CHAPITRE III

soirée d’hiver


Mais dans l’étroit logis,
On sentait la chaleur des
foyers où l’on s’aime.

(Frs Coppé)


La femme de Joseph Dugré, mère d’Irénée, était d’origine acadienne. Elle était descendante de l’un de ces Acadiens qui, arrachés de force de leurs maisons de Grand-pré, furent traînés à Boston où ils faillirent mourir de misère et de privations.

Un soir d’hiver, la famille Dugré étant réunie au complet, l’un des enfants demanda au grand-père maternel :

« Pépère Boudrault, voulez-vous nous raconter l’histoire du grand dérangement. »

— Bien mes enfants, c’est une triste histoire que mon grand-père Boudrault m’a racontée. C’est son grand-père qui la lui avait racontée. Faut vous dire que le grand-père de mon grand-père est né sur le chemin du retour, quelque part dans les Montagnes vertes. Sa mère serait morte là, sans le dévouement de son mari qui l’a emportée dans ses bras, jusqu’à l’Acadie de Québec, pendant au moins quatre jours.

Aussi, il est mort d’épuisement, morfondu, ce qui fait que le petit Boudreault, qui est venu au monde quelque part au pied des montagnes, pas loin du Lac Champlain, a été baptisé par son oncle, emporté par son père, élevé par sa mère au milieu des autres Acadiens qui aidaient la pauvre veuve et l’orphelin.

Vous savez, dans ce temps là, il y avait chez nous moins de toilettes qu’aujourd’hui, mais il y avait assez de cœur et de foi en Dieu que, quand il y avait du pain chez les plus riches, les plus pauvres ne souffraient pas de faim.

Mais, c’est une longue histoire, une histoire que j’ai besoin de méditer avant de vous la raconter. Tenez, mes enfants, cette semaine, nous fêtons notre Dames-des-Neiges. Si vous voulez, nous aurons une petite veillée et, d’ici là, j’y penserai. Je vous raconterai ce que ma grand, grand’mère m’a raconté du grand dérangement. Vous verrez comme il y a des hommes méchants ; vous verrez aussi comme Dieu est bon pour ceux qui le prient et espèrent en Lui.

Le huit décembre, fête de notre Mère immaculée, il y avait fête chez Jos. Dugré. Oh ! Pas une fête mondaine, une fête de famille et de voisinage : pas d’échos mondains, pas de carte d’invitation, pas de costume de rigueur, pas de jalousie et de rivalité mondaines.

Il y avait, dans ces veillées, il y a encore, dans presque toutes nos campagnes et dans les veillées de familles qui s’y font, de l’amitié, de l’affection, de l’estime réciproque, du respect, de la décence dans les costumes et le maintien. C’est la franche et cordiale réception de gens qui reçoivent ceux qu’ils aiment et à la place d’échos mondains, il y a les échos d’une franche gaieté.

Les rires sont provoqués par les historiettes et les chants de gens qui veulent s’amuser et qui de fait s’amusent gaiement et chrétiennement.

À cette veillée de parents et de voisins, il était tout naturel que la promise du fils de la maison fût présente.

Irénée Dugré était allé chercher sa blonde chez Paul, au troisième, et en même temps avait invité ce dernier et sa femme.

— Nous allons bien nous amuser, et puis c’est intéressant l’histoire du grand dérangement.

L’entente fut vite faite. Irénée et sa future se rendraient à la fête, dans leur voiture, Paul et sa femme suivraient. Au retour, tout en sauvant les apparences, on éviterait un voyage inutile à Irénée : Paul ramènerait sa sœur.

Est-il à propos de raconter cette veillée canadienne, cette veillée de notre temps ?

Chansons canadiennes sans apprêts, sans prétentions, mais si belles dans leur simplicité.

Chansons venues de France avec nos pères, chansons du pays que l’on répète comme nos pères les ont répétées. Rien n’amuse autant nos gens qu’une bonne chanson à répondre comme par exemple la chanson du bonhomme.

