La Comtesse de Rudolstadt/Chapitre XXXIX

Michel Levy Frères (tome 2p. 196-206).
XXXIX.

Dans les premiers instants, Consuelo, passant d’une salle où brillait l’éclat de cent flambeaux, dans un lieu qu’éclairait seule la lueur de sa petite lampe, ne distingua rien qu’un brouillard lumineux répandu autour d’elle, et que son regard ne pouvait percer. Mais peu à peu ses yeux s’accoutumèrent aux ténèbres, et comme elle ne vit rien d’effrayant entre elle et les parois d’une salle en tout semblable, pour l’étendue et la forme octogone, à celle dont elle sortait, elle se rassura au point d’aller examiner de près les étranges caractères qu’elle apercevait sur les murailles. C’était une seule et longue inscription disposée sur plusieurs lignes circulaires qui faisaient le tour de la salle, et que n’interrompait aucune ouverture. En faisant cette observation, Consuelo ne se demanda pas comment elle sortirait de ce cachot, mais quel pouvait avoir été l’usage d’une pareille construction. Des idées sinistres qu’elle repoussa d’abord lui vinrent à l’esprit ; mais bientôt ces idées furent confirmées par la lecture de l’inscription qu’elle lut en marchant lentement et en promenant sa lampe à la hauteur des caractères.

« Contemple la beauté de ces murailles assises sur le roc, épaisses de vingt-quatre pieds, et debout depuis mille ans, sans que ni les assauts de la guerre, ni l’action du temps, ni les efforts de l’ouvrier aient pu les entamer ! Ce chef-d’œuvre de maçonnerie architecturale a été élevé par les mains des esclaves, sans doute pour enfouir les trésors d’un maître magnifique. Oui ! pour enfouir dans les entrailles du rocher, dans les profondeurs de la terre, des trésors de haine et de vengeance. Ici ont péri, ici ont souffert, ici ont pleuré, rugi et blasphémé vingt générations d’hommes, innocents pour la plupart, quelques-uns héroïques ; tous victimes ou martyrs : des prisonniers de guerre, des serfs révoltés ou trop écrasés de taxes pour en payer de nouvelles, des novateurs religieux, des hérétiques sublimes, des infortunés, des vaincus, des fanatiques, des saints, des scélérats aussi, hommes dressés à la férocité des camps, à la loi de meurtre et de pillage, soumis à leur tour à d’horribles représailles. Voilà les catacombes de la féodalité, du despotisme militaire ou religieux. Voilà les demeures que les hommes puissants ont fait construire par des hommes asservis, pour étouffer les cris et cacher les cadavres de leurs frères vaincus et enchaînés. Ici, point d’air pour respirer, pas un rayon de jour, pas une pierre pour reposer sa tête ; seulement des anneaux de fer scellés au mur pour passer le bout de la chaîne des prisonniers, et les empêcher de choisir une place pour reposer sur le sol humide et glacé. Ici, de l’air, du jour et de la nourriture quand il plaisait aux gardes postés dans la salle supérieure d’entr’ouvrir un instant le caveau, et de jeter un morceau de pain à des centaines de malheureux entassés les uns sur les autres, le lendemain d’une bataille, blessés ou meurtris pour la plupart ; et, chose plus affreuse encore ! quelquefois, un seul resté le dernier, et s’éteignant dans la souffrance et le désespoir au milieu des cadavres putréfiés de ses compagnons, quelquefois mangé des mêmes vers avant d’être mort tout à fait, et tombant en putréfaction lui-même avant que le sentiment de la vie et l’horreur de la réflexion fussent anéantis dans son cerveau. Voilà, ô néophyte, la source des grandeurs humaines, que tu as peut-être contemplées avec admiration et jalousie dans le monde des puissants ! des crânes décharnés, des os humains brisés et desséchés, des larmes, des taches de sang, voilà ce que signifient les emblèmes de tes armoiries, si tes pères t’ont légué la tache du patriciat ; voilà ce qu’il faudrait représenter sur les écussons des princes que tu as servis, ou que tu aspires à servir si tu es sorti de la plèbe. Oui, voilà le fondement des titres de noblesse, voilà la source des gloires et des richesses héréditaires de ce monde ; voilà comment s’est élevée et conservée une caste que les autres castes redoutent, flattent et caressent encore. Voilà, voilà ce que les hommes ont inventé pour s’élever de père en fils au-dessus des autres hommes ! »

