L’Idylle vénitienne/Une Scène

Georges Crès et Cie, Éditeurs (p. 95-96).


XV

UNE SCÈNE


À quoi bon mentir ? Je t’ai vue… je vous ai vus !… Si ! si ! je vous ai vus !… Il avait son air rêveur, comme toujours… Il faisait le beau et l’indifférent… Alors, tu t’es approchée et, haletante, tu as baisé ses mains, son front, sa bouche… Pourquoi nier ?… Tu croyais l’Accademia déserte… et j’étais là… je t’avais suivie… je te surveillais… Ah ! vilaine… vilaine et vicieuse !

Passe encore d’embrasser l’autre, son voisin, l’Antonello da Messina, qui, lui, est un homme, un gaillard robuste et râblé… Mais ce gamin, ce potache ! Le Saint-Georges ! Le Saint-Georges de Mantegna !

Du propre !