L’Encyclopédie/1re édition/ZÉDOAIRE

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ZÉDOAIRE, s. f. (Botan. exot.) racine aromatique des Indes orientales, de forme ronde ou longue.

Dioscoride & Galien ne font aucune mention de la zédoaire ni du zérumbeth. D’un autre côté, ces remedes étoient fort en usage chez les Arabes, mais ils les ont décrit si briévement, ils sont si incertains & si mal d’accord, que leurs ouvrages ne peuvent nous servir pour éclaircir l’histoire des simples.

Avicenne distingue la zédoaire du zérumbeth, & établit deux especes de zédoaire, l’une semblable à la racine de l’aristoloche, & l’autre qui croît avec le napel, & qui en est selon lui l’antidote.

Sérapion après avoir interprêté le mot de zérumbeth par celui de zédoaire, dit qu’il ressemble par ses racines à celles de l’aristoloche ronde, & au gingembre par la couleur & le goût. Rhasèz confond la zédoaire & le zérumbeth : en un mot, les uns & les autres noms brouillent, plutôt que de nous éclairer.

On trouve dans nos boutiques deux racines sous le nom de zédoaire : l’une est longue, & l’autre est ronde.

Quelques-uns croient que ce sont seulement différentes parties de la même racine. La zédoaire longue, zedoaria longa, est une racine tubéreuse, compacte, de deux, trois, quatre pouces de longueur, de la grosseur du doigt, finissant par les deux bouts en pointe mousse, cendrée au-dehors, blanche en-dedans, d’un goût âcre un peu amer, de peu d’odeur, mais agréable, douce, aromatique lorsqu’on la pile ou qu’on la mâche, & qui approche en quelque façon du camphre. On recherche celle qui est pesante, pleine, non ridée, un peu grasse, visqueuse, odorante, & sans trous.

La zédoaire ronde, zédoaria rotunda, ressemble entierement à la zédoaire longue, par sa substance, son poids, sa solidité, son goût & son odeur ; elle n’en differe que par la figure, car elle est sphérique, de la grandeur d’un pouce, terminée quelquefois en une petite pointe, par laquelle elle a coutume de germer. On nous apporte l’une & l’autre zédoaire de la Chine, selon Garzias & Paul Herman. On trouve plus rarement la ronde dans les boutiques que la longue. Nous ignorons encore quelles plantes les produisent.

Breynius & Rai soupçonnent que la zedoaire est la plante nommée malan-kna, H. Malab. p. 11. 17. Colchicum zeylanicum, flore violoe, odore & colore ephemeri, de Herman, Parad. Bat. prod. 304. Cette racine de Ceylan est bulbeuse, épaisse d’un doigt, couverte d’une membrane coriace, grise en dehors, blanche en-dedans, compacte & fibreuse. Les bulbes qui lui sont attachées, sont au nombre de six, placées deux à deux les unes sur les autres, lisses, ovalaires, chevelues, compactes, grasses, mucilagineuses en-dedans, mais qui piquent moins la langue.

Du sommet de la racine, s’éleve une graine blanche, membraneuse, dans laquelle sont renfermées quatre ou cinq fleurs, portées sur de longs pédicules. Ces fleurs sont à trois, ou à six pétales ; elles sont pannachées de bleu, de blanc, de rouge, de pourpre & de jaune ; leur odeur est agréable, au-dessus même de celle de la violette ; elles sortent de la terre avant les feuilles.

Après qu’elles sont tombées, le calice se renfle & devient une capsule, dans laquelle sont contenues des graines. Les feuilles sont longues d’un empan, larges de trois ou quatre travers de doigt, odorantes comme celles du gingembre, lisses & menues, d’un verd gai, soutenues sur une courte queue, laquelle par une base large enveloppe la tige, & donne naissance à une côte qui traverse la feuille dans toute sa longueur ; les tiges ont à peine une coudée de haut.

Herman distingue une autre espece de zédoaire qu’il nomme zedoaria zeylanica, camphoram redolens, Harad-Kaha, zeylanensium. Ses feuilles sont par-dessous d’un rouge pourpre obscur ; leurs queues sont faites en forme de quilles de vaisseau, & sortent immédiatement de la racine, & non de la tige.

La zédoaire de nos boutiques étant distillée avec de l’eau commune, fournit une huile essentielle, dense, épaisse, qui se fige, & prend la figure du camphre le plus fin ; elle a donc une huile essentielle subtile, unie avec un sel acide très-volatil, & l’union de ces deux substances, forme une résine semblable au camphre. (D. J.)