L. Hachette et Cie (p. 300-302).

CXVI

DAVID PUNIT LES VOLEURS DE SICELEG

(Même année, 965 ans avant J.-C.)



David ignorait la bataille, la défaite des Israélites et la mort de Saül et de son cher Jonathas. Il arriva à Siceleg, et trouva qu’en son absence, les Amalécites avaient brûlé la ville après l’avoir pillée, et que, sans tuer personne, ils avaient emmené en captivité tous les habitants, y compris les femmes de David et de ses gens.

En voyant ce grand désastre, les gens de David commencèrent à crier et à pleurer…

Jacques. Pourquoi, au lieu de crier et de pleurer, ne courent-ils pas après les voleurs pour les punir et reprendre leurs femmes ? C’est ridicule ! des hommes qui pleurent comme des enfants !

Grand’mère. Cher enfant, chez les Juifs, c’était l’usage de crier, de pleurer, de déchirer ses vêtements en signe d’affliction. C’est encore comme cela dans tout l’orient.

Quand ils eurent bien crié et bien pleuré, les soldats de David voulurent le lapider.

Louis. Par exemple ! on dirait que c’est la faute du pauvre David ! Il était aussi malheureux que les autres, puisque lui aussi avait tout perdu.

Grand’mère. C’est vrai ! Mais ces gens étaient tellement désolés qu’ils ne savaient plus ce qu’ils faisaient. Ils disaient que si David était resté à Siceleg, ce malheur ne leur serait pas arrivé.

David ne s’effraya pas de cette colère injuste ; il mit sa confiance dans le Seigneur.

Il dit au grand prêtre Abiathar (celui qui avait échappé au massacre de Saül), de revêtir son Éphod de grand prêtre, et de consulter avec lui le Seigneur. David parla donc au Seigneur, qui répondit : « Poursuis les brigands, tu les combattras, tu les tueras, et tu retrouveras tout ce qu’ils ont volé. »

David partit donc tout de suite avec ses six cents hommes, qui avaient entendu la réponse de Dieu, et ils arrivèrent au torrent de Bésor. Deux cents hommes restèrent au bord, parce qu’ils étaient trop fatigués. David et les quatre cents autres plus intrépides passèrent le torrent.

Ils rencontrèrent en chemin un esclave égyptien que les Amalécites avaient abandonné parce qu’il était malade. Il était étendu par terre depuis trois jours sans boire ni manger.

David le secourut, lui fit donner de l’eau à boire et du pain avec des figues et du raisin sec. Quand l’Égyptien fut remis, il dit à David qu’il le mènerait à l’endroit où étaient les voleurs amalécites, s’il lui promettait de ne pas le tuer et de ne pas le rendre à son méchant maître. David le lui promit.

L’Égyptien les mena à l’endroit où les Amalécites se reposaient, mangeant, buvant, chantant et se partageant les femmes, les enfants, les troupeaux et tout le butin.

David et ses gens se jetèrent sur eux, les tuèrent tous depuis le premier jusqu’au dernier, et retrouvèrent tout ce qui leur avait été pris, sans que rien leur manquât ; ils s’emparèrent, en surplus, de beaucoup d’autres richesses, car les Amalécites avaient pillé partout sur leur passage.

Quand ils rejoignirent les deux cents hommes qui étaient restés près du torrent, les quatre cents autres ne voulaient leur rien donner du butin ; mais David leur représenta que ce n’était pas juste, puisque ce n’était pas la mauvaise volonté, mais la fatigue qui les avait obligés à rester en arrière. Et, avec le consentement de toute sa troupe, on donna à chacun une part égale du butin. Il partagea la sienne entre tous ceux des villes dont il avait été bien reçu et qui l’avaient secouru, ainsi que ses soldats, dans les moments de détresse. Il ne voulut rien pour lui-même.

Jeanne. Comme David se conduit toujours sagement et généreusement ! C’est très-bien ce qu’il a fait là.

Grand’mère. Oui, chère petite, tu as raison ; aussi a-t-il mérité d’être un ancêtre de la sainte Vierge Marie, mère de Notre-Seigneur Jésus-Christ, et d’être resté, de tous les saints, de tous les rois, de tous les prophètes de l’Ancien Testament, le plus glorieux, le plus honoré, le plus respecté.