Après avoir lu cette inscription en faisant trois fois le tour de la geôle, Consuelo, navrée de douleur et d’effroi, posa sa lampe à terre et se plia sur ses genoux pour se reposer. Un profond silence régnait dans ce lieu lugubre, et des réflexions épouvantables s’y éveillaient en foule. La vive imagination de Consuelo évoquait autour d’elle de sombres visions. Elle croyait voir des ombres livides et couvertes de plaies hideuses s’agiter autour des murailles, ou ramper sur la terre à ses côtés. Elle croyait entendre leurs gémissements lamentables, leur râle d’agonie, leurs faibles soupirs, le grincement de leurs chaînes. Elle ressuscitait dans sa pensée la vie du passé telle qu’elle devait être au Moyen Âge, telle qu’elle avait été encore naguère durant les guerres de religion. Elle croyait entendre au-dessus d’elle, dans la salle des gardes, le pas lourd et sinistre de ces hommes chaussés de fer ; le retentissement de leurs piques sur le pavé, leurs rires grossiers, leurs chants d’orgie ; leurs menaces et leurs jurons quand la plainte des victimes montait jusqu’à eux, et venait interrompre leur affreux sommeil : car ils avaient dormi, ces geôliers, ils avaient dû, ils avaient pu dormir sur cette geôle, sur cet abîme infect, d’où s’exhalaient les miasmes du tombeau et les rugissements de l’enfer. Pâle, les yeux fixes, et les cheveux dressés par l’épouvante, Consuelo ne voyait et n’entendait plus rien. Lorsqu’elle se rappela sa propre existence, et qu’elle se releva pour échapper au froid qui la gagnait, elle s’aperçut qu’une dalle du sol avait été déracinée et jetée en bas durant sa pénible extase, et qu’un chemin nouveau s’ouvrait devant elle. Elle en approcha, et vit un escalier étroit et rapide qu’elle descendit avec peine, et qui la conduisit dans une nouvelle cave, plus étroite et plus écrasée que la première. En touchant le sol, qui était doux et comme moelleux sous le pied, Consuelo baissa sa lampe pour regarder si elle ne s’enfonçait pas dans la vase. Elle ne vit qu’une poussière grise, plus fine que le sable le plus fin, et présentant çà et là pour accidents, en guise de cailloux, une côte rompue, une tête de fémur, un débris de crâne, une mâchoire encore garnie de dents blanches et solides, témoignage de la jeunesse et de la force brusquement brisées par une mort violente. Quelques squelettes presque entiers avaient été retirés de cette poussière, et dressés contre les murs. Il y en avait un parfaitement conservé, debout et enchaîné par le milieu du corps, comme s’il eût été condamné à périr là sans pouvoir se coucher. Son corps, au lieu de se courber et de tomber en avant, plié et disloqué, s’était roidi, ankylosé, et rejeté en arrière dans une attitude de fierté superbe et d’implacable dédain. Les ligaments de sa charpente et de ses membres s’étaient ossifiés. Sa tête, renversée, semblait regarder la voûte, et ses dents, serrées par une dernière contraction des mâchoires, paraissaient rire d’un rire terrible, ou d’un élan de fanatisme sublime. Au-dessus de lui, son nom et son histoire étaient écrits en gros caractères rouges sur la muraille. C’était un obscur martyr de la persécution religieuse, et la dernière des victimes immolées dans ce lieu. À ses pieds était agenouillé un squelette dont la tête, détachée des vertèbres, gisait sur le pavé, mais dont les bras roidis tenaient encore embrassés les genoux du martyr : c’était sa femme. L’inscription portait, entre autres détails :

