La Cathédrale de Lyon/IV/2

Henri Laurens (p. 84-91).
Les chapelles. — I. Chapelle Saint-Pierre. — Contemporaine de la construction de l’abside, au côté
Porte et balustrade de la chapelle des Bourbons.

nord, elle est placée aujourd’hui sous le vocable de la Vierge. Sur l’autel, une statue de Notre-Dame est due au ciseau de Maximilien, élève de Canova. Elle conserve les tombes de l’archevêque Jean de Talaru, du gouverneur de Lyon, François de Mandelot, portant la date de 1588, et du cardinal de Bonald, mort en 1870.

II. Chapelle Saint-Thomas. — Un retrait ménagé dans le mur oriental du transept nord constitue une chapelle, réduite à un simple autel, sous le vocable de saint Thomas. Fondée au xiiie siècle, elle fut restaurée en 1443 par le sacristain Henry de Sacconay qui éleva l’autel actuel et le retable de la Renaissance italienne qui le surmonte, divisé en trois niches par des pilastres aux élégantes arabesques.

III. Chapelle de l’Annonciade. — La première en descendant le bas côté nord, elle fut fondée en 1496 par le custode Pierre de Semur et décorée avec une grande richesse. L’autel a disparu, mais il subsiste encore un précieux morceau de sculpture, ornant toute la paroi orientale, dans lequel on retrouve les coquilles et les corniches de la Renaissance mariées aux gables et aux pinacles du xve siècle Les armes du fondateur Pierre de Semur : « d’argent à trois bandes de gueules » occupent, avec de beaux rinceaux, l’étage supérieur. Au-dessus de ce retable, des anges, musiciens et adorateurs, encadrent le Père Éternel supporté par des séraphins. Ces sculptures ornées de peintures sont, pour la région lyonnaise, un très rare spécimen de statuaire polychrome dont le décor a été peut-être trop retouché lors d’une restauration récente.

IV. Chapelle Saint-Michel. — Édifiée en 1448 par le custode Jean de Grôlée, elle a perdu toute sa décoration primitive. L’autel est surmonté d’un retable de style grec, œuvre de Chenavard ; le lourd vitrail moderne représente saint Jubin recevant la confirmation de la bulle de suprématie de l’Église de Lyon, accordée par Grégoire VII en 1079.

À la suite de cette chapelle s’ouvre le passage qui reliait Saint-Jean à Saint-Étienne. Les deux piliers de la porte et leurs chapiteaux en marbre cipolin sont contemporains de l’abside ; les murs du passage, bordés d’arcatures avec chapiteaux à feuillages, sont du xiiie siècle.

V. Chapelle des Saints-Denis et Austregesille

Fondée au xve siècle par le doyen Claude de Gaste, elle contient la pierre tombale du chanoine comte Crémeaux de Pollionay, mort en 1689.

VI. Chapelle Notre-Dame et Saint-Jean-Baptiste. — Elle fut construite de fond en syme vers 1617 par le doyen Jean Meslet de la Besnerie.

VII. Chapelle des Fonts. — La décoration de cette chapelle, élevée seulement en 1622 par l’archidiacre Antoine de Gilbertes, est entièrement moderne. La peinture du retable, le Baptême du Christ, est due au peintre lyonnais T. Tollet et le vitrail à l’auteur de cette notice. Il représente la Faute originelle, l’Annonce de la Rédemption, le Baptême de Clovis et le Baptême d’un prince tartare lors du concile tenu dans la cathédrale de Lyon en 1274.

Au midi, en partant du chœur :

VIII. Notre-Dame du Haut-Don. — Elle est placée sous le vocable de la Croix, depuis la démolition de l’église Sainte-Croix, sous la Révolution. Comme celle du côté nord, cette chapelle est contemporaine du chœur.

IX. La Madeleine. — Dans le mur oriental du transept s’ouvre la porte de la sacristie du Chapitre, fermée par une très belle grille de fer forgé du xviiie siècle. Immédiatement après le transept une porte et un petit porche, de l’extrême fin du xiie siècle, s’ouvrent sur la cour de l’archevêché. À la suite, la chapelle Saint-Raphaël, élevée en 1494, communiquait, au xviiie siècle, avec la maison des Comtes de Lyon, par des ouvertures donnant dans le grand escalier.

