L. Hachette et Cie (p. 385-386).

CLI

ACHAB ET JÉZABEL — LE PROPHÈTE ÉLIE

(812 ans avant J.-C.)



Achab surpassa en impiété tous ses prédécesseurs. Il régna à Samarie, ville bâtie par Amri ; il épousa Jézabel, fille du roi des Sidoniens. Il bâtit un temple à Baal, dieu des Sidoniens, et l’adora publiquement ; enfin il commit crime sur crime, ainsi que sa femme Jézabel.

Le Seigneur, voulant punir Achab et Jézabel de leurs crimes et de leur impiété, et aussi tout le peuple d’Israël, qui offensait tous les jours le vrai Dieu par son idolâtrie et ses abominations, leur envoya un grand et saint prophète nommé Élie.

« Vive le Seigneur Dieu devant lequel je suis présentement, dit Élie à Achab devant tout le peuple ; le Seigneur vous fait dire qu’il ne tombera, pendant des années, ni rosée ni pluie, que selon les paroles qui tomberont de ma bouche. »

Ensuite le Seigneur dit à Élie : « Retire-toi d’ici ; marche vers l’orient, cache-toi sur le bord du torrent de Carith, qui est vis-à-vis du Jourdain. Tu boiras là l’eau du torrent. J’ai commandé aux corbeaux de te nourrir en ce lieu. »

Françoise. Comment les corbeaux pouvaient-ils nourrir Élie ? ils ne savent pas faire la cuisine.

Grand’mère. Tu vas voir comment, sans savoir faire la cuisine, ils purent nourrir le prophète aimé de Dieu.

Élie partit sur l’ordre du Seigneur, sans écouter les imprécations d’Achab et de Jézabel ; il alla demeurer au bord du torrent, comme le lui avait commandé le Seigneur. Tous les matins et tous les soirs les corbeaux lui apportaient du pain et de la viande.

Gaston. Dans quoi l’apportaient-ils ?

Grand’mère. Tout simplement dans leurs becs.

Paul. Cela ne devait pas être très-propre ; les corbeaux qui mangent des viandes pourries, des ordures ; leur bec devait sentir mauvais.

Grand’mère, souriant. Quelle idée ! Tu penses bien que ces corbeaux choisis par le Seigneur pour nourrir son fidèle serviteur étaient purifiés de toute souillure et apportaient une nourriture fraîche et agréable.

Petit-Louis. Mais ce pauvre Élie mangeait donc la viande crue ?

Grand’mère. Pourquoi cela ? Il avait du bois pour faire du feu, et il pouvait faire cuire sa viande.

Gaston. Dans quoi ? il n’avait pas de casseroles.

Louis. Mais tu sais bien que les Juifs faisaient cuire les viandes des holocaustes sur les pierres des autels.

Gaston. Mais Élie n’avait pas d’autel ? Grand’mère. Mais il avait des pierres tout le long du torrent ; et il pouvait chauffer ces pierres dans le feu et mettre sa viande dessus.

Soyez tranquilles, chers enfants, sur la nourriture que prenait Élie ; puisque le bon Dieu faisait le miracle de la lui faire apporter matin et soir par des corbeaux, il pouvait bien la faire apporter toute cuite et par des corbeaux très-propres.