« N *** a péri ici avec sa femme, ses trois frères et ses deux enfants, pour n’avoir pas voulu abjurer la foi de Luther, et pour avoir persisté, jusque dans les tortures, à nier l’infaillibilité du pape. Il est mort debout et desséché, pétrifié en quelque sorte, et sans pouvoir regarder à ses pieds sa famille agonisante sur la cendre de ses amis et de ses pères. »

En face de cette inscription, on lisait celle-ci :

« Néophyte, le sol friable que tu foules est épais de vingt pieds. Ce n’est ni du sable, ni de la terre, c’est de la poussière humaine. Ce lieu était l’ossuaire du château. C’est ici qu’on jetait ceux qui avaient expiré dans la geôle placée au-dessus, quand il n’y avait plus de place pour les nouveaux venus. C’est la cendre de vingt générations de victimes. Heureux et rares, les patriciens qui peuvent compter parmi leurs ancêtres vingt générations d’assassins et de bourreaux ! »

Consuelo fut moins épouvantée de l’aspect de ces objets funèbres qu’elle ne l’avait été dans la geôle par les suggestions de son propre esprit. Il y a quelque chose de trop grave et de trop solennel dans l’aspect de la mort même, pour que les faiblesses de la peur et les déchirements de la piété puissent obscurcir l’enthousiasme ou la sérénité des âmes fortes et croyantes. En présence de ces reliques la noble adepte de la religion d’Albert sentit plus de respect et de charité que d’effroi ou de consternation. Elle se mit à genoux devant la dépouille du martyr, et, sentant revenir ses forces morales, elle s’écria en baisant cette main décharnée :

« Oh ! ce n’est pas l’auguste spectacle d’une glorieuse destruction qui peut faire horreur ou pitié ! c’est plutôt l’idée de la vie en lutte avec les tourments de l’agonie. C’est la pensée de ce qui a dû se passer dans ces âmes désolées, qui remplit d’amertume et de terreur la pensée des vivants ! Mais toi, malheureuse victime, morte debout, et la tête tournée vers le ciel, tu n’es point à plaindre, car tu n’as point faibli, et ton âme s’est exhalée dans un transport de ferveur qui me remplit de vénération. »

Consuelo se leva lentement et détacha avec une sorte de calme son voile de mariée qui s’était accroché aux ossements de la femme agenouillée à ses côtés. Une porte étroite et basse venait de s’ouvrir devant elle. Elle reprit sa lampe, et, soigneuse de ne pas se retourner, elle entra dans un couloir étroit et sombre qui descendait en pente rapide. À sa droite et à sa gauche elle vit l’entrée de geôles étouffées sous la masse d’une architecture vraiment sépulcrale. Ces cachots étaient trop bas pour qu’on pût s’y tenir debout, et à peine assez longs pour que l’on pût s’y tenir couché. Ils semblaient l’œuvre des cyclopes, tant ils étaient fortement construits et ménagés avec art dans les massifs de la maçonnerie, comme pour servir de loges à quelques animaux farouches et dangereux. Mais Consuelo ne pouvait s’y tromper : elle avait vu les arènes de Vérone ; elle savait que les tigres et les ours réservés jadis aux amusements du cirque, aux combats de gladiateurs, étaient mieux logés mille fois. D’ailleurs, elle lisait sur les portes de fer, que ces cachots inexpugnables avaient été réservés aux princes vaincus, aux vaillants capitaines, aux prisonniers les plus importants et les plus redoutables par leur rang, leur intelligence ou leur énergie. Des précautions si formidables contre leur évasion témoignaient de l’amour ou du respect qu’ils avaient inspiré à leurs partisans. Voilà où était venu s’éteindre le rugissement de ces lions qui avaient fait tressaillir le monde à leur appel. Leur puissance et leur volonté s’étaient brisées contre un angle de mur ; leur poitrine herculéenne s’était desséchée à chercher l’aspiration d’un peu d’air, auprès d’une fente imperceptible, taillée en biseau dans vingt pieds de moellons. Leur regard d’aigle s’était usé à guetter une faible lueur dans d’éternelles ténèbres. C’est là qu’on enterrait vivants les hommes qu’on n’osait pas tuer au jour. Des têtes illustres, des cœurs magnanimes avaient expié là l’exercice, et sans doute aussi l’abus des droits de la force.

