L’Encyclopédie/1re édition/TRAINÉE

◄  TRAINEAU
TRAINEMENT  ►

TRAINÉE, s. f. (Artif. & Art milit.) se dit, dans l’Artillerie, d’une certaine longueur que l’on remplit de poudre de deux ou trois lignes de largeur, & autant de hauteur, qui sert à communiquer le feu à d’autre poudre où la traînée aboutit.

Pour mettre le feu au canon, on met une traînée de poudre sur le premier renfort lequel aboutit à la lumiere ; on en use ainsi afin d’éviter les accidens qui pourroient arriver si on mettoit le feu à la poudre renfermée dans la lumiere ; parce que son action pourroit faire sauter le boute-feu des mains du canonnier & le blesser.

Pour mettre le feu aux mines, on se sert aussi d’une traînée de poudre : on découvre l’extrémité de l’auge ou de l’auget qui renferme le saucisson d’environ six pouces ; on fait cette ouverture à deux piés en-dedans de la galerie de la mine, afin que la pluie & que l’eau qu’on pourroit jetter dessus du haut du parapet n’empêche point la poudre du saucisson de prendre feu : on fait ensuite une traînée de poudre pour avancer vers l’air, où le feu est naturellement plus agité ; on prend ensuite un morceau de papier, sur les extrémités duquel on met de petites pierres ou quelque chose de pesant, sans presser ou étouffer la poudre ; au milieu de ce papier on fait un trou pour passer le boulon, qui est un morceau d’amadou le plus épais & le plus moëlleux que l’on peut trouver. On lui donne un pouce ou environ de longueur, selon le tems dont on a besoin pour se retirer : on a attention que ce morceau d’amadou passe bien au milieu de la traînée de poudre que l’on écrase en poulevrin ; s’il touchoit à terre il ne mettroit point le feu à la poudre, attendu qu’il ne l’allume que lorsqu’il est consommé. Le papier sert à empêcher que quelque étincelle ne mette trop promptement le feu à la poudre. Les pierres que l’on met dessus sont pour le tenir dans une situation fixe. On a un autre morceau d’amadou de même dimension que le premier que l’on tient à la main, & auquel on met le feu en même tems qu’à celui qui doit le mettre à la mine ; il sert à faire connoître le moment où la mine doit faire son effet. Voyez Témoin. (Q)

Trainée, en terme de Vénerie, espece de chasse du loup, du renard, &c. qu’on fait en l’attirant dans un piege ou trape, par le moyen de l’odeur d’une charogne qu’on traîne dans une campagne, ou le long d’un chemin, jusqu’au lieu de la trape. (D. J.)