L’Encyclopédie/1re édition/REVENU

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REVENU, (Gram.) participe du verbe revenir. Voyez Revenir.

Revenu, (Jurisprudence.) est le profit annuel que l’on tire d’une chose, comme des fruits que l’on recueille en nature, une rente en argent, ou en grains, ou autre chose. Voyez Rente. (A)

Revenus de l’état, (Gouvernement politique.) les revenus de l’état, dit M. de Montesquieu, sont une portion que chaque citoyen donne de son bien pour avoir la sureté de l’autre, ou pour en jouir agréablement.

Pour bien fixer ces revenus, il faut avoir égard & aux nécessités de l’état, & aux nécessités des citoyens ; il ne faut point prendre au peuple sur ses besoins réels, pour des besoins de l’état imaginaires.

Les besoins imaginaires, sont ce que demandent les passions & les foiblesses de ceux qui gouvernent, le charme d’un projet extraordinaire, l’envie malade d’une vaine gloire, & une certaine impuissance d’esprit contre les fantaisies. Souvent ceux qui, avec un esprit inquiet, étoient sous le prince à la tête des affaires, ont pensé que les besoins de l’état étoient les besoins de leurs petites ames.

Il n’y a rien que la sagesse & la prudence doivent plus regler que cette portion qu’on ôte, & cette portion qu’on laisse aux sujets. Ce n’est point à ce que le peuple peut donner, qu’il faut mesurer les revenus publics, mais à ce qu’il doit donner ; & si on les mesure à ce qu’il peut donner, il faut que ce soit du moins à ce qu’il peut toujours donner.

La connoissance exacte des revenus d’un état, conduit naturellement à distinguer ceux dont la ressource est la plus étendue & la plus assurée ; ceux qui sont le moins utiles à l’état ; ceux qui soulagent davantage le peuple ; ceux qui payent le plus également, & dès-lors le plus facilement ; ceux en conséquence qui lui sont à charge ; ceux enfin dont la perception nuit aux autres : observations importantes, & sur lesquelles on ne sauroit trop souvent jetter les yeux.

Ce n’est pas ici le lieu de discuter quelle est la meilleure méthode de la ferme ou de la régie, pour la perception des revenus d’un état, nous nous contenterons seulement d’observer que la derniere de ces deux opérations a pour elle le suffrage des plus beaux génies & des meilleurs citoyens. On leur objecte que des régisseurs seroient avares de soins & prodigues de frais ; mais ils répondent, 1°. qu’il seroit aisé d’exciter leur zele & de diminuer leurs dépenses ; ils ajoutent en second lieu, que dès qu’une fois la levée des revenus de l’état a été faite par les fermiers, il est aisé d’en établir la régie avec un succès assuré ; ils citent pour preuve l’Angleterre, où l’administration de l’accise, & du revenu des postes, telle qu’elle est aujourd’hui, a été empruntée des fermiers. Cependant si quelqu’un croyoit encore nécessaire de préférer les fermes à la régie, on devroit alors nécessairement resserrer dans les bornes de la justice le gain immense des fermiers, en convenant avec eux d’une somme fixée pour le prix du bail, & en même tems d’une somme pour la régie dont ils rendroient compte. Comme par ce moyen une partie des fermiers résideroit dans les provinces, le trésor public grossiroit de tout le montant de ce que gagnent les sous-fermiers, qui ne sont utiles que dans le cas où l’on n’admet point la concurrence à l’enchere des fermes, de peur qu’un seul corps de finance existant, ne donne la loi au gouvernement ; enfin le nombre de mains onéreuses & inutiles qui perçoivent les revenus de l’état, diminueroit considérablement, la régie seroit douce, exacte, éclairée, & les profits des fermes seroient toujours assez grands pour en soutenir le crédit. Esprit des lois. (D. J.)

Revenu, donner le, terme d’Aiguiller, donner le revenu aux aiguilles, ou les faire revenir, c’est les mettre dans une poîle sur un feu plus ou moins vif, suivant la grosseur des aiguilles, après qu’elles ont reçu la trempe, afin de leur donner du corps. Savary. (D. J.)

Revenu de cerf, de dain, & de chevreuil, c’est la nouvelle tête que ces animaux poussent après avoir mis bas la derniere.