L’Imitation de Jésus-Christ (Lamennais)/Livre troisième/29

Traduction par Félicité de Lamennais.
Texte établi par M. Pagès, Bonne Presse (p. 194-195).


CHAPITRE XXIX.

COMMENT IL FAUT INVOQUER ET BÉNIR DIEU DANS L’AFFLICTION.

1. Le F. Que votre nom soit béni à jamais, Seigneur, qui avez voulu m’éprouver par cette peine et cette tentation.

Puisque je ne saurais l’éviter, qu’ai-je à faire que de me réfugier vers vous, pour que vous me secouriez, et qu’elle me devienne utile ?

Seigneur, voilà que je suis dans la tribulation, mon cœur malade est tourmenté par la passion qui le presse.

Et maintenant que dirai-je ? [1] O père plein de tendresse ! Les angoisses m’ont environné : Délivrez-moi de cette heure[2].

Mais cette heure est venue pour que vous fassiez éclater votre gloire, en me délivrant après m’avoir humilié profondément.

Daignez, Seigneur, me secourir : car, pauvre créature que je suis, que puis-je faire, et où irai-je sans vous ?

Seigneur, donnez-moi la patience encore cette fois. Soutenez-moi, mon Dieu, et je ne craindrai point, quelque pesante que soit cette épreuve.

2. Et maintenant que dirai-je encore ? Seigneur, que votre volonté se fasse[3]. J’ai bien mérité de sentir le poids de la tribulation.

Il faut donc que je le supporte : faites, mon Dieu, que ce soit avec patience, jusqu’à ce que la tempête passe, et que le calme revienne.

Votre main toute-puissante peut éloigner de moi cette tentation, et en modérer la violence, afin que je ne suc combe pas entièrement, comme vous l’avez déjà tant de fois fait pour moi, ô mon Dieu, ma miséricorde !

Et autant ce changement m’est difficile, autant il vous l’est peu : c’est l’œuvre de la droite du Très-Haut[4].

RÉFLEXION.

Le premier mouvement de l’âme éprouvée par la tentation doit être de s’humilier, de reconnaître son impuissance, et aussitôt de recourir avec une vive foi à celui qui seul est sa force : Seigneur, sauvez-moi, car je vais périr[5] : et Dieu se hâtera de venir au secours de cette pauvre âme ; il étendra pour la secourir sa main toute puissante ; Il commandera aux vents et à la mer, et il se fera un grand calme[6]. Ainsi encore, lorsque le cœur est brisé d’affliction, oppressé d’angoisse, que fera-t-il ? Il se jettera dans le sein de Dieu le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, Père de miséricorde et Dieu de toute consolation, qui nous console dans nos épreuves : car, de même que les souffrances de Jésus-Christ abondent en nous, ainsi abonde par Jésus-Christ notre consolation[7]. Alors, si notre âme, comme celle de Jésus, est triste jusqu’à la mort[8], si nous disons comme lui : Mon Père, que ce calice s’éloigne de moi ! comme lui aussi nous ajouterons : Non pas ce que je veux, mais ce que vous voulez ![9] .

  1. Joan. xii, 27.
  2. Joan. xii, 27.
  3. Matth. vi, 10.
  4. Ps. lxxxvi, 11.
  5. Matth. viii, 25.
  6. Matth. viii, 26.
  7. II Cor. i, 3-5.
  8. Matth. xxvi, 38.
  9. Matth. xxvi, 39.