XI. Chapelle du Saint-Sépulcre. — Elle fut fondée en 1401 par l’archevêque Philippe de Thurey et construite par Jacques de Beaujeu, le maître de l’œuvre qui acheva les dernières travées de la nef. Elle comprend deux travées séparées par un arc doubleau et voûtées sur arcs d’ogive. Une grande baie élégamment ajourée l’éclairait au levant avant la construction de la chapelle Saint-Raphaël et, à côté de l’autel, une fort belle piscine couronnée d’un gable finement sculpté est engagée dans le mur. Au midi, une porte donnait accès dans l’ancien cloître et tout auprès, une belle arcade géminée avec retombée centrale passe pour être le tombeau de Philippe de Thurey. Ne serait-ce pas plutôt l’encadrement d’un ancien Saint-Sépulcre ? Dans le dallage on voit encore trois pierres tombales très bien conservées, dont les effigies représentent des membres du chapitre en costume de chœur, chape ou chasuble, mitre et gants. Ce sont : le précenteur Guillaume de la Poype, 1287 le bâton cantoral à la main ; les trois d’Amanzé, 1461, 1465, 1479 et une seule pierre pour les de l’Aubépin, de Grôlée et de Varax, également du xve siècle.

XII. Chapelle des Bourbons. — Cette chapelle, justement célèbre, fut fondée en 1486 par le cardinal Charles de Bourbon, archevêque de Lyon et achevée par son frère Pierre, duc de Bourbon et comte de Forez, dans les premières années du xvie siècle. Comme la précédente, elle comprend deux travées et s’ouvre sur le collatéral sud par deux hautes arcades, décorées, comme la voûte, de nervures et de pendentifs. À trois mètres au-dessus du sol

Photo L. Bégule.
Chapelle des Bourbons

règne une galerie ménagée dans l’épaisseur de la muraille, La décoration sculptée, dentelle de pierre ajourée et fouillée avec une prodigieuse délicatesse, est une des merveilles de l’art décoratif au xve siècle. Elle rivalise avec celle de Brou pour la finesse, mais la laisse bien loin derrière elle pour la pureté de style. Aux gorges des piliers, aux formerets, à l’arc doubleau, profondément refouillés, se détachent sur le vide le monogramme du cardinal ainsi que son emblème, le dextrochère avec manipule, tenant un glaive flamboyant. Ailleurs, les chiffres de Charles, Pierre et Suzanne de Bourbon, d’Anne de France et la devise célèbre « N’espoir ne peur » mélangés à des grappes et des feuilles de vigne. Vis-à-vis l’autel, la balustrade de la galerie est ajourée comme une dentelle avec le nom du fondateur, Charles, inscrit en toutes lettres. Au côté méridional, le cerf ailé des Bourbons, enlacé du ceinturon et portant le mot : « Espérance » en lettres gothiques, occupe les ajours. À la corniche, au-dessous, rampent des vignes sauvages et des chardons (emblème de l’ordre de Notre-Dame de Bourbon).

Le cardinal avait voulu être enseveli dans sa chapelle ; son tombeau, splendide mausolée de marbre blanc sur lequel il était représenté agenouillé et les mains jointes, a été détruit par les protestants, en même temps que de nombreuses statues qui garnissaient toutes les niches.

La chapelle est éclairée par une rose flamboyante et deux grandes baies dont les parties supérieures ont conservé leurs anciens vitraux.

Le chœur d’hiver du chapitre. — Après la chapelle des Bourbons, une porte, surmontée d’un arc en plein cintre, fait communiquer les bas côtés avec le cloître du xve siècle en contre-bas de huit marches, et dont il reste encore cinq travées. Cette galerie sert de chœur d’hiver au chapitre. Au tympan intérieur de cette porte, abritée sous un petit porche et qui, primitivement, s’ouvrait sur le préau du cloître, un élégant bas-relief du xive siècle, polychromé et doré, mais en partie mutilé, représente la Vierge-Mère entre deux anges céroféraires.