L’Encyclopédie/1re édition/THURINGIENS, les

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THURINGIENS, les, (Géog.) Thuringi, Thoringi, & Doringi, peuples de la Germanie, célebres depuis la décadence de l’empire romain. Vegetius, Mulomedic. liv. IV. ch. vj. qui écrivoit vers la fin du quatrieme siecle, est le premier qui fasse mention des Thuringiens, en disant que leurs chevaux résistoient aisément à la fatigue. Jornandès, Procope, Cassiodore, & Grégoire de Tours, connoissent aussi les Thuringiens, & l’on peut conclure, que puisque les auteurs qui ont écrit avant le quatrieme siecle, n’en parlent en aucune façon, il faut que ces peuples n’aient pris naissance, ou du-moins n’aient commencé à se rendre fameux que dans ce siecle-là.

On doit se contenter de regarder comme la premiere demeure des Thuringiens, celle que les auteurs dont nous venons de parler leur donnent ; car ils ont habité auparavant quelqu’autre pays, mais personne ne peut nous instruire là-dessus. On voit que ces Thuringiens habiterent le pays des Chérusques, après que le nom de ceux-ci ne fut plus connu : outre cela, une partie du pays des Hermandures paroît avoir été renfermée dans la Thuringe, qui s’étendit nonseulement en-deçà, mais encore au-delà de la Sala : enfin on trouve que la meilleure partie du pays des Cattes servit à former la Thuringe, qui, lorsqu’elle fut devenue un royaume, s’étendoit du nord au midi, depuis l’Aller jusqu’au Meyn ; la Multa la bornoit à l’orient, & la Fulde & l’Adrana à l’occident.

Vers la fin du cinquieme siecle, & au commencement du sixieme, la Thuringe avoit un roi, & on a les noms des princes qui y regnerent. Bien des auteurs néanmoins font difficulté de leur donner le titre de roi ; mais Spener ne balance point à les reconnoître pour tels. « Le royaume de Thuringe, dit-il, étoit comme celui des Marcomans & comme celui des Francs, quoiqu’il ne leur fût pas comparable pour l’étendue ». Les Thuringiens firent parler d’eux sous leurs rois ; & à la faveur des troubles dont la Germanie étoit agitée, ils eurent occasion d’étendre leurs frontieres ; mais ayant voulu attaquer les Francs, après que ceux-ci eurent établi leur domination dans la Gaule, ils furent battus, perdirent une grande partie de leur pays, & devinrent tributaires. Dans la suite, la jalousie de deux freres ébranla cette monarchie, & la fit devenir la proie des Francs & des Saxons, qui profiterent de ces troubles. Voyez son état moderne au mot Thuringe. (D. J.)