Une couple de chanteurs se placent devant le maître de la maison et lui chantent à pleine voix la chanson suivante :


1


Bonhomme, bonhomme, sais-tu jouer ? (bis)
Sais-tu jouer de ce violon là ?
Et zing zin zin de ce violon là. (bis)
Bonhomme ! (bis)
Tu n’es pas maître dans ta maison
Quand nous y sommes


2


Bonhomme, bonhomme, sais-tu jouer ? (bis)
Sais-tu jouer de ce tambour là ?
Et bim bam boum de ce tambour là ! (bis)
Et zing zin zin de ce violon là. (bis)
Bonhomme ! (bis)
Tu n’es pas maître dans ta maison
Quand nous y sommes.


3


Bonhomme, bonhomme, sais-tu jouer ? (bis)
Sais-tu jouer de cette flûte là ?
Et flûte et flûte de cette flûte là ! (bis)
Et bim bam boum de ce tambour là ! (bis)
Et zing zin zin de ce violon là ! (bis)
Bonhomme ! (bis)
Tu n’es pas maître dans ta maison
Quand nous y sommes.


Et la chanson se continue sur un ton élevé allant toujours en montant. Après le violon, le tambour, la flûte — tous les instruments de musique y passent — vient un moment où tous les assistants chantent à pleine voix et elles sont puissantes nos voix de campagnards canadiens.

Le maître de la maison, à qui on répète ainsi : « Tu n’es pas maître dans ta maison quand nous y sommes » chante avec les autres et peut-être plus fort que les autres.

Puis avec cette autorité du maître que la chanson lui nie, mais que tout le monde lui reconnaît et que tous respectent, Joseph Dugré réclamait le silence pour que tous entendent le récit de l’aïeul : récit du martyr d’un peuple, victime de l’ambition, victime de sa confiance en l’honneur de l’ennemi, victime surtout de la corruption des grands de la terre et des gouvernants de l’époque.

Et le vieillard commençait ainsi son récit :

« Vous savez qu’il y a quelque part dans notre province de Québec, une paroisse qu’on appelle l’Acadie, mais c’est pas l’Acadie. Nos pères ont appelé ça de même en souvenir de leur pays qui était l’Acadie, quelque part dans le golfe St-Laurent.

« C’était un beau pays que l’Acadie, la terre était bonne, ça poussait en masse : du blé, du foin, du grain, des fruits. Les Acadiens avaient des vergers de pommiers, de pruniers, de poiriers, qu’ils avaient plantés, cultivés. Ils avaient des maisons qu’ils s’étaient bâties, des terres qu’ils avaient défrichées, égouttées, assainies, des troupeaux qu’ils avaient élevés. En un mot, ils étaient chez eux quand, un bon jour, il y a bien longtemps, ça fait bien cent cinquante ans, les Anglais sont arrivés. Mon grand grand père restait à Grand-pré qui était, paraît-il, une belle place de belles terres.

Donc, un jour, on a dit aux hommes de se rendre à l’église pour recevoir une communication importante de la part du Roi d’Angleterre. Là, il y avait des soldats qui les ont fait prisonniers au bout du fusil. Les hommes ont été embarqués sur des bateaux, les femmes sur d’autres, et les enfants à part.

Paul Neuville :

Mais M.  Boudrault, étaient-ils fous ces hommes là d’aller se jeter dans les pattes des soldats anglais ?

Grand-père Boudrault :

Mon garçon, ces hommes là étaient honnêtes et croyaient tout le monde comme eux. Vous étiez pas fous vous autres, en 1917, lorsqu’on vous prenait au piège pour vous faire soldats ; n’empêche que plusieurs se sont faits prendre.

Les familles ont été divisées. Le mari d’un côté, la femme ailleurs, les enfants dispersés. Isaac Boudrault, qui avait seize ans, a perdu ses parents ; il ne les a jamais retrouvés.

On a transporté tout ce monde là d’un bord et de l’autre pour s’emparer de leurs troupeaux.

