Les Névroses (Rollinat)/L’Ensevelissement

Les Ténèbres
Les NévrosesFasquelle. (p. 371).


L’ENSEVELISSEMENT


À Marcel Fouquier.


 
― On sonna fort. J’allai bien vite ouvrir la porte,
Et je vis un grand coffre horriblement oblong
Près duquel se tenait un petit homme blond,
Qui me dit : « Monsieur, c’est la bière que j’apporte. »

Et je baignai de pleurs la pauvre face morte,
Tandis que les porteurs entraient par le salon.
Au dehors, un voisin raclait du violon,
Et les oiseaux chantaient. ― « Diable ! l’odeur est forte ! »

Dit l’un des hommes noirs. ― « Y sommes-nous ? ― Vas-y, »
Répliqua l’autre. ― Hélas ! Et le corps fut saisi,
Et l’on allait fermer la boîte mortuaire,

Quand tous deux, avec une inoubliable voix,
Me dirent en pinçant l’un des bouts du suaire :
« Voulez-vous le revoir une dernière fois ? » ―