer, qu’il croyait avoir tué, mais que sa main avait manqué de force et qu’il n’avait pas eu le courage de porter un second coup. Cet homme si adroit et si fort n’avait pas pu tuer la femme qu’il aimait. La Vincenza se rappelait avoir lutté, avant d’être emmenée jusqu’au réservoir, où elle pensait qu’il avait voulu la noyer. Puis elle était tombée sous un choc violent et n’avait eu conscience de rien, jusqu’au moment où elle nous avait entendus parler, Daniella et moi, dans la befana. Elle n’avait pas reconnu nos voix ; elle ne se rendait encore compte de rien en ce moment-là. Mais, en s’entendant appeler par son nom, et par une voix qui, disait elle, en lui avait pas fait peur, elle était venue à bout, par un effort machinal, de nous répondre.

Elle pensait avoir été poussée dans le réservoir après le coup qui lui avait ôté la connaissance, et elle ne se trompait probablement pas, car ses vêtements fripés paraissaient avoir été mouillés jusqu’à la ceinture. Mais elle avait dû revenir à elle, étant seule, et se traîner jusqu’à la place où nous l’avions retrouvée. Ç’avait été un effort tout instinctif, sa mémoire ne pouvait ressaisir ce fait.

Elle ne put même nous donner ces vagues détails qu’après quelques heures de repos. Daniella eut beaucoup de peine à la réchauffer, et passa le reste de la nuit à la soigner. J’avais de mon mieux pansé et fermé la blessure avec le collodion et la toile adhésive qu’à mon départ du presbytère l’abbé Valreg, grand remègeur en sa paroisse, avait fourrés dans ma malle, en cas d’accident. Je lui ai vu faire tant de pansements charitables, où je l’aidais naturellement, que je n’y suis pas trop maladroit.

Grâce à un tempérament peu irritable et à un sang très-pur, la malade n’eut pas la réaction nerveuse que je redoutais, et, au bout de deux jours, la cicatrice était fermée dans les meilleures conditions possibles. Il nous fallut agir avec beaucoup de mystère : d’une part, pour ne pas exposer Felipone à des poursuites ; de l’autre, pour ne pas exposer sa femme à une nouvelle vengeance.

J’avais, dès la nuit même de cette recouvrance inespérée, fait disparaître les traces de mon entrée dans la glacière, après être remonté par là, afin de laisser le tour fermé en dedans. Je pouvais présumer que Felipone n’aurait jamais la force de retourner dans la befana, mais s’assurerait des issues, pour que personne ne pût constater son crime. Je ne me trompais pas : il travaillait à murer et à condamner pour jamais l’entrée du souterrain dans sa cave. Je le sus par Gianino, qui l’entendait maçonner et porter des pierres durant la nuit ; et, malgré ses précautions, je le vis, en outre, sortir un matin des massifs de la glacière. J’allai voir furtivement ce qu’il avait fait. Je trouvai la butte exhaussée et complètement plantée d’arbres. Une autre fois, je vis Onofrio, sans chiens et sans troupeau, auprès de la chapelle de Santa-Galla. Là aussi, probablement, on avait muré le passage.

Il nous tarde beaucoup, comme vous pouvez croire, de voir la Vincenza sur pied et de la faire évader. Nous sommes dans des appréhensions continuelles que son mari ne la découvre dans une des chambres de notre casino. Il est venu nous voir une seule fois depuis qu’elle y est, et s’est assis sur la marche de cette chambre qui donne sur la petite terrasse, vis-à-vis de notre appartement. Appuyé sur les balustres, je fumais en feignant de ne pas l’observer, car j’arrive forcément à être aussi dissimulé qu’un Italien de sa trempe. Il était affaissé et comme abruti dans son déchirant sourire. Peut-être que si j’eusse osé lui dire : « Elle vit, elle là tout près de toi ! » Je lui eusse rendu à lui-même la vie et le repos. Mais Daniella m’a appris, par la justesse de sa divination, à ne pas me fier aux apparences. Peut-être l’expression de désespoir et de remords que je croyais lire sur la figure de ce malheureux n’était-elle que la satisfaction morne et sombre d’une vengeance assouvie.

5 juillet.

Il était temps que l’on vint nous délivrer de la présence de Cette Vincenza. Elle me devenait insupportable. Sans cœur et sans raison, cette créature ne songeait qu’à recommencer une vie de désordre. C’est une sensualité stupide qui la gouverne. Elle n’a d’autre cupidité que le goût de la toilette, et sur son lit, ayant à peine la force de parler, elle s’enquérait du bijou étrusque de Brumières, et reprochait à Daniella d’avoir refusé de le recevoir pour elle ; du reste, prodigue, imprévoyante, ne se demandant jamais si elle aura du pain, mais bien une robe de soie et des fichus brodés. Ses habitudes de galanterie l’ont sollicitée avant même que ses forces physiques fussent revenues ; car, en remercîment de mes secours et de mes soins, elle m’a offert ses bonnes grâces avec un cynisme imbécile, C’est dans sa pensée, vous en conviendrez, une étrange manière de récompenser Daniella de son dévouement.

Sa société nous était de plus en plus répulsive. Elle troublait et souillait l’harmonie poétique de notre existence par son caquet puéril et le dévergondage de son étroite imagination. La seule chose qu’il y ait à louer en elle, c’est une grande douceur ; mais il n’en faut chercher la cause que dans un manque d’énergie et dans l’absence de toute fierté. Elle reçoit en riant les plus dures leçons, et son mari ne lui inspire que de la peur, sans aucune réaction de vengeance.

