La Cité de Dieu (Augustin)/Livre XI/Chapitre XX

La Cité de Dieu
Texte établi par RaulxL. Guérin & Cie (Œuvres complètes de Saint Augustin, tome XIIIp. 235-236).
CHAPITRE XX.
EXPLICATION DE CE PASSAGE : « ET DIEU VIT QUE LA LUMIÈRE ÉTAIT BONNE ».

Il importe de remarquer aussi qu’après cette parole : « Que la lumière soit faite, et la lumière fut faite[1] », l’Ecriture ajoute aussitôt : « Et Dieu vit que la lumière était bonne[2] ». Or, elle n’ajoute pas cela après que Dieu eût séparé la lumière des ténèbres et appelé la lumière jour et les ténèbres nuit. Pourquoi ? c’est que Dieu aurait paru donner également son approbation à ces ténèbres et à cette lumière. Quant aux ténèbres matérielles, incapables par conséquent de faillir, qui, à l’aide des astres, sont séparées de cette lumière sensible qui éclaire nos yeux, l’Ecriture ne rapporte le témoignage de l’approbation de Dieu qu’après la séparation accomplie : « Et Dieu plaça ces astres dans le firmament du ciel pour luire sur la terre, présider au jour et à la nuit, et séparer la lumière des ténèbres. Et Dieu vit que cela était bon[3] ». L’un et l’autre lui plut, parce que l’un et l’autre est sans péché. Mais lorsque Dieu eut dit : « Que la lumière soit faite, et la lumière fut faite : et Dieu vit que la lumière était bonne » ; l’Ecriture ajoute aussitôt : « Et Dieu sépara la lumière des ténèbres, et appela la lumière jour et les ténèbres nuit ». Elle n’ajoute pas : Et Dieu vit que cela était bon, de peur que l’un et l’autre ne fut nommé bon, tandis que l’un des deux était mauvais, non par nature, mais par son propre vice. C’est pourquoi, en cet endroit, la seule lumière plut au Créateur, et quant aux ténèbres, c’est-à-dire aux mauvais anges, tout en les faisant servir à l’ordre de ses desseins, il ne devait pas les approuver.

  1. Gen. I, 3.
  2. Ibid. 4.
  3. Gen. I, 17, 18.