L’Homme et la Terre/Postface

Librairie universelle (tome sixièmep. 543-546).



POSTFACE


L’auteur de L’Homme et la Terre mourut le 5 juillet 1905. Le manuscrit, composé sans hâte ni repos au cours des dix années précédentes, avait été complètement terminé au printemps de 1904. Élisée Reclus avait donc eu le temps d’y faire de nombreuses additions ; il avait eu la joie de discuter avec François Kupka les illustrations que celui-ci préparait et s’était rendu compte du travail que pourraient poursuivre les personnes qui l’entouraient. Au fur et à mesure de la publication des fascicules — le premier date du 15 avril 1905 —, il avait pu apporter quelques modifications au texte primitif : de légères différences entre la première et la seconde édition, dans les 300 premières pages du tome I, sont dues à la main de l’auteur.

Élisée Reclus, moins que tout autre, n’ignorait les défauts de l’ouvrage qui devait affirmer l’unité de ses vues de savant et d’anarchiste, développer son livre Évolution et Révolution en même temps que former un dernier chapitre à la Nouvelle Géographie Universelle. Telle était sa confiance en ses collaborateurs qu’il les pria de ne point s’en tenir à la lettre de son manuscrit ; il leur demanda même de refondre complètement certains chapitres dont il n’était pas satisfait. En cela, sa volonté ne fut pas respectée, le texte publié est celui du manuscrit entièrement écrit de sa main, mais il a été tenu compte, autant que possible, des observations marginales qu’il y avait faites, et, devant un texte de premier jet, dont les différentes parties ne se liaient pas toujours entre elles, on s’est efforcé de ne pas perdre de vue le respect dû au lecteur aussi bien qu’à l’écrivain.



Deux pages du Manuscrit de L’Homme et la Terre.

Élisée Reclus avait dressé une liste de sept à huit cents cartes, confiées aux excellents soins de son ami Patesson. De ces documents cartographiques, qui devaient accompagner le texte de telle sorte que tout nom géographique cité se retrouvât localisé, certains se sont montrés trop difficiles à exécuter dans le court laps de temps à notre disposition. Nul doute que cette partie de l’ouvrage n’eût été beaucoup plus intéressante si l’auteur avait présidé à l’édition. Quant aux illustrations, aucune instruction ne nous avait été laissée.

Elisée Reclus eût aimé à consacrer un mot aimable à chacun de ses collaborateurs, artistes et cartographes, correcteurs et metteurs en pages, à tous ceux qui, régulièrement ou incidemment, par amitié pour l’auteur ou sympathie pour ses écrits, ont donné leurs soins à la revision des épreuves, mais la plupart refusent de s’en voir remercier publiquement. Cette notice n’est signée que pour prendre la responsabilité des malfaçons de L’Homme et la Terre et des erreurs que de scrupuleux correspondants ont la bienveillance de signaler à l’éditeur.


Paul RECLUS.
Institut Géographique
Bruxelles, le 15 septembre 1908.