— Pauvre homme, dit-elle en parlant de lui, je suis sûre qu’il est bien fâché de ce qu’il a fait. Pourvu qu’il ne lui en arrive pas malheur ! Si je voulais, il me reprendrait et me demanderait pardon à genoux.

Mais quand on lui conseille d’essayer une réconciliation, elle répond qu’elle s’y fierait bien, mais qu’il n’est pas agréable de vivre avec un homme devenu si jaloux. En un mot, elle trouve moyen de dire des choses risibles en riant elle-même. L’horreur de sa situation dans la befana et de la mort, par la faim, qui l’y attendait si nous ne l’eussions sauvée, ne lui a pas même laissé de terreur. Elle écarte ces souvenirs avec une merveilleuse facilité, en disant qu’il ne faut pas penser aux choses tristes, et prouvant qu’il est des natures douées de l’heureuse impossibilité de souffrir, ce qui les assimile à certains animaux à moitié inertes, qui remplissent aveuglément les fonctions de la vie dans les bas-fonds de la création. Daniella a eu la grand sens de n’être pas jalouse en voyant les provocations, à peine voilées, qu’elle m’adressait.

— Je ne me sens pas d’indignation contre elle, m’a-t-elle dit ; je vois qu’elle n’a pas conscience d’elle-même. Elle a l’innocence des bêtes. Il faut que Felipone ait senti cela, puisqu’il l’a assommée avec aussi peu de remords qu’il eût fait d’un de ses animaux.

Et pourtant Felipone a des remords et un incurable chagrin. J’ai appris à lire sur sa figure le démenti secret que la passion donne à son tempérament pléthorique.

La Vincenza commençant à pouvoir marcher, nous nous demandions comment nous la ferions évader secrètement, lorsque, par une nuit d’orage effroyable, nous entendîmes sonner à la porte de la grande cour. Une visite à pareille heure et par un temps pareil ne fut pas accueillie sans précaution. Un cavalier, enveloppé jusqu’aux yeux, me demandait à entrer un instant. C’était le docteur R…

— Vous comprenez ce qui m’amène, me dit-il ; je viens chercher la Vincenza…

Il avait rencontré Brumières à la Spezzia. Apprenant que ce voyageur venait de Frascati, le docteur, bien qu’il ne le connût pas, lui avait demandé des nouvelles des personnes qui l’intéressaient, de sa mère, de moi et de Felipone. Brumières, qui venait de recevoir une lettre de nous, où nous lui disions que Vincenza avait couru et courait encore de grands dangers, avait fait part de ce paragraphe au docteur.

— J’ai compris, nous dit celui-ci, que M. Brumières, bien qu’il ne s’en vantât pas, était pour quelque chose dans les malheurs de ce ménage ; mais il se pouvait que je fusse seul en cause dans l’esprit du mari ; et, d’ailleurs, il me suffit qu’une femme m’ait appartenu sans spéculation et sans perfidie pour que je me regarde comme son défenseur en toute circonstance où je peux quelque chose. Je connais ce bon Felipone, un homme à passions exclusives, capable de haïr autant que d’aimer. Je viens donc voir si je dois lui enlever sa femme, on si je peux les réconcilier ensemble. Dans tous les cas, je viens attirer le danger sur moi, pour le détourner d’elle.

Quand le docteur sut ce qui s’était passé, son parti fut pris à l’instant même.

— Donnez-moi cette pauvre femme, dit-il ; je vais la mettre en croupe derrière moi, et je me fais fort de la conduire en lieu sûr. De là je l’expédierai en France, où un de mes amis me demande une cuisinière italienne. Elle sait faire le macaroni comme personne. Peut-être qu’un jour son mari pleurera sa violence et sera heureux d’apprendre qu’elle vit encore ; mais il ne sera jamais ni utile ni prudent de lui dire où elle est.

Daniella, avertie par moi, habilla et enveloppa la Vincenza dans ses propres vêtements, et je la plaçai sur le cheval du docteur, qui refusait de mettre pied à terre et qui causait à voix basse avec moi sous les voûtes de la caserne d’entrée. La Vincenza s’en allait avec une joie d’enfant, ivre de l’idée de voir Paris et d’être morte pour Felipone. Le docteur lui défendit de lui dire une parole.

— Nous jouons gros jeu, me dit-il à l’oreille. Faites-moi l’amitié de regarder par là, vers le chemin des Camaldules, si personne n’a eu l’éveil de mon arrivée.

Quand je me fus assuré du fait, il me serra la main et partit au galop avec le dangereux fardeau dont il avait le courage de se charger. Ce qu’il faisait là, au péril de sa tête proscrite et mise à prix, pour une femme dont il ne se souciait plus, si tant est qu’il s’en fût soucié plus d’un instant dans sa vie de plaisirs faciles, était un acte d’humanité tout à fait dans sa nature, quelque chose d’héroïque, accompli avec une agréable rondeur et une crânerie sans ostentation. Grande âme, je ne dirai pas typique par rapport à l’Italie, où les types sont si variés, mais bien italienne, en ce sens qu’elle résume des vertus providentielles et des exubérances fatales : rien à demi, et tout en grand. Là où le mal se fait petit et lâche, on peut dire que le type national est entièrement effacé. Par malheur, il l’est ici dans une effrayante proportion. Hélas ! hélas ! quel compte auront à rendre à Dieu ceux qui tuent l’âme des générations et qui peuplent de spectres abjects les terres bénies où le ciel avait magnifiquement répandu la beauté des idées avec celle des formes.