Après avoir erré quelque temps dans ces galeries obscures et humides qui s’enfonçaient sous le roc, Consuelo entendit un bruit d’eau courante qui lui rappela le redoutable torrent souterrain de Riesenburg ; mais elle était trop préoccupée des malheurs et des crimes de l’humanité, pour songer longtemps à elle-même. Elle fut forcée de s’arrêter un peu pour faire le tour d’un puisard à fleur de terre qu’une torche éclairait. Au-dessous de la torche elle lut sur un poteau ce peu de mots, qui n’avaient pas besoin de commentaires :

« C’est là qu’on les noyait ! »

Consuelo se pencha pour regarder l’intérieur du puits. L’eau du ruisseau sur lequel elle avait navigué si paisiblement il n’y avait qu’une heure, s’engouffrait là dans une profondeur effrayante, et tournoyait en rugissant, comme avide de saisir et d’entraîner une victime. La lueur rouge de la torche de résine donnait à cette onde sinistre la couleur du sang.

Enfin Consuelo arriva devant une porte massive qu’elle essaya vainement d’ébranler. Elle se demanda si, comme dans les initiations des pyramides d’Égypte, elle allait être enlevée dans les airs par des chaînes invisibles, tandis qu’un gouffre s’ouvrirait sous ses pieds et qu’un vent subit et violent éteindrait sa lampe. Une autre frayeur l’agitait plus sérieusement ; depuis qu’elle marchait dans la galerie, elle s’était aperçue qu’elle n’était pas seule ; quelqu’un marchait sur ses pas avec tant de légèreté qu’elle n’entendait pas le moindre bruit ; mais elle croyait avoir senti le frôlement d’un vêtement auprès du sien, et lorsqu’elle avait dépassé le puits, la lueur de la torche, en se trouvant derrière elle, avait envoyé aux parois du mur qu’elle suivait, deux ombres vacillantes au lieu d’une seule. Quel était donc ce redoutable compagnon qu’il lui était défendu de regarder, sous peine de perdre le fruit de tous ses travaux, et de ne jamais franchir le seuil du temple ? Était-ce quelque spectre effrayant dont la laideur eût glacé son courage et troublé sa raison ? Elle ne voyait plus son ombre, mais elle s’imaginait entendre le bruit de sa respiration tout près d’elle ; et cette porte fatale qui ne voulait pas s’ouvrir ! Les deux ou trois minutes qui s’écoulèrent dans cette attente lui parurent un siècle. Ce muet acolyte lui faisait peur ; elle craignait qu’il ne voulût l’éprouver en lui parlant, en la forçant par quelque ruse à le regarder. Son cœur battait avec violence ; enfin elle vit qu’il lui restait une inscription à lire au- dessus de la porte.

« C’est ici que t’attend la dernière épreuve, et c’est la plus cruelle. Si ton courage est épuisé, frappe deux coups au battant gauche de cette porte ; sinon, frappes-en trois au battant de droite. Songe que la gloire de ton initiation sera proportionnée à tes efforts. »