Irénée Dugré :

Mais c’est atroce cela. Ces hommes là, ils devaient aimer leurs terres, qu’ils avaient défrichées, leurs maisons qu’ils avaient bâties. Tout leur ôter comme cela, c’est pire que les plus voleurs d’aujourd’hui.

Lucette :

Et puis les époux divisés, les fiancés séparés, les familles brisées, c’est terrible, c’est barbare.

Joseph Dugré :

Oui, c’est barbare, ôter à un homme sa femme qu’il aime, ses enfants qu’il a élevés, sa terre qu’il a faite, moi j’aimerais mieux me faire tuer. Mais continuez, pépère.

Grand-père Boudrault :

Il y a un poète américain qui a composé une belle poésie qui s’appelle Évangéline. Je ne l’ai pas lue parce que c’est en anglais. Parait que c’est bien beau. Mais je reviens à mon grand-père, Isaac Boudrault, qui était fils de Louis, si je me rappelle bien. Je ne suis pas sûr si c’était pas Goudrault ou Gourdault, toujours est-il qu’Isaac a été débarqué à Boston. Là, les Anglais les laissaient sans manger. Ils avaient tellement faim, qu’un jour, il en est mort une couple parce qu’ils avaient mangé du chien mort tout seul. Puis, mes enfants, cela a duré une douzaine d’années comme ça. Les Anglais de Boston ne voulaient pas les lâcher. Isaac Boudrault a demandé la permission de s’en aller avec les sauvages ; on a refusé. Il a demandé qu’on lui donne une hache et un coin de terre qu’il puisse défricher ; on n’a pas voulu.

On voulait pas les nourrir à rien faire, à ce qu’on disait, et on leur refusait toute chance de travailler.

Le temps passait. Un beau jour, Isaac a rencontré une petite Thibodot. Vous savez, la misère, ça empêche pas l’amour. Ils se sont aimés, mais pour se marier, c’était pas aisé ; ils ont attendu.

Lucette :

Pourquoi que c’était pas aisé ?

Grand-père :

Parce qu’ils étaient catholiques et qu’il n’y avait pas de prêtre catholique ; tu sais, ma fille, quand on est catholique, on se marie pas plutôt que de se marier devant un ministre protestant.

Tout a une fin. Les Anglais de Boston se sont « tannés » de « maganner » les Acadiens. Un bon jour, ils leur ont dit : « Puisque vous ne voulez pas mourir ni vous faire Anglais et protestants vous pouvez vous en aller en Canada ».

Alors Isaac Bourdault ou Boudrault a pris Marie Thibodot par la main. Ils sont allés trouver l’oncle Costin Thibodot et ils lui ont dit : « Mariez-nous. Nous nous aimons. Il n’y a pas de prêtre ici. Nous ne savons pas quand nous en verrons un, alors mariez-nous et quand nous verrons un prêtre nous ferons bénir notre mariage ».

L’oncle Costin leur a fait promettre devant témoins de faire bénir leur mariage aussitôt qu’ils trouveraient un prêtre, puis, devant témoins encore, il leur fit déclarer qu’ils se prenaient pour mari et femme, déclarant qu’ils étaient mariés, mais toujours en exprimant qu’ils ne voulaient en rien manquer aux lois de l’Église ni au respect dû à ses ministres.

Jamais leur mariage n’a été béni. Mon grand-père est mort avant de voir un prêtre, mais ça n’empêche pas qu’ils étaient mariés et que sa femme a toujours été considérée comme veuve. C’était madame Boudrault. Jamais elle ne s’est remariée. Paraît qu’elle avait du cœur, voyez-vous, et elle a pas oublié son homme, qui s’était sacrifié pour elle et son enfant.

Mais je reviens à mon histoire. Après leur mariage devant l’oncle Costin Tibodot, ils sont restés à Boston encore un bout de temps. Un jour ils ont présenté au gouverneur de Boston une requête qui était signée par bien des noms d’Acadiens. Il y avait Jean Trahan, Jos. Hébaire, Charles Landry, Jean Hébert, Alexis Braux, Isaac Boudrault, Costin Tibodot, et bien d’autres. La requête demandait au gouverneur Fra Bernard de laisser partir les Acadiens pour le Canada. Bien, c’est pas croyable, le gouverneur qui s’en disait « tanné » a refusé de les laisser partir. Alors, ils ont décidé de partir quand même. Les Anglais de Boston les ont gardés pour pas qu’ils partent.

