L’Encyclopédie/1re édition/PTOLÉMAIS

PTOLÉMAIS, (Géog. anc.) nom commun à plusieurs villes. 1°. Ptolémais étoit une ville d’Egypte dans la Thébaïde. Strabon, l. XVII. p. 813. dit qu’elle étoit la plus grande ville de la Thébaïde, qu’elle ne le cédoit pas même à Memphis à cet égard, & que son gouvernement avoit été établi sur le modele des républiques de la Grece.

2°. Ptolémaïs ville d’Afrique dans la Cyrénaïque, que l’on appelloit auparavant Barce.

3°. Ptolémaïs, ville d’Ethiopie sur le golfe arabique. Elle est surnommée Epitheras par Pline, l. VI. c. xxjx. & Theron par Strabon, l. II. On la surnommoit aussi Troglodytica : ce dernier surnom avoit été occasionné par le pays des Troglodytes où on l’avoit bâtie ; & le premier & le second, dont l’un signifie pour la chasse, & l’autre des bêtes farouches, avoient rapport au dessein du fondateur qui avoit eû en vue la commodité de la chasse des éléphans. Ptolémaide, dit Strabon, l. XVI. fut bâtie dans le lieu de la chasse des éléphans par Eumède, à qui Philadelphe avoit ordonné d’aller prendre de ces animaux. Pline, l. VI. c. xxjx. qui la met sur le bord du lac Monoleus, dit qu’elle fut bâtie par Philadelphe. Il ajoûte, l. II. c. lxxv. qu’elle étoit à quatre mille huit cens vingt stades de Bérénice sur le bord de la mer Rouge.

4°. Ptolémaïs, ville de la Pamphylie.

5°. Enfin, Ptolémaïs en Phénicie, autrement nommée en Latin Acra, & en François S. Jean d’Acre. Elle est située à 66. 50′ de longitude, & à 32. 40′ de latitude. Elle est nommée Acco au liv. des Juges c. j. v. 31. Les écrivains romains l’appellent tous Ptolémaïs. On a une médaille de cette ville avec l’inscription Col. Cæsarea Ptolemais ; l’Empereur Claudius l’avoit reparée, & c’est pour cette raison qu’elle eut le surnom de Cæsarea. Josephe a décrit cette ville dans son histoire des Juifs.

Les Sarrasins s’en rendirent maîtres, & s’y maintinrent jusqu’à l’an 1104. Saladin en fut dépossedé l’an 1190. par les croisés qui étoient au nombre de trois cens mille combattans ; mais la discorde qui devoit nécessairement s’élever entre deux rivaux de gloire & d’intéréts, tels que Philippe Auguste & Richard surnommé cœur de lion, fit plus de mal que ces trois cens mille combattans ne firent d’exploits heureux. Ptolémaïs ne demeura qu’un siecle entre les mains des chrétiens. Devenue la retraite de bandits fameux par leurs crimes, elle ne put résister aux forces du soudan d’Egypte, Melaséraph ; il la prit en 1291, & la saccagea de maniere qu’elle ne s’est pas relevée. Tous ceux qui y étoient renfermés, furent exterminés ou réduits en esclavage. Alors, dit un célebre historien moderne, il ne resta plus dans toute l’Asie de traces des deux millions de chrétiens qui y avoient passé pendant le cours des croisades. (D. J.)