L. Hachette et Cie (p. 55-56).

XV

NAISSANCE D’ISMAËL

(1874 ans avant J.-C.)



Sara, femme d’Abraham, lui dit un jour : « Vous savez que le Seigneur n’a pas permis que j’eusse des enfants. Mais, j’ai une servante égyptienne nommée Agar, prenez-la, je vous prie, pour seconde femme ; si elle a des enfants, ils seront comme les miens. »

Louis. C’est très-mal ce que demande Sara, puisqu’il est défendu d’avoir plusieurs femmes.

Grand’mère. Chez les Juifs ou Israélites, il était permis d’avoir plusieurs femmes. Mais une seule, la première, restait toujours maîtresse des autres qu’elle avait données à son mari, et des enfants qu’avaient ces femmes esclaves. Sara avait donc le droit de donner Agar à Abraham, et de se réserver les enfants qui pouvaient naître de cette seconde alliance.

Abraham consentit au désir de Sara, et prit Agar pour seconde femme. Et quand Agar devint la femme d’Abraham, elle commença à mépriser sa maîtresse. Sara dit un jour à Abraham : « Vous agissez injustement envers moi ; je vous ai donné ma servante pour femme ; et voilà qu’elle me traite avec mépris, et vous ne la punissez pas. »

Abraham lui répondit : « Ta servante est entre tes mains ; fais avec elle comme tu voudras, » Sara, ayant fait venir Agar, se mit à la battre, et Agar s’enfuit.

Jacques. Comme elle est méchante cette Sara ! Abraham aurait bien dû la battre à son tour.

Grand’mère. Dans ce temps-là, les maîtres traitaient durement leurs esclaves, et les battaient sans que personne le trouvât mauvais ou cruel. Agar n’était pas très-bonne ; elle avait probablement été insolente avec sa maîtresse, dont elle se moquait parce qu’elle était stérile, ce qui était une honte chez les Juifs. Sara avait donc raison d’être en colère contre Agar. Un ange du Seigneur trouva Agar dans le désert près d’une fontaine. « Agar, servante de Sara, où vas-tu ? » lui dit-il. Elle répondit : « Je fuis Sara, ma maîtresse, qui m’a cruellement battue. — Retourne chez ta maîtresse, reprit l’Ange, et humilie-toi devant elle, car elle est la maîtresse et tu es l’esclave. Le Seigneur te donnera une nombreuse postérité. Tu vas avoir un fils ; tu l’appelleras Ismaël. Ce sera un homme fier et sauvage ; il aimera à dominer et à combattre, et tous combattront contre lui. »

Armand. Un joli fils que va avoir Agar !

Grand’mère. Dans ce temps-là, les caractères fiers et batailleurs étaient très-estimés. Agar, qui elle-même était fière et emportée, fut probablement très-satisfaite de cette promesse.

Agar vit que c’était le Seigneur qui lui parlait ; elle se prosterna et l’adora ; puis elle retourna chez ses maîtres. Peu de temps après, elle eut un fils qu’Abraham appela Ismaël, ainsi que l’avait commandé le Seigneur ; Abraham avait alors quatre-vingt-six ans.