La Commune (chanson)

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Anonyme
Le Peuple de Lyon du 2 août 1903 (p. 2-4).

LA COMMUNE



Portant le droit sur ses vastes épaules,
Opposant Christ aux abus de l’autel,
L’indépendance allait au sein des Gaules
Ouvrir le monde au peuple universel ;
Quand des sabreurs, la brutale cohorte,
En l’étouffant, arracha ses jalons.
Allons soldats ! scalpez la grande morte
Et dans sa peau, taillez-vous des galons.

REFRAIN
Quand le sang dans les pierres

Tourbillonne avec fureur.
Peuples effacez vos frontières
Et vous phalanges guerrières
Rendez le fer au laboureur (bis).


Feu partout ! feu ! partout des embuscades ;
Les bataillons ravagent la cité
Peuple en avant : c’est dans les barricades
Que l’avenir cache la liberté.
Quand des tyrans l’insolente parole
Pour s’imposer, fait crier les canons !
Sur leur palais ; qu’importe le pétrole
Contre les rois, tous les moyens sont bons.
Quand le sang, etc., etc.

Quatre contre un ; vainqueurs, soyez infâmes
Exterminez ces glorieux mutins ;
Égorgez tout ; les vieillards et les femmes
C’est votre état, faites des orphelins.
Si les mourants étendus sur les dalles
Vous adressaient un appel fraternel.
Tirez encor, il vous reste des balles
Pavôts de plomb du sommeil éternel.
Quand le sang, etc., etc.


Quand les obus allumaient l’incendie
Éclair humain guidant tes derniers pas
Pauvre Commune à ta grande agonie
La France calme assistait l’arme au bras.
Sois donc esclave affreuse valetaille
Et si les fers éveillent tes remords
Admire enfin la sublime canaille
Qui fit Paris capitale des morts,
Quand le sang, etc., etc.

Géant de bronze âme de la bataille
Repose-toi dans l’herbe des remparts
Laisse le droit se guérir de l’entaille
Que tes boulets ont fait de toutes parts
Grondeur puissant c’est par ta gueule ronde
Que nos enfants crachant sur les meneurs
Rendront enfin la République au monde
L’or au travail et la poudre aux mineurs,
Quand le sang, etc.