L’Encyclopédie/1re édition/TERNAIRE, nombre

◄  TERMUS
TERNATE  ►

TERNAIRE, nombre, (Arithm. anc.) c’est un nombre parfait, dit Plutarque ; mais il ne faut pas entendre ces paroles suivant la définition du nombre parfait d’Euclide, qui veut que le nombre parfait soit celui qui est égal à toutes ses parties aliquotes jointes ensemble, comme sont 6 & 28. En ce sens le nombre ternaire est plutôt un nombre défaillant que parfait : lorsque Plutarque dit encore que le nombre ternaire est le commencement de multitude, il parle à la mode des Grecs, qui ont trois nombres dans leur déclinaisons, le singulier, le duel & le pluriel, & ne se servent du dernier que lorsqu’il s’agit de plusieurs choses, c’est-à-dire trois au-moins. Enfin quand cet auteur ajoute que le ternaire comprend en soi les premieres différences des nombres, il faut entendre par ces premieres différences, le pair & l’impair, parce que ce sont effectivement les premieres différences remarquées entre les nombres.

On dit pour prouver la perfection du nombre ternaire dans l’opinion des Payens, qu’ils attribuoient à leurs dieux un triple pouvoir, témoin les tria virginis ora Dianæ, le trident de Neptune, le cerbere à trois têtes, les trois parques, les trois furies, le trois graces, &c. Enfin le nombre de trois étoit employé dans les lustrations & les cérémonies les plus religieuses ; d’où vient que Virgile, Ænéid. liv. II. v. 188. dit :

Ter circùm accensos, cincti fulgentibus armis
Decurrere rogos.

(D. J.)