L’Outaouais supérieur/Notes supplémentaires, (Le phosphate)


C. Darveau (p. 307-309).


NOTES SUPPLÉMENTAIRES



(LE PHOSPHATE)




Au tableau de la production du phosphate que nous avons présenté à la page 224 de cet ouvrage, nous devons, pour l’instruction complète du lecteur, ajouter le tableau suivant tiré du rapport fait par M. Obalski en 1888. On y verra les quantités de phosphate exportées chaque année, de 1877 à 1887 inclusivement, avec les prix de revient en regard, et l’on constatera l’importance croissante d’une industrie, qui, de cinquante mille dollars à peine qu’elle rapportait, il y a dix ans, a vu la valeur de sa production s’élever à près d’un demi-million en 1885.


PHOSPHATE (Exportations)
1877 2,823 Tonnes $ 47,084 00
1878 9,919 "   195,881 00
1879 6,604 "   101,470 00
1880 11,673 "   175,664 00
1881 9,497 "   182,339 00
1882 16,585 "   332,019 00
1883 19,666 "   427,168 00
1884 20,946 "   415,350 00
1885 28,535 "   490,331 00
1886 19,796 "   337,191 00
1887 22,447 "   424,940 00
_______     __________
168,491 tonnes $ 3,129,387 00

Depuis deux ans, de riches dépôts ont été ouverts dans des cantons nouveaux. Plusieurs compagnies, puissamment organisées, travaillent avec méthode, en employant les machines à vapeur ou à air comprimé, et obtiennent les meilleurs résultats.

L’exploitation la plus importante est actuellement faite par les compagnies suivantes :

Sur la Lièvre Ottawa Phosphate Co. Mine Emerald
W. A. Allan " Little rapid
Canadian Phosphate Co. " Union
Phosphate of lime Co. " High Rock
S. P. Franchot " Central Lake
Dominion Phosphate Co. " North Star
Dans Templeton Blackburn
Jackson Rae
Templeton and Blanche River Phosphate Co.
Canada Industrial Co.


Il existe, en outre, de nombreuses compagnies possédant de très bons terrains, mais ne travaillant pas régulièrement. Citons encore deux moulins à moudre et à concentrer les phosphates de qualité inférieure, qui permettent d’obtenir un produit moulu d’une teneur de 65 %. Ces moulins, qui ne nécessitent qu’un personnel de quelques hommes, peuvent produire, le premier, 15 tonnes par jour, et le second, 8 tonnes. Ils fonctionnent depuis quelques années et donnent pleine satisfaction à leurs compagnies.

Mais les chiffres cités plus haut et les détails qui les accompagnent, quoiqu’ils puissent attirer l’attention du lecteur, ne sauraient donner qu’une bien faible idée de la valeur des mines de phosphate de l’Outaouais. Cette valeur, on ne la connaîtra bien que lorsqu’elles pourront être entièrement exploitées, grâce à l’établissement d’un système de communications répondant à tous les besoins.

Jusqu’à présent, l’éloignement, l’absence de moyens de communication, la difficulté ou les prix excessifs de transport ont empêché l’exploitation de plus d’une mine d’une richesse extraordinaire. C’est ce qu’on peut affirmer, notamment au sujet de bon nombre de mines situées dans le bassin de la Gatineau. Pour les exploiter avec profit, on n’attend plus que la construction du chemin de fer dit « de la Gatineau », entre Hull et les cantons les plus éloignés que baigne la rivière de ce nom.

Malgré les désavantages actuels et les entraves qu’elle subit, l’industrie des phosphates n’en a pas moins pris un assez grand essor pour que deux mines aient été vendues récemment plus de trois cent mille dollars.

On calcule qu’il y a aujourd’hui environ seize cents ouvriers employés dans l’exploitation totale.

Des hommes compétents vont jusqu’à dire qu’un jour les mines de phosphate donneront au gouvernement un revenu aussi élevé que celui que donne le bois. Il ne faudrait peut-être pas trop se hâter de taxer ces hommes-là d’exagération.