L’Encyclopédie/1re édition/WELLS ou WELLES

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WELLS ou WELLES, (Géog. mod.) en latin Theonodunum ; ville d’Angleterre, dans Sommersetshire, à 90 milles au couchant de Londres. Elle est agréable, bien bâtie, très-peuplée, & forme avec Bath un siege épiscopal. Le palais de l’évêque n’est pas loin de la cathédrale, qui est renommée par la sculpture de sa façade & par le nombre de ses statues. Elle députe au parlement, & a droit de marché. Elle tire son nom du grand nombre de ses puits & de ses sources d’eau vive. Dans le voisinage de cette ville, on voit sur la montagne de Mendip une grotte profonde & spacieuse, qui donne plusieurs sources d’eaux, & qu’on appelle Ochie-Hole, mot dérivé du gallois og, qui veut dire une grotte. Sous le regne de Henri VIII. on trouva près de cette grotte l’inscription suivante faite pour un trophée de l’empereur Claude, l’an 50 de Jesus-Christ : Ti. Claudius Cæsar. Aug. P. M. Trib. Pot. VIII. Imp. XVI. De Brit. Long. 15. 4. latit. 51. 15.

Bull (Georges) en latin Bullus, grand théologien, naquit à Wells en 1634, & mourut en 1710, évêque de Saint-David. Il s’est rendu célebre par plusieurs ouvrages, ayant employé la plus grande partie de la nuit à étudier, dormant peu, & se levant de bonne heure. Ses écrits latins ont été recueillis & publiés à Londres par Grabe en 1703, en un volume in-folio ; & M. Nelson fit imprimer en 1713, en trois vol. in-8°. les sermons de cet illustre évêque, précédés de sa vie, dont on trouvera l’extrait dans la bib. angl. tem. I. part. I.

Le plus fameux des ouvrages de Bull est sa défense de la foi du concile de Nicée, defensio fidei nicænæ, Oxonii, 1686, in-4°. & à Amsterdam 1688. L’auteur s’y propose de prouver que les peres des trois premiers siecles ont cru la divinité de Jesus-Christ & sa consubstantialité avec le pere, & par conséquent que le concile de Nicée n’a fait qu’établir la doctrine constante de l’Eglise depuis la naissance du christianisme.

Non-seulement les Sociniens pensent bien différemment, mais Episcopius qui n’étoit point socinien, prétend que c’étoit parmi les disputes & le trouble, que les peres de Nicée avoient dressé le symbole qui porte leur nom. Zuicker a démontré dans son livre intitulé Irenicum irenicorum, que les peres de Nicée étoient les auteurs d’une nouvelle doctrine ; & Courcelles a trouvé ses raisons sans réplique. Enfin le pere Petau accorde aux Ariens que les docteurs chrétiens qui précéderent le concile de Nicée, n’étoient pas éloignés de leurs opinions. D’autres savans ont répondu au docteur Bull, que tout son ouvrage rouloit sur une sorte de réticence, en supposant que le concile de Nicée étoit dans le même sentiment que nous sur la Trinité ; au lieu que ce concile reconnoissoit, à proprement parler, trois dieux égaux, contre l’opinion des Ariens, qui les croyoient inégaux, ou plutôt qui croyoient que le pere seul étoit Dieu dans le sens propre. Aussi le savant Cudworth, loin de défendre le concile de Nicée, a déclaré qu’on ne pouvoit pas regarder sa doctrine comme étant plus orthodoxe que celle des Ariens.

Toutes ces réflexions ne détruisent point le dogme de la divinité du fils de Dieu ; elles tendent seulement à justifier que quelque vénération qu’on doive avoir pour les premiers peres de l’Eglise, ils ont été sujets à l’erreur, parce qu’ils étoient hommes comme nous, & conséquemment ils ont pu se tromper sur cet article, comme sur bien d’autres. (D. J.)