L’Encyclopédie/1re édition/ZAMBALES

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ZAMBALES, (Géog. mod.) peuples des Philippines dans la province de Pampanga, dont ils habitent les montagnes. Nous ne connoissons ces peuples que par la relation de Navarette : « les Zambales, dit-il, sont les ennemis mortels des noirs qui les redoutent beaucoup, & ils ont leurs bourgs sur les bords des montagnes. Ils n’ont point les cheveux crépus comme les noirs ; ils sont exempts de corvées, & paient leur taxe en argent non-travaillé. Ils sont tantôt en paix, tantôt en guerre avec les Indiens : quand ils sont en paix, ils viennent en troupes dans les bourgs ou les villes, on leur donne du tabac, des guenilles & du vin, dont ils sont fort contens, & quelques-uns aident aux principaux Indiens à cultiver leurs terres. Nous admirions qu’ils fussent si gras, si grands & si robustes, ne se nourrissant que de racines des montagnes, de quelques fruits & de chair crue, n’ayant d’autre habit que leur peau, & d’autre lit que la terre.

» Chacun d’eux a son arc & ses fléches ; l’arc est aussi long que celui qui s’en sert : ils les font du bois d’une sorte de palmier qui est aussi dur que le fer ; la corde est d’écorce d’arbre, & d’une force dont rien n’approche. Ils ont encore une petite arme de fer plus large que la main d’un quart d’aune de long, dont la poignée est fort belle, qu’ils disoient être de coquilles d’huîtres brûlées & de limaçons, elle ressembloit à de beau marbre. Ils se servent de cette arme quand on se mêle.

» Tous les peuples de ces montagnes, jusqu’à la nouvelle Ségovie, estiment beaucoup un crâne pour y boire, de sorte que celui qui a le plus de crânes, passe pour le plus vaillant ; & c’est pour jouir de cet honneur, que sans autre vue ils vont en course pour couper des têtes. En quelques endroits ils font des dents qu’ils en tirent, des especes de guirlandes qu’ils mettent sur leurs têtes ; celui qui en a le plus, est le plus estimé. Il y a une grande quantité de ces peuples dans les montagnes d’Orion, sur la baye de Manille, mais ils sont fort pacifiques. »

Ce passage est curieux, & nous apprend des particularités qui ne se trouvent pas ailleurs. On y voit qu’il y a dans ces îles deux races différentes de noirs ; que les uns sont de véritables negres, & que les autres ont des cheveux longs, comme les canarins du voisinage de Goa. (D. J.)