La Chanson française du XVe au XXe siècle/XVIIe siècle/Notice

XVIIe siècle : Notice
La Chanson française du XVe au XXe siècle, Texte établi par Jean GillequinLa Renaissance du livre (p. 89-90).


XVIIe SIÈCLE


On a beaucoup chanté au XVIIe siècle dans toutes les classes de la société. Les « honnêtes gens » chantaient des airs de cour où la galanterie un peu fade de l’époque s’ornait des grâces de l’esprit précieux. Le chant était très cultivé dans l’aristocratie : on s’y disputait quelques maîtres renommés qui enseignaient à chanter « proprement », c’est-à-dire avec ces nuances, ces agréments et ces inflexions mourantes qui constituaient ce qu’on appelait « le goût du chant français ». Les airs de cour proprement dits sont assez différents de ce que nous entendons aujourd’hui par chanson ; on en trouvera ici quelques exemples caractéristiques.

Le peuple avait son répertoire particulier, les vaudevilles, chansons souvent satiriques et presque toujours fort grossières, que l’on chantait ordinairement sur le Pont-Neuf, d’où le nom de « ponts-neufs » par lequel ils sont parfois désignés.

Ce qui, au XVIIe siècle, correspond le mieux à ce que nous appelons la chanson, tient à la fois de l’air de cour et du vaudeville. Ces chansons, moins apprêtées que les premiers et un peu moins libres que les seconds, nous ont été conservées en grand nombre dans les recueils que l’éditeur Christophe Ballard publia au début du XVIIIe siècle sous le titre de Brunettes ou petits airs tendres… mêlées de chansons à danser. Le titre de brunette leur vient de la jeune brune qui en est l’héroïne familière. Généralement galantes et champêtres, elles nous présentent les thèmes de la tradition populaire, mais légèrement épurés et stylisés, sans qu’ils aient perdu toutefois leur naïveté primitive. Parfois aussi elles expriment sous une forme plus simple et avec un faux air pastoral les sentiments habituels aux airs de cour. C’est naturellement parmi les chansons du premier genre que nous avons fait le plus volontiers notre choix.