Consuelo n’hésita pas et frappa les trois coups à droite. Le battant de la porte s’ouvrit comme de lui-même, et elle pénétra dans une vaste salle éclairée de nombreux flambeaux. Il n’y avait personne, et d’abord elle ne comprit rien aux objets bizarres rangés et alignés symétriquement autour d’elle. C’étaient des machines de bois, de fer et de bronze dont l’usage lui était inconnu ; des armes étranges, étalées sur des tables ou pendues à la muraille. Un instant elle se crut dans un musée d’artillerie ; car il y avait en effet des mousquets, des canons, des coulevrines, et tout un attirail de machines de guerre servant de premier plan aux autres instruments. On s’était plu à réunir là tous les moyens de destruction inventés par les hommes pour s’immoler entre eux. Mais lorsque la néophyte eut fait quelques pas en avant à travers cet arsenal, elle vit d’autres objets d’une barbarie plus raffinée, des chevalets, des roues, des scies, des cuves de fonte, des poulies, des crocs, tout un musée d’instruments de torture ; et sur un grand écriteau dressé au milieu et surmontant un trophée formé de masses, de tenailles, de ciseaux, de limes, de haches dentelées, et de tous les abominables outils du tourmenteur, on lisait : « Ils sont tous fort précieux, tous authentiques ; ils ont tous servi. »

Alors Consuelo sentit défaillir tout son être. Une sueur froide détrempait les tresses de ses cheveux. Son cœur ne battait plus. Incapable de se soustraire à l’horreur de ce spectacle et des visions sanglantes qui l’assaillaient en foule, elle examinait ce qui était devant elle avec cette curiosité stupide et funeste qui s’empare de nous dans l’excès de l’épouvante. Au lieu de fermer les yeux, elle contemplait une sorte de cloche de bronze qui avait une tête monstrueuse et un casque rond posés sur un gros corps informe, sans jambes et tronqué à la hauteur des genoux. Cela ressemblait à une statue colossale, d’un travail grossier, destiné à orner un tombeau. Peu à peu Consuelo, sortant de sa torpeur, comprit, par une intuition involontaire, qu’on mettait le patient accroupi sous cette cloche. Le poids en était si terrible, qu’il ne pouvait, par aucun effort humain, la soulever. La dimension intérieure était si juste, qu’il ne pouvait y faire un mouvement. Cependant ce n’était pas avec le dessein de l’étouffer qu’on le mettait là, car la visière du casque rabattue à l’endroit du visage, et tout le pourtour de la tête étaient percés de petits trous dans quelques-uns desquels étaient encore plantés des stylets effilés. À l’aide de ces cruelles piqûres on tourmentait la victime pour lui arracher l’aveu de son crime réel ou imaginaire, la délation contre ses parents ou ses amis, la confession de sa foi politique ou religieuse[1]. Sur le sommet du casque, on lisait, en caractères incisés dans le métal, ces mots en langue espagnole :

Vive la sainte inquisition !

Et au-dessous, une prière qui semblait dictée par une compassion féroce, mais qui était peut-être sortie du cœur et de la main du pauvre ouvrier condamné à fabriquer cette infâme machine :

Sainte mère de Dieu, priez pour le pauvre pêcheur !

Une touffe de cheveux, arrachée dans les tourments, et sans doute collée par le sang, était restée au-dessous de cette prière, comme des stigmates effrayants et indélébiles. Ils sortaient par un des trous, qu’avait élargi le stylet. C’étaient des cheveux blancs !

Tout à coup, Consuelo ne vit plus rien et cessa de souffrir. Sans être avertie par aucun sentiment de douleur physique, car son âme et son corps n’existaient plus que dans le corps et l’âme de l’humanité violentée et mutilée, elle tomba droite et raide sur le pavé comme une statue qui se détacherait de son piédestal ; mais au moment où sa tête allait frapper le bronze de l’infernale machine, elle fut reçue dans les bras d’un homme qu’elle ne vit pas. C’était Liverani.

  1. Tout le monde peut voir un instrument de ce genre avec cent autres non moins ingénieux dans l’arsenal de Venise. Consuelo ne l’y avait pas vu : ces horribles instruments de torture, ainsi que l’intérieur des cachots du Saint-Office et des plombs du palais ducal, n’ont été livrés à l’exament du public, à l’intérieur, qu’à l’entrée des Français à Venise, lors des guerres de la république.