La Chanson française du XVe au XXe siècle/Frétillon

La Chanson française du XVe au XXe siècle, Texte établi par Jean GillequinLa Renaissance du livre (p. 211-212).


FRÉTILLON

Air : Ma commère, quand je danse.


Francs amis des bonnes filles,
Vous connaissez Frétillon,
Ses charmes aux plus gentilles
Ont fait baisser pavillon.
     Ma Frétillon, (bis)
         Cette fille
         Qui frétille
N’a pourtant qu’un cotillon.

Deux fois elle eut équipage,
Dentelles et diamants,
Et deux fois mit tout en gage
Pour quelques fripons d’amants.
     Ma Frétillon,
         Cette fille
         Qui frétille
Reste avec un cotillon.

Point de dame qui la vaille :
Cet hiver dans son taudis,
Couché presque sur la paille,
Mes sens étaient engourdis ;
     Ma Frétillon,
         Cette fille
         Qui frétille
Mit sur moi son cotillon.

Mais que vient-on de m’apprendre ?
Quoi ! le peu qui lui restait,
Frétillon a pu le vendre
Pour un fat qui la battait !

     Ma Frétillon,
         Cette fille
         Qui frétille
A vendu son cotillon.

En chemise, à la croisée,
Il lui faut tendre ses lacs.
À travers la toile usée
Amour lorgne ses appas.
     Ma Frétillon,
         Cette fille
         Qui frétille
Est si bien sans cotillon !

Seigneurs, banquiers et notaires
La feront encor briller ;
Puis encor des mousquetaires
Viendront la déshabiller.
     Ma Frétillon, (bis)
         Cette fille
         Qui frétille
Mourra sans un cotillon.

Béranger