L’Encyclopédie/1re édition/TAMBOULA

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TAMBOULA, s. m. instrument des negres de l’Amérique, servant à marquer la cadence lorsqu’ils s’assemblent en troupe pour danser le calinda ; c’est une espece de gros tambour, formé du corps d’un tonneau de moyenne grosseur, ou d’un tronçon d’arbre creusé, dont l’un des bouts est couvert d’une peau préparée & bien tendue ; cet instrument s’entend de fort loin, quoique le son en soit sourd & lugubre : l’action de frapper le tamboüla s’appelle baboula, & la maniere de s’en servir est de le coucher par terre, en s’asseyant dessus, les jambes écartées à-peu-près comme on représente Bacchus sur son tonneau ; le negre, dans cette situation, frappe la peau du plat de ses deux mains, d’une façon plus ou moins accélerée, & plus ou moins forte, mais toujours en mesure, pour indiquer aux danseurs les contorsions & les mouvemens vifs ou ralentis qu’ils doivent exécuter ; ce qu’ils font tous avec une extrème justesse & sans contusion ; leur principale danse, qu’ils nomment calinda, s’exécute presque toujours terre-à-terre, variant les attitudes du corps avec assez de graces, & agitant les piés devant eux & par le côté, comme s’ils frottoient la terre : ce pas a ses difficultés pour l’exécuter avec précision, sur-tout en tournant par intervalles reglés. Nos chorégraphes pourroient en tirer parti dans la composition de leurs ballets, & le nommer pas de calinda ou de frotteur.

Dans les assemblées nombreuses, le tamboula est toujours accompagné d’une ou deux especes de guitarre à quatre cordes, que l’on appelle banzas ; les négres entremêlent cette musique de chansons à voix seule, dont les refrains se repétent en chorus par toute la troupe, avec beaucoup de justesse ; ce qui de loin, ne produit pas un mauvais effet. Article de M. le Romain.