L’Encyclopédie/1re édition/TRIBULE

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TRIBULE, s. m. tribulus, (Hist. nat. Botan.) genre de plante à fleur en rose, composée de plusieurs pétales disposés en rond ; le pistil sort du calice, & devient dans la suite un fruit en forme de croix ou turbiné, & composé le plus souvent de plusieurs parties faites en forme de chausse-trape, & réunies en maniere de tête qui contiennent des semences ordinairement oblongues, & placées dans de petites loges comme dans une niche. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

Tournefort en établit quatre especes, & nomme la premiere tribulus terrestris, ciceris folio, fructu aculeato, I. R. H. 265. Sa racine est simple, blanche, fibreuse. Elle pousse plusieurs petites tiges, couchées par terre, rondes, noueuses, velues, rougeâtres, divisées en plusieurs rameaux. Ses feuilles sont aîlées ou rangées par paires le long d’une côte, semblables à celles du pois chiche, velues. Ses fleurs sortent des aisselles des feuilles portées sur des pédicules assez longs, composées chacune de cinq pétales ou feuilles jaunes, disposées en rose, avec dix petites étamines dans le milieu. A ces fleurs succedent des fruits durs, armés d’épines longues & aiguës ; ce fruit est composé de quatre ou cinq cellules, dans lesquelles se trouvent renfermées des semences oblongues.

Cette plante croît abondamment dans les pays chauds, en Espagne, en Provence & en Languedoc aux environs de Montpellier ; elle sort de terre sur la fin de Mai, fleurit en Juillet, & graine en Août ; elle est fort incommode aux jardiniers, parce que ses fruits qui tombent dès qu’ils sont mûrs, leur blessent rudement les piés nuds par leurs piquans aiguillons ; cependant sa graine est d’usage : elle passe pour être astringente & bienfaisante dans la diarrhée. (D. J.)

Tribule aquatique, (Botan.) tribulus aquaticus, C. B. J. B. Parkinson, Tournef. &c. C’est la seule espece du genre de plante que Tournefort a caractérisé sous le nom de tribuloïdes, & Ray sous celui de potamogiton.

Cette plante aquatique pousse des tiges longues, grêles, succulentes, garnies par espace de beaucoup de fibres, qui lui servent de racines pour s’attacher ; ces tiges grossissent vers la superficie de l’eau ; elles jettent des feuilles larges presque semblables à celle du peuplier, mais plus courtes, & ayant en quelque maniere la forme rhomboïde, relevées de plusieurs nervures crenelées en leur circonférence, attachées à des queues longues & grosses. Ses fleurs sont petites, blanches, soutenues par un pédicule arrondi, solide, couvert d’un petit duvet ; il leur succede des fruits semblables à des petites châtaignes, mais armés chacun de quatre grosses pointes ou épines dures, de couleur grise, revêtu d’une membrane qui se sépare ; ensuite ce fruit devient noir, presque comme du jais, lisse, poli ; on appelle ce fruit vulgairement châtaigne-d’eau : sa substance est une sorte d’amande formée en cœur, dure, blanche, couverte d’une peau très-fine, & bonne à manger. On en peut faire de la farine qui ressemble à celle de feves, & en paîtrir du pain. Cette plante croît dans les ruisseaux, sur le bord des lacs & des rivieres en Italie & en Allemagne. (D. J.)