La Complainte de Rossel

Le Mouvement socialn° 90, extrait - La Complainte de Rossel (p. 5-6).


ROSSEL
ou
COMPLAINTE DE ROSSEL


I

Il n’avait pas trente ans, le cœur plein d’espérance
Plein de patriotisme et d’abnégation,
Quand les bourreaux français tranchèrent l’existence
De ce grand citoyen, de ce fier champion.

 

Refrain :

 C’est pour la Commune égorgée
 Qu’il est mort frappé par la loi.
 Ô Rossel, mon enfant, ta mort sera vengée,
Ô martyr, dors en paix, dors en paix,
 La France pense à toi.

 

II

On l’a fait fusiller comme un coupable infâme,
Comme s’il eût commis des crimes inouïs,
Ce fier vaillant soldat qui n’avait dans son âme
Que trop d’amour, hélas ! pour son pauvre pays.


III

Il est mort glorieux pour le salut du monde,
Comme le Christ est mort par la main des bourreaux.
Mais son sang généreux vivifie et féconde
Le droit de liberté qu’il défendait si haut.

IV

La République était son amante adorée,
Pour elle il a donné sa jeunesse et son sang.
Les Français en émoi, la France déchirée
Pleurent avec nous ce fils, pleurent cet innocent.

V

Adieu, mon fils, adieu. Ton immense infortune
Laisse dans notre cœur un immortel regret.
Mais si le peuple un jour refaisait la Commune,
C’est au nom de Rossel qu’il se soulèverait.