L’Encyclopédie/1re édition/VERLUCIO

VERLUCIO, (Géog. anc.) ville de la grande Bretagne. L’itinéraire d’Antonin la place sur la route d’Ica à Calleva, entre Aquæ solis & Cunetio, à quinze milles du premier de ces lieux, & à vingt milles du second. On veut que cette place subsiste encore aujourd’hui ; mais on ne s’accorde pas sur sa situation. Les uns prétendent que c’est Westbury ; d’autres disent Hedington, d’autres Leckham, & d’autres Varmister. (D. J.)

VERMANDOIS, le, (Géog. mod.) pays de France, en Picardie. Il est borné au nord par le Cambresis, au midi par le Noyonnois, au levant par la Thiérache, & au couchant par le Santerre. Ce pays est un des premiers bailliages du royaume, dont le siege est à Laon. Sa coutume est suivie dans beaucoup d’autres bailliages. Il abonde en grains & en lin. La riviere de Somme y prend sa source & le traverse ; il a pour capitale la ville de Saint-Quentin.

Le Vermandois comprend une partie du terrein occupé autrefois par les Veromandui, dont il a emprunté le nom. Il étoit beaucoup plus étendu sous les célebres comtes de Vermandois, qui étoient les plus puissans vassaux de la couronne, à la fin de la seconde race & au commencement de la troisieme. Ils descendoient de Bernard, roi d’Italie, petit-fils naturel de Charlemagne. Ils étoient encore comtes de Troies, de Meaux & de Roucy. Cette illustre maison étant tombée en quenouille, Philippe Auguste réunit le Vermandois à la couronne, & donna des terres en échange à Eléonore, comtesse de Saint-Quentin.

Pierre de la Ramée, connu sous le nom de Ramus, professeur au college royal à Paris, étoit né en 1515 dans un village du Vermandois. Il vint tout jeune chercher les moyens de gagner sa vie à Paris, & faute d’autres ressources, il se mit valet au college de Navarre ; mais il fit de grands progrès dans les études, & fut reçu maître-ès-arts, en soutenant le contraire de la doctrine d’Aristote sur différentes propositions. Il s’en tira très-bien, & l’envie lui prit d’examiner à fond toute la philosophie de ce prince de l’école : ce fut la source de ses malheurs ; il s’attira beaucoup d’ennemis par ses ouvrages contre Aristote.

Les affaires qu’on lui suscita dans la suite, sous prétexte qu’il suivoit les opinions des Protestans, l’obligerent de se cacher tantôt dans un endroit, tantôt dans un autre. Enfin il fut assassiné en 1572 pendant le massacre de la S. Barthelemy, par des meurtriers que son ennemi Jacques Charpentier, docteur en médecine & professeur royal, envoya pour le tuer ; son corps indignement traité par les écoliers de ce professeur, fut jetté dans la Seine.

Il a fondé de son propre bien la chaire de mathématique qui porte son nom au college royal. Il nous reste de lui un traité de militiâ Cæsaris, un livre de moribus veterum Gallorum, & quelques autres ouvrages, qui sont à la vérité très-imparfaits, mais qu’on doit regarder comme le crépuscule du jour que Descartes fit luire ensuite pour les sciences. Le plus illustre des disciples de Ramus fut le cardinal d’Ossat, lequel a même écrit étant jeune, un ouvrage pour la défense de son maître ; & cet ouvrage honorable au disciple fut imprimé à Paris chez Wechel en 1564 in-8°. (D. J.)