Enfin, un bon jour, Fra Bernard, le gouverneur leur a dit :

« Allez-vous en ».

Mais à pied, sans provisions, sans armes, à travers le bois, quatre cents milles, c’est un miracle qu’ils ne soient pas tous morts avant d’arriver. Plusieurs sont morts de faim, de misère. Faites vous une idée que c’était triste, quand il en mourrait un. Les autres disaient le chapelet, on faisait un trou, pi on l’enterrait pour pas que le corps soit mangé par les bêtes sauvages.

Mon grand-père « est venu au monde » à la fin du voyage, à quelque part au pied d’une montagne, sur le bord d’un ruisseau.

Comme ils arrivaient en Canada, à ce que disaient ceux qui étaient allés en éclaireurs, mon grand-père, Isaac Bourdault, a pris sa femme dans ses bras et il l’a portée avec son enfants, oui mes enfants, il l’a porté comme ça au moins cinquante milles, mais le lendemain de son arrivée à l’Acadie, il s’est mis à cracher le sang, et il est mort quelques jours après.

Marie Tibodot a élevé son enfant de misère et de privations. Pensez comme elle était pauvre.

Avant de mourir, son homme lui avait dit :

« Élève notre enfant, fais-en un bon catholique ».

Alors Marie, qui pourtant était une bonne chrétienne, a répondu :

« Je l’élèverai pour la vengeance, nous avons trop souffert ».

« Non, non, ma femme, a répondu Isaac, il faut tout pardonner. Tu sais Notre-Seigneur a pardonné à ses bourreaux et même à Judas. Pardonnons comme lui, pour aller avec lui. Élève notre enfant sans rancune. Au ciel, on se retrouvera. »

Marie Tibodot a élevé son petit gars. Paraît que c’était une rude femme que Marie. L’ouvrage ne lui faisait pas peur. Un homme non plus. Un jour, un « angliche », venu de Clarence, ayant voulu s’approcher trop proche, elle lui a dit de se reculer, sinon qu’elle le reculerait. L’angliche s’est mis à rire d’elle en disant :

« On connaît ça, des petites veuves pas mariées ».

Alors Marie Tibodot, que tout le monde respectait et appelait madame Boudrault, s’est fâchée. Elle vous a gaffé l’angliche aux cheveux puis elle lui a administré la plus belle raclée de coups de poings et de coups de pieds, qu’un angliche a jamais attrapée.

Les Acadiens l’ont arrêté. Elle l’aurait tué. L’homme, qui s’appelait Helpine, est sorti de là un bras cassé, un œil poché, deux dents cassées. Jamais il a recommencé. N’empêche que des fois pour étriver Madame Boudrault, des fois on l’appelait Marie casse Helpine, ou Marie casse-pine. Elle riait de cela.

Elle a vécu très vieille. Mon père nous en parlait souvent. Quand elle a été vieille au point de radoter, elle s’inquiétait de savoir si son mariage serait accepté par le bon Dieu. Elle avait peur que son Isaac ne soit pas son mari dans l’autre monde.

M.  le curé avait beau lui dire qu’elle était bien mariée, elle était pas rassurée.

Pour la rassurer on a référé la chose à Mgr  l’Évêque. Mgr  Plessis est venu en personne, lors de sa visite pastorale. Il est venu dans la maison où restait Marie Tibodot et lui a affirmé qu’elle était bien mariée, alors elle a été contente. Oui mes enfants c’est bien triste cette histoire, pensez-y. Avoir des terres, un chez nous, des animaux, et tout se faire ôter, cela sans raison. C’était bien méchant, mais les Acadiens ont pardonné. Ça ne veut pas dire, par exemple, que nous devons oublier ce qui s’est passé et les leçons de ces tristes événements.

Irénée Dugré :

Moi je n’aurais pas pardonné. Je me serais défendu jusqu’à la mort.

Paul Neuville :

Moi aussi, je défendrais mon chez-nous. N’est-ce pas, M.  Joseph, qu’on se défendrait, nous autres, si des étrangers venaient nous ravir nos terres que nous avons défrichées et nos maisons que nous avons bâties ?

Joseph Dugré :

À savoir, mon gars. À savoir. C’est curieux comment que ça arrive ces choses là. Les Anglais ont pris l’Acadie, ils se sont conduits comme des brutes, c’est vrai, mais les plus coupables ce sont ceux qui ont trahi, sacrifié leur pays pour servir leurs intérêts ou leurs passions. Que l’Anglais vainqueur ait voulu s’emparer des biens des Acadiens, c’est dans la nature humaine, qu’il se soit laissé tenter au point de chasser les véritables maîtres de ces biens, c’est encore dans la nature humaine, bien que tristement mauvais, mais à mon point de vue, les plus coupables, ce ne sont pas les Anglais, soldats au cœur endurci de combats et de haines, les plus coupables, ce sont les maîtres de la France et du Canada. Pendant que les Acadiens agonisaient de misère, à la cour du roi de France, on se livrait à toutes les débauches, à tous les vices possibles. Les soldats allaient nu-pieds, souvent n’avaient pas d’armes pour se battre, mais les favoris du roi avaient de l’or et des festins à offrir à leurs maîtresses.

En Canada, les soldats étaient réduits à la maigre ration, le paysan, le travailleur, étaient pressurés par l’intendant qui employait le fruit des impôts et les réquisitions, non pas à la défense et au progrès du pays, mais au service de ses passions malsaines et pour acheter le silence et la complaisance de ceux qui auraient pu le dénoncer ou le châtier.

Oui mes enfants, notre pays fut perdu pour la France non parce que l’Anglais était le plus fort, mais parce que la corruption s’était glissée chez les grands du peuple.

Lucette :

Sommes nous responsables de la pourriture de ceux qui nous mènent ? Si Louis XIV et la Pompadour, si Bigot et sa séquelle étaient pourris de vices et de péchés, cela ne veut pas dire que les Acadiens devaient payer pour.

Grand-père :

Ma fille, il y a une certaine solidarité chez un peuple comme dans un ménage. Si la femme est méchante, le mari souffre pour elle et avec elle. Si les gouvernants sont pourris le peuple paye pour, d’ailleurs les peuples sont toujours un peu complices de la corruption de leurs gouvernants.

Pendant quelques minutes encore la conversation continua sur ce sujet puis on en vint à parler autre chose.

Assis côte à côte, Irénée et Lucette avaient écouté avec attention le récit du vieillard. Involontairement, ils faisaient des rapprochements entre la situation des amoureux Acadiens et la leur. Lucette se disait comme ils devaient s’aimer et elle disait à son ami :

« Comme je la comprends Marie Tibodot d’avoir gardé toujours le souvenir de son mari ».

Irénée répondit :

« Si je mourais ainsi, garderais-tu toujours mon souvenir ? »

« Bien oui, je suivrais l’exemple de la mère Casse-Pine. »

Pendant ce temps, les gens plus âgés parlaient de choses plus sérieuses. Paul Neuville parlait de questions municipales.

— Avez-vous eu des nouvelles du procès de la municipalité ?

— J’ai rencontré le maire, il y a quelque temps, répondit Joseph Dugré. Il m’a dit que la paroisse ayant perdu, le gouvernement avait jugement. On se demande comment ça va tourner. Vont-ils saisir les taxes ? Vont-ils mettre la paroisse entre les mains d’un administrateur ? Apparence que le gouvernement est embêté avec cette affaire là.

La veillée finie, c’est le retour, faut sauver les apparences. Irénée offre à sa blonde de la reconduire chez elle. Lucette accepte tout en protestant que c’est bien du trouble et Paul Neuville intervient pour offrir à sa sœur de la ramener